Je resterai toujours un amant, imaginaire et indigne,
Des voyages lointains et des mers azurées,
Et je mourrai, un soir, un soir comme tous les soirs
Sans inciser la ligne ouatée des horizons.

Pour Madras, Singapour, l’Algérie et pour Sfa
Fièrement comme toujours partiront les bateaux,
Et moi penché sur un bureau et des cartes nautiques,
Je ferai des totaux, sur d’épais livres comptables.

Je cesserai enfin de parler des voyages lointains
Les amis penseront que je les ai enfin oubliés.
Et ma mère, heureuse, répondra à qui lui demandera :
« Une lubie de jeunesse, qui est passée … »

Mais un soir mon vrai moi, s’érigera devant moi,
En juge odieux, m’en demandera raison,
Et cette main inapte et qui tremble s’armera;
Visera, et sans crainte, atteindra le fautif.

Et moi, qui tant souhaita un jour être immergé
Dans une mer profonde aux Indes lointaines,
J’aurai une mort banale et très affligeante
Un convoi semblable à celui de tant d’humains.

Traduction: Thomas Efthymiou  
Peinture: Vassilis Sperantzas, “Le rêve”, 2010
 
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