Daphné Patakia a grandi en Belgique et est diplômée de l’École nationale dramatique de Théâtre grec. Depuis, elle a participé à de grandes productions théâtrales en Europe. En 2017, elle interprète le rôle-titre du film DJAM du célèbre réalisateur français Tony Gatlif.

Vous avez récemment assisté à la projection de DJAM à Londres lors d’un événement coorganisé par le South Social Film Festival et le Secrétariat général aux médias et à la communication. Quelles ont été vos impressions de cet événement?

J’étais vraiment excitée que le film ait été projeté à Londres, particulièrement dans un festival que j’ai pu également présenter. Le fait que l’événement comprenait des plats de la cuisine grecque et de la musique grecque (rebetika) a rendu l’expérience plus mémorable. La conversation par la suite avec le public a complété cette merveilleuse soirée de la meilleure façon.

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Le film a été tourné à Lesvos au milieu de la crise des réfugiés. Comment la crise s’est-elle entrelacée avec le film? Quelle était votre perception personnelle de ce qui se passait autour de vous pendant le tournage?

Dans le passé, j’ai tourné un autre film à Lesvos dans lequel la crise était le sujet principal (“Meltem” de Basile Doganis) mais dans le cas de “Djam” ce n’était pas comme ça. Tony Gatlif a commencé à écrire le scénario du film il y a 20 ans. L’histoire s’est déroulée à Lesbos. Cependant, la survenance ultérieure de la crise financière et des réfugiés ne pouvait être ignorée. Tout cela a dû être ajoutée dans le film puis que çase passait dans l’île où l’histoire avait lieu. Malgré cela, le film ne montre pas des réfugiés juste pour susciter des émotions. Mais leur présence est ressentie comme leurs traces sont partout.

Personnellement, j’étais pleinement consciente de la situation à Lesvos et j’ai vu et lu beaucoup de choses, mais quand je suis allée là-bas pour le tournage du film, j’ai réalisé que mes connaissances étaient incomplètes. Certes, un film ne peut pas changer la condition existante, mais il est possible de sensibiliser le public. Récemment à Paris, j’ai travaillé avec une association anglaise pour animer des ateliers théâtraux avec des réfugiés. J’ai personnellement été sensibilisée lors de ces ateliers.

Comment les résidents locaux ont-ils réagi à la présence de l’équipe de production sur l’île? Quel genre d’interaction aviez-vous eu avec eux?

Les habitants nous ont beaucoup aidés. Nous avons surtout travaillé avec des musiciens et l’expérience était très bonne.

Qu’avez-vous ressenti en collaborant avec une légende de l’industrie cinématographique comme Tony Gatlif?

J’ai vu ses films et j’ai aimé la façon dont il mélange la fiction avec le documentaire. Dans ce film, il le fait moins, mais dans ses films précédents c’était plus apparent. J’étais excité de travailler avec lui. Sa façon de tourner est unique puisqu’il ne m’a pas donné tout le scénario en même temps, mais des scènes particulières, soit la veille du tournage, soit le même jour.C’est une manière différente de communiquer avec un acteur.

Le film DJAM dans lequel vous jouez le rôle principal sera projeté bientôt dans les salles en Grèce. Quelles sont vos attentes? Croyez-vous que les projections vont améliorer votre reconnaissance auprès d’un public plus large en Grèce? Pensez-vous que cela pourrait être le début d’une nouvelle carrière dans votre pays?

Cela ne me concerne pas du tout. Ce qui compte vraiment pour moi, c’est que tous ceux qui verront le film passeront un bon moment avec la musique qu’ils entendront, et que le film les sensibilisera.

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Vous avez choisi Paris pour faire carrière internationale d’acteur. Selon vous, qu’est-ce qui devrait changer en Grèce pour permettre aux jeunes Grecs et aux futurs acteurs de rester et de poursuivre une carrière en Grèce?

J’ai choisi Paris parce que le français est ma langue maternelle puisque que j’ai grandi en Belgique. Je pense qu’un grand nombre de belles choses se produisent dans le théâtre et le cinéma grec. Par exemple, mes camarades de classe du Théâtre National ont créé un groupe et jouent sur scène au Théâtre National, et de nombreux films sont distingués dans des festivals internationaux tels que Cannes, Berlin et Venise. Le paysage artistique est intéressant en ce moment en raison de toutes les choses créatives qui se passent en Grèce.

Il existe actuellement une nouvelle législation en Grèce pour stimuler les productions cinématographiques dans notre pays. Êtes-vous au courant de cette nouvelle loi? Du point de vue d’un acteur, pensez-vous que l’initiative de ce gouvernement stimulera l’industrie cinématographique au point de faire une grande différence pour les carrières de tous ceux qui sont impliqués dans le cinéma?

Je ne savais pas cela! Cette nouvelle législation va stimuler les productions purement grecques. En plus d’attirer des productions étrangères, elle stimulera financièrement le pays car il donnera des emplois aux acteurs grecs, aux équipages, aux techniciens ou aux gens de l’industrie avec lesquels les productions étrangères voudront coopérer.

D’après vos discussions avec les gens de l’industrie cinématographique, est-ce qu’il y a un intérêt à choisir la Grèce comme lieu de tournage?

Cela dépend de l’histoire du réalisateur. Je pense que les productions et les équipages grecs n’ont rien à envier aux équipages en France ou aux autres avec lesquels j’ai travaillé. Donc, il n’y a aucune raison de ne pas venir en Grèce pour tourner. Je ne sais pas comment c’est en Italie ou en Espagne, mais en Grèce, je peux dire que les équipes de production peuvent faire un excellent travail. En conséquence, la nouvelle législation va renforcer la situation actuelle. J’ai fais au moins deux films, qui étaient des coproductions gréco-françaises,  et les Français étaient très satisfaits du travail de l’équipe de production grecque. J’espère que de nombreuses productions décideront de tourner leurs films en Grèce. Cela ouvrira également de nombreux postes pour les Grecs et sera peut-être le début de l’émergence de coproductions. Cela me semble positif.

 traduction de l’anglais : N.S