Dans  certains  lieux les mains ont un autre nom. Dans les  monts

Acrocérauniens volent des gypaètes. La mer plisse et exulte.  Sur

les places dégagées  en mars les enfants lancent des cerfs-volants

de papier de toutes couleurs.

 

     Rouges, verts, jaunes et parfois bleus, ces aigles de papier  aux

longues  queues  échevelées  volent au-dessus  de  la  ville, comme

dans  les  hautes  montagnes  au-dessus  des  fougères  les   aigles.

 

      Extatiques  les  enfants  lèvent  les  mains.  Ils  montrent  les

comètes  en  papier  aux  longues queues.  Dragons célestes plus

haut,  les  avions  grondent  et  écrivent  en fumées blanches au

firmament les mots :

             KALA LEONA NOLA PY.

     L’heure est toute blanche ; l’extase est bleue. La ville fume

de volupté. Les enfants agitent leurs mains et, encore, de leurs

bouches comme des jets d’eau ces mots jaillissent :

               KALA LEONA NOLA PY.

                                                                                Glyfàda, 9.7.1960

 

Traduit du grec par Myrto Gondicas et Michel Volkovitch, Oktàna Andrèas Embirikos, La miel des anges, 2015.

Peinture: Alekos Fassianos ”Les Cerfs-Volants”

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