Invitation- Expo de Thalia Flora Karavia [Photo @ Film Nostos]
 
Est-ce qu’un tableau est en mesure de révéler une histoire familiale?  A partir d’une toile de la peintre Thalia Flora-Karavia (1871-1960), la réalisatrice franco-grecque Sandrine Dumas suit les traces de Thalia, à la recherche de ses liens familiaux avec la Grèce.  Entre Athènes, Istanbul, Alexandrie et Ithaque, le documentaire de Dumas nous offre des moments précieux de la vie extraordinaire de Thalia.  
 
A la mort de sa mère grecque, Rena, Sandrine Dumas a voulu remonter le fil de son histoire grecque à travers l’histoire d’une toile de Thalia, “La Femme à l’ombrelle”, que sa mère avait acheté peu avant sa mort. “Le silence de ma mère éteignait toutes mes questions”, précise Sandrine Dumas en voix off au début du film. 

Sandrine Dumas a parlé à GrèceHebdo* de son film Nostos (sorti en salles le 19 avril 2017), de ses identités multiples, du personnage de Thalia Flora Karavia et de ses liens avec le pays d’Ulysse. 

Untitled collage « Qu’est ce que cela veut  dire être grecque ? Et comment l’être ? » C’est une des questions posées au début du film franco-grec « Nostos ». Avez-vous une réponse bien définie ? 

Peut-être qu’après avoir fait Nostos je pourrais dire qu’être grecque, c’est aimer la Grèce de loin. Le voyage, la diaspora et l’exil font partie intégrante du récit grec. On apprend la nostalgie d’une terre aimée avec l’histoire d’Ulysse! En tous les cas, ce film m’a permis de trouver ma place autrement dans ce pays que j’aime.
 
Qu’est-ce qu’on peut retenir de Thalia Flora-Karavia, que représente pour vous sa découverte ? 
 
Thalia Flora Karavia est une femme qui a déterminé sa vie par rapport à sa passion et son métier de peintre. En cela, elle est un exemple pour moi. Féministe dans ses actes avant que le terme n’existe. Femme libre et soutenue dans son travail par son mari, Nikos Karavia, journaliste de 7 ans plus jeune qu’elle! C’est une femme de talent, ses dessins en témoignent ainsi que les couleurs de ses tableaux. Elle mérite d’être redécouverte et on peut s’interroger sur les raisons de sa disparition. Parce qu’elle était une femme ?
 
Thalia painting Balkan Wars reporting for her husbands newspaper Efimeris
 
Dans votre film, l’histoire du peintre devient le chemin pour mieux connaitre votre mère grecque, récemment décédée. Comment peut-on réconcilier des identités différentes ?
 
Ou au contraire on peut vivre avec de multiples identités intimement et socialement. Ce qu’était le bassin méditerranéen au siècle dernier en témoigne. De multiples cultures qui échangeaient et vivaient ensemble avant que la logique économique et politique ne désintègre tout cela. En traversant Athènes, puis Istanbul et Alexandrie, j’ai mesuré ce que nous avions perdu en capacité d’échanges et dialogues interculturels.
 
* Entretien accordé à Magdalini Varoucha
 
Ecole Alexandrie
 
 M.V.

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