Willie Vandervorst journaliste à la RadioTélévision Belge (RTBF) est un connaisseur profond de la Grèce d’ aujourd’hui. Ιl a suivi de près le référendum en visitant de nouveau Athènes.  GrèceHebdo le remercie pour ses réponses.

Vous avez suivi de près le référendum grec. Que retenez-vous de l’ ambiance politique de ces derniers jours?

 
Je connaîs (assez) bien la Grèce et ce que j’ai découvert dans l’opinion est un mélange d’espoir et d’inquiétude. Espoir de faire entendre sa voix des dirigeants européens, dont les préoccupations semblent très loin de celles des populations. La construction européenne a évolué; on n’est plus au début du processus. Mais la chute du Mur de Berlin a conduit à un changement de cap. A l’époque on hésitait entre “approfondissement” et “élargissement”. Les hésitations ont conduit à la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Et les populations – les Grecs ne sont pas seuls! Il faut le leur dire – s’en plaignent à juste titre. Ce qui m’a aussi frappé est l’impression des Grecs qu’ils sont seuls à vouloir “réveiller” l’Union européenne. C’est loin de correspondre à la réalité. Inquiétude en même temps, parce que beaucoup de Grecs que j’ai rencontré se demandent vers quoi les mène la crise actuelle. 
On est en droit de s’inquiéter en voyant le niveau de pauvreté, et de constater que des formations politiques jettent de l’huile sur le feu. Je crois que la victoire du “non” au référendum (pas facilement compréhensible) n’est pas la meilleure voie pour une nécessaire négociation.Il est urgent de renouer des liens de solidarité entre les Européens, sachant que les mois qui  viennent continueront d’être difficiles à vivre.
Comment vous jugez l’ attitude européenne envers la Grèce? Une eurozone sans la Grèce pourrait être envisageable?

 

Je dirais d’abord que l’Eurozone sans la Grèce serait très fortement regrettable. Elle me paraît tout simplement inimaginable et inacceptable. L’Union européenne s’est construite sur l’idée de rassembler. Je ne suis pas seul à dire que l’on est associé quels que soient les événements. Il n’est pas pensable pour moi que l’on se sépare des faibles, des rebelles, des populations qui ne pensent pas comme une prétendue majorité. Sans compter que cela donnerait une image catastrophique de la construction en cours. Qui pourrait encore croire – hors de l’Europe mais aussi à l’intérieur – que l’Union est un “merveilleux projet” à haute valeur ajoutée; un projet nécessaire pour affronter les défis (et les adversaires) de demain. Certes l’exercice est difficile et complexe. Notre histoire a laissé de dramatiques traces dans les pensées. Mais à mon avis, si l’on veut faire entendre notre voix dans le monde nous n’avons pas le choix. Tout le monde, au nord comme au sud, devra passer par cette démarche.  Je le répète, l’effort doit être fait par tous, et j’ai pu constater combien de Grecs ont conscience que “quelle que chose ne tourne pas bien au pays”, et qu’ils doivent mettre la main à la pâte. La recherche du redressement demandera de nombreux et longs efforts et beaucoup d’imagination.
Nous sommes en Europe, nous allons faire cet exercice ensemble!
Qu’ est-ce que la Grèce représente pour vous?

Question difficile parce qu’il me faut faire un choix entre des idées, des choix, des moments de vie…Je connaîs la Grèce depuis beaucoup d’années. J’ai eu l’occasion d’y revenir chaque année depuis l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne! C’est déjà répondre à votre question. Mais je le fais avec d’autant plus de bonheur que j’y trouve une autre manière de vivre (sinon pourquoi y viendrais-je?).  J’y trouve aussi une grande variété de situations: les îles bien sûr, mais aussi toute la Grèce continentale, du sud du Péloponnèse au  nord de Thessalonique. A ces voyages géographiques, il y a aussi le voyage dans le temps, dans les ruines laissées par une histoire variée. J’ai bien sûr aussi une collection de rencontres (par mon métier surtout), où j’ai eu notamment le bonheur de découvrir de nombreuses personnalités du monde de la culture qui offrent une autre manière de voir les choses, de lire les événements. Je conseille à tous de bien les écouter, parce qu’il est nécessaire dans la tourmente que nous traversons de s’ouvrir à ces créateurs d’idée.
 

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