L’économie sociale et solidaire (ESS) est un modèle de développement économique qui met l’accent sur l’impact social, la culture de la solidarité sociale ainsi que sur la promotion des principes de gouvernance démocratique. Le développement de l’ESS est une priorité politique en Grèce car ce modèle peut être un facteur de transformation dans tous les secteurs de l’économie, mobilisant les forces sociales de manière créative et apportant de multiples avantages à toutes les parties concernées telles que les communautés locales, les producteurs et les utilisateurs. Dans ce cadre, l’ESS pourrait contribuer à la reconstruction du modèle productif dans le pays vers un développement équitable et une planification plus démocratique et participative de l’économie globale, en tant qu’économie des besoins sociaux.

Bien qu’en France, en Italie, en Espagne, aux États-Unis et au Canada, l’ESS soit un secteur bien développé contribuant, dans certains cas, à un pourcentage de près de 10% du PIB national, en Grèce ce secteur contribue moins de 1%. Selon le “Forum européen sur l’économie sociale et solidaire”, l’ESS est un secteur économique important qui représente plus de 14 millions d’emplois, soit 6,5% de l’emploi total dans l’UE.

Considérant l’ESS comme un nouveau modèle de travail ainsi qu’un modèle alternatif de production et de consommation, le gouvernement grec a adopté en 2016 une nouvelle loi visant à réguler horizontalement le fonctionnement de l’ESS, modernisant la législation périmée existante. La loi vise la reconstruction institutionnelle précise, et le renouvellement de l’écosystème de l’ESS, mettant l’accent sur la création d’avantages collectifs et sociaux par les entités ESS et non sur la forme juridique elle-même, ainsi que sur la diffusion des pratiques de l’ESS dans tous les secteurs possibles de l’activité économique. Un secrétariat spécial pour l’ESS a également été créé en vertu de la nouvelle législation.

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ESS en Grèce en chiffres

Selon le dernier rapport du Secrétariat général de l’ESS, le nombre d’entités actives s’élève à 283 en 2016 sur un total de 847 entités enregistrées, tandis qu’en 2013, les entités actives s’élevaient à 3. Jusqu’au 31 août 2017, 296 nouvelles entités ont été enregistrées.

La plus grande concentration d’entités ESS actives est observée dans la région de l’Attique, où opèrent 45% de toutes les entités actives, suivie par la Macédoine centrale (11%), la région de Thessalie (9%) et la région de Macédoine orientale – Thrace (8%), selon les chiffres de l’année 2015.

Le nombre d’employés dans les entités susmentionnées a également augmenté. Plus précisément, en 2012, il n’y avait qu’un seul travailleur (n’appartenant pas à un groupe vulnérable), alors qu’en 2015 le nombre de travailleurs était de 813 et celui des travailleurs des groupes vulnérables de 224.

Le chiffre d’affaires total a démarré à 50 000 euros en 2012 et ensuite il est passé à 463 milliers d’euros en 2013, soit 6,9 millions d’euros en 2015. La majorité des entités ESS ne présentent pas de pertes ou de profits significatifs.

Concernant les secteurs où opèrent les entités ESS, l’éducation occupe la première place (12,77%), tandis que la restauration (10,64%), les activités organisationnelles (9,22%), le commerce de gros (7,45%) et le commerce de détail (6,38%) suivent.

En ce qui concerne les fonds empruntés par les entités de l’ESS auprès des institutions financières du pays, on peut noter que les institutions susmentionnées n’ont pas été en mesure de fournir les fonds nécessaires aux entités afin de procéder à des investissements productifs. Selon les données, les entités de la région de l’Attique n’ont pas collecté plus de 90 000 euros en 2014, tandis que les entités de la région de Thessalie ont réussi à lever environ 40 000 euros et 50 000 euros en 2014 et 2015 respectivement.

L’ESS, bien qu’en hausse en Grèce, est encore dans une phase prématurée, ayant besoin d’instruments financiers stables, d’une formation adéquate et d’un développement de compétences, ainsi que d’un cadre juridique précis. Dans cette direction, les actions suivantes ont été programmées dans le cadre du “Plan d’action pour le développement de l’écosystème de l’ESS 2017-2023”, principalement financé par le cadre de référence stratégique national de l’UE avec 161 millions euros:

  1. Structures de support pour les entités ESS
  2. Subventions directes pour les entités ESS
  3. Instruments financiers pour les entités ESS
  4. Interventions systémiques pour le développement du secteur de l’ESS
  5. Actions dans le cadre de l’Assistance technique de la Commission européenne

La création d’un Fonds d’économie sociale est prévue en 2018 visant à offrir une variété d’instruments financiers à tous ceux qui sont intéressés. La création de centres de soutien régionaux fonctionnant comme des points d’information fournissant des services d’information et de conseil aux entités d’ESS existantes ou futures est également en cours.

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Les meilleures pratiques

Le premier Salon de l’Economie Sociale et Solidaire organisé le 1er novembre à Athènes par le Ministère du Travail, de la Sécurité Sociale et de la Solidarité Sociale, a rassemblé plus de 150 organismes désireux d’échanger leurs idées et de se connecter à un nouveau réseau prometteur. L’exposition a été inaugurée par le Premier ministre Alexis Tsipras, qui a exprimé sa joie que les gens ne soient pas découragés pendant les années difficiles de la crise économique, mais ont trouvé un moyen de s’engager dans des entreprises économiquement durables et socialement bénéfiques.

Les meilleures pratiques ont également été présentées lors de l’exposition et, plus étonnamment, par les entités d’ESS qui exportent déjà des biens et services. La société “Philo”, une entreprise coopérative sociale opérant à Volos, dans la région de Thessalie, fabrique des produits de soins corporels et de nettoyage entièrement naturels qui favorisent l’intérêt local et collectif en utilisant des produits locaux (cire d’abeille pure, herbes, mastic, huile d’olive). L’entité, recevant un soutien, en termes d’outils financiers et de savoir-faire en matière de stratégies du Département de l’Entrepreneuriat et des Entreprises de l’Université de Thessalie, a réussi à exporter ses produits en Lituanie et en Chine. Après cinq ans, “Philo” fournit un petit revenu à ses membres de base, mais beaucoup reste à faire.

La société “Green Land”, en tant qu’entreprise coopérative sociale, aide les producteurs d’huile d’olive de Kalamata, dans la région du Péloponnèse, à standardiser leur produit afin de le vendre à un prix plus avantageux. Le groupe a également tenté de se développer sur les marchés internationaux et a réussi à exporter la totalité de ses produits (plus de 20 tonnes d’huile d’olive et près de 10 tonnes d’olives) en Suède, en France, au Luxembourg, en Belgique, aux Pays-Bas et au Japon. Le groupe a également été soutenu par la plateforme Dock, une infrastructure coopérative autonome offrant l’assistance et la mise en réseau aux entités ESS notamment à travers leur initiative “Fruit of Solidarity” afin de les aider à développer leurs activités sur les marchés internationaux.

 

*Edité par Ioulia Elmatzoglou; Traduit par Nicole Stellos

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