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Les années ’70 ont vu la transformation du cinéma grec. D’un côté, l’introduction de la télévision a privé l’industrie cinématographique de sa clientèle de base. De l’autre, avec la fin de la dictature en 1974, on voit une renaissance des forces créatrices du cinéma.
 
 
En 1975, Theo Angelopoulos réalise son chef d’œuvre O Thiassos (Le voyage des comédiens), considéré comme le meilleur film grec jamais réalisé. Angelopoulos appartient au Nouveau Cinéma grec, qui a émergé pendant la dictature. Son film I Anaparastasi (La reconstitution, 1970), tout comme Evdokia (1971), d’Alexis Damianos, sont des exemples de cette nouvelle vague du cinéma grec, qui diffère de la tendance générale.
 
eudokia

Premièrement, les thèmes abordés ont essentiellement trait aux problèmes sociaux de la Grèce et à l’élaboration de sa société, deuxièmement, du point de vue esthétique, le nouveau cinéma épouse les formes proposées par le cinéma expérimental ou militant et troisièmement, la réalisation de la plupart des films n’est possible que grâce à l’aide, souvent volontaire, que les réalisateurs s’apportent mutuellement.

 
timi tis agapis cine.gr

Malgré le succès international d’Angelopoulos et de quelques autres réalisateurs, le cinéma grec souffre, depuis l’apparition de la télévision, d’un manque de fonds. Il y a des réalisateurs qui dépendent des subventions de l’Etat, d’autres qui veulent s’approcher du public et le ramener aux salles et d’autres qui –avec peu d’argent- essayent de faire un cinéma différent et d’avant-garde, sans toujours réussir. La crise est aggravée par les problèmes de distribution, qui existent pour tous les petits producteurs. Le résultat est que, pendant une longue période, le cinéma grec est en hibernation et ne ressemble en rien à l’époque glorieuse (et commerciale) des années ‘50 et ‘60.

Néanmoins, il y a eu des exceptions. Notons quelques-unes : Rebetiko de Kostas Feris (1984) ; Itan enas isychos thanatos (Un décès tranquille, 1986) de Frida Liappa ; I timi tis Agapis (Le prix de l’amour, 1984) de Tonia Marketaki ; I tempelides tis eforis kiladas (Les fainéants de la vallée fertile, 1978) de Nikos Panayotopoulos ; un grand nombre de films (1971-2011) de Nikos Perakis ; Petrina Chronia (Les Années de pierre, 1986) et Ola einai dromos (1998) de Pandelis Voulgaris ; Ap’to chioni (Ils sont venus de la neige, 1993) de Sotiris Goritsas ; Lefteris (1993) de Periklis Hoursoglou ; Telos Epochis (Fin de Saison, 1994) d’Andonis Kokkinos ; Ap’tin akri tis polis (Du bout de la ville, 1998) de Kostas Yiannaris.
 
petrina xronia cine.gr
 
Après l’an 2000, on voit le début d’une renaissance, avec des films qui ont eu du succès, tant en Grèce qu’à l’étranger. Films comme Politiki kouzina (Cuisine orientale, 2003) de Tassos Boulmetis, I Nyfes (Brides, 2004) de Pandelis Voulgaris, Hardcore de Dennis Iliadis, montrent l’existence d’un potentiel créatif.
 
nyfes cine.gr

If faut ajouter ici que la plupart des films du nouveau millenium dépassent les normes traditionnelles du nouveau cinéma grec et créent un nouveau ‘nouveau cinéma grec’, plus ‘mondialisé´, avec d’autres problèmes et angoisses mais aussi bien qualitatif.

Le récent succès international des films, comme Kynodontas (2009) de George Lanthimos (festival de Cannes), Strella (2009) de Panos Koutras (festival de Berlin) et Akadimia Platonos (L’Académie de Platon) de Philippe Tsitsos (festival de Locarno), a regagné l’intérêt du public pour le film qualitatif grec et donne de l’espoir pour l’avenir.