S’intégrer dans une ville et une culture différente peut vite devenir problématique. Malgré l’enthousiasme du voyage, l’expérience d’un échange académique constitue pour certains un véritable défi. GreceHebdo s’est interrogé sur le parcours des étudiants Erasmus à Athènes. Certains restent en effet déçus de leur expérience d’échange comme en témoigne une jeune étudiante revenue d’Espagne, interviewée par  Le Monde: «J’ai découvert la face cachée de l’expérience: l’ennui. Je n’ai fait que des rencontres superficielles. La vérité, c’est  qu’on reste des étudiants étrangers, et qu’il est très difficile de se lier d’amitié avec des natifs, ce qui est pourtant nécessaire pour améliorer notre niveau dans la langue, et découvrir la culture du pays.»
 
 
Les étudiants Erasmus ne sont pas seuls face à leurs problèmes

Pour remédier aux problèmes d’intégration et faciliter les échanges avec les natifs, l’association Erasmus Student Network (ESN) tente d’aider les arrivants. Il s’agit de la plus grande association étudiante en Europe avec une présence dans 37 pays.  Les équipes, composées d’étudiants, sont partagées par Universités. Nous avons interrogé un membre de l’association ESN de l’Université Panteion, ainsi que Paulina, une étudiante polonaise en Erasmus à Athènes. Les difficultés  qu’une personne Erasmus rencontrerait dans la ville sont vite identifiées par ce volontaire ESN : «  Je dirais que le gros problème est que les personnes arrivent parfois avec l’idée de trouver un logement en colocation avec des Grecs. Ce n’est pas vraiment une habitude, ici, les colocations. Mais avec les plateformes internet et sur les réseaux sociaux, ESN propose des solutions pour trouver une colocation entre Erasmus, vérifier les prix qui sont recommandés etc. »  Il peut bien sûr il y avoir d’autres problèmes : administratifs, académiques, que l’équipe essaye de régler via email ou en personne. Paulina, elle, pointe ses difficultés à comprendre le système de bus, et le fait de se perdre facilement : « C’était très difficile pour moi de me retrouver dans les zones non touristiques. Ne connaissant pas l’alphabet au début de mon séjour et les rues se ressemblant beaucoup. » Autant de difficultés d’adaptation qui encouragent les étudiants à prendre les devants mais aussi à demander du soutien auprès de leurs pairs grecs.

Du parrain Erasmus au «Social» Erasmus

Pour remédier aux premiers pas difficiles et aux lacunes de contact avec les natifs, l’association propose également un système de parrainage entre étudiants étrangers et étudiants grecs. Paulina est ravie de ce service : « Mon ‘’parrain’’ m’a beaucoup aidé, il m’a montré les endroits à ne pas manquer à Athènes, on s’est sentis amis dès le début. Il s’agit selon moi de la meilleure idée d’ESN. Grâce à cela nous sommes au plus près des natifs et de leur culture. » Pour aller vers ces rencontres et une intégration graduelle, le réseau international organise des événements en tout genre. Allant de  la soirée en discothèque à des visites organisées en passant par des événements de « solidarité ». A Athènes, l’équipe a en effet décidé de créer  une branche “Social Erasmus” avec pour but de changer cette image qu’ESN ne serait qu’une association « faite pour les fêtards », mais aussi pour satisfaire une demande grimpante  d’étudiants souhaitant s’intégrer et aider la société grecque. C’est aujourd’hui une grosse part de l’association et elle nous est décrite comme « une situation gagnant-gagnant ». Les Erasmus se sentent part du pays dans lequel ils se trouvent en prêtant main forte à quelqu’un de quelque manière que ce soit. Un événement auprès des réfugiés a par ailleurs été récemment organisé.

L’expérience grecque, entre culture métissée et histoire actuelle

A la question comment décririez-vous l’expérience à quelqu’un qui envisage Athènes ou la Grèce comme destination Erasmus, la réponse tarde à venir mais semble convaincante. Le membre d’ESN nous explique : « Il faut bien sûr être prêt à découvrir des paysages et des endroits incroyables. Côté culture, c’est un mix parfois inattendu d’Occident et d’Orient. Ce métissage au cœur de notre culture est pour moi un peu le plus de notre pays par rapport aux autres destinations possibles. Nous avons un passé riche.  Je pense également que c’est bien pour les jeunes européens de venir voir par eux-mêmes  ce qu’il se passe réellement dans la Grèce d’aujourd’hui.» Et Paulina d’ajouter « soyez prêts pour de l’hospitalité et des interactions spontanées avec une population très généreuse ». Le bilan de cette expérience athénienne est donc positif pour la jeune polonaise.

A l’échelle de l’expérience Erasmus globale, Les études statistiques nous montrent également un bilan des plus positifs. Tous les répondants d’un sondage de 2014 recommanderaient l’expérience à leurs proches. Une étude plus récente informe que 90% des étudiants européens, au sortir de leur expérience Erasmus, imaginent facilement à vivre à l’étranger ou travailler dans un contexte international. La satisfaction globale des étudiants et l’ouverture à l’international sembleraient, à ce titre, missions réussies.

[Photo: copyright Foititika Nea]

Léa Rollin

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