T’appeler par ton nom, je ne peux plus.

Malgré tout fais-moi signe.

Car je suis seul

comme la fumée après le meurtre à l’orifice du revolver

et comme le figuier sauvage

poussant soudain dans des cendres noires d’incendie.

 

 

Comme la cuiller de la communion le soir

dans la bouche du condamné du lendemain

et comme un chêne sur un lieu d’exécutions,

je suis seul et je t’attends.

 

Avec mes sens tendus

comme les chats lors de l’appel de l’aubergiste.

Avec un œil dont le nerf optique

est le ciel lui-même dans un microscope

et une oreille dont le tympan n’est autre

qu’une tente abritant des Roms.

 

Avec des mots qui s’éparpillent épouvantés

comme les chèvres à la vue d’un train soudain,

avec aussi une âme obscure, qui pourtant voit bien des choses

comme l’œil unique, enclos dans la lentille, des horlogers

je suis seul.

Je suis seul et je t’attends.

Traduction: Michel Volkovitch 
 

 

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