Pavlos Tassios (1942-2011) s’inscrit parmi les cinéastes les plus importants de la ‘jeune génération,’ connu pour son attitude et ses thématique anti-conventionnelles. Le début de sa carrière remonte bien avant l’apparition du courant du Nouveau Cinéma Grec, dans la mesure où il tourne des films mélos, genre particulièrement populaire pendant les années 1960 (Les pauvres gens – 1965, Désirs illicites – 1966, Bonheur perdu – 1966, Les Rivaux – 1968, Jeunesse blessée – 1969). Dans ces films, Tassios présente des aspects caractéristiques de la société grecque de l’époque, surtout les angoisses des classes populaires, dans leur quotidienneté.
 
Au cours des années 1970, Tassios marque un tournant dans sa carrière cinématographique, affichant son propre style qui tente de mêler la critique sociale avec la critique politique. La petite bourgeoisie, mais aussi des personnes qui se situent en marge de la société constitue les cibles préférés du metteur en scène qui se concentre sur l’étude approfondie de la psychologie sociales de ses héros. Dans le film Oui et alors… (prix du meilleur scénario au Festival du film de Thessalonique de 1972), un journaliste (joué par le réalisateur Alexis Damanios) essaie d’expliquer le meurtre d’une jeune fille par son amant et par la suite, son suicide. En cherchant dans le passé de l’homme, on trouve un mariage raté, une solitude infinie et un grand désespoir.
 
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Les deux films les plus renommés de Tassios sont Le melon lourd – 1977 et Commande – 1980. Le melon lourd (vidéo), c’est le voyage doux-amer d’un jeune provincial qui quitte son village pour Athènes, où il se force de s’intégrer au milieu urbain, tout en s’appropriant la conscience de sa classe. Tassios explore le phénomène de l’exode rural et du ‘rêve américain’ à la grecque, tout en insistant sur les conditions aliénante de la grande ville.
 
La Commande (vidéo) repose sur la vraie histoire de Nikos Koemtzis, qui en 1973, suite à la commande d’une chanson dans une boîte de nuit, a poignardé et tué trois personnes, dont deux policiers. La ‘commande’ est une sorte de rite, à l’époque assez important parmi les gens des classes populaires. Elle se réfère à la coutume de payer l’orchestre pour jouer la chanson préférée de celui qui donne la commande. Dans ce cas précis, personne n’a le droit de partager ou d’empêcher en n’importe quelle manière la commande donnée. Tassios a offert sa propre optique de l’événement; l’acte de meurtre n’était vu que comme une réaction désespérée contre les forces d’oppression. Le film comprend des scènes rappelant la tragédie grecque projetée dans le milieu obscur de la nuit où circulent des mafieux, des prostituées, des proxénètes et des hommes durs.
 
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Avec son film Stigma (1982), Tassios, touché par le sujet sensible de l’euthanasie et des dilemmes moraux qui s’y associent, cherche à cerner la psychologie des parents dont leur enfant souffre du syndrome Down. La filmographie de Tassios comprend aussi une série de téléfilms, ainsi que ses deux derniers long-métrages Trafiquants de drogue – 1983 et Echec et mat – 1986, le dernier touchant le sujet du suicide.
 
Tassios a été marié à l’actrice et poète Katerina Gogou, figure tragique des lettres grecques, qui a mis fin à ses jours en 1993. Quelques-uns de ses poèmes figurent dans la BO du film ‘Commande’ où elle avait aussi participé en tant qu’actrice.