Cette toute jeune association qui fête aujourd’hui ses trois ans mérite une visibilité au sein de la communauté athénienne. Lancée en avril 2013 par deux natifs revenant en Grèce avec l’expérience de l’humanitaire à l’étranger, Maria Karra et Apostolos Vafeas, leur travail social « de rue » est basé avant tout sur l’écoute. 
Fin 2015, le gouvernement grec estime à environ 20 000 le nombre de SDF à Athènes, un chiffre non négligeable qui a amené des réponses citoyennes. Plus qu’une simple -mais nécessaire- maraude citoyenne, Emfasis s’engage aujourd’hui à long terme pour essayer de soutenir les plus fragiles, non seulement les sans-abris mais également les demandeurs d’asile, les chômeurs, les enfants qui travaillent, les toxicomanes ou ancien toxicomanes… un défi considérable.

Ecouter avant tout
Le travail de l’association procède d’une méthodologie bien précise veillant à respecter la dignité humaine. Après avoir fait un repérage de la zone à couvrir comme un quartier ou une rue, l’équipe cherche d’abord à se renseigner sur les besoins particuliers des personnes en difficulté avant toute action. La créatrice de l’association, Maria Karra, dans une conférence de Tedx Athens, témoigne de sa prise de conscience que les services apportés ne sont parfois pas en relation avec les vrais besoins des personnes en difficulté : «  ils m’ont dit  ‘’ […] nous avons besoin de s’assoir un moment ensemble et quand nos chemins tortueux, le tien comme le nôtre se rencontrent, sois humble et écoute. Ce que tu crois être mon besoin n’est pas ce dont j’ai vraiment besoin’’».

Retrouver la confiance en soi
Les services apportés par Emfasis procèdent d’abord d’une certaine aide d’urgence, pour des besoins premiers, mais leur action va également bien plus loin. Des maraudes sont organisées presque chaque jour, surtout pendant les périodes de températures extrêmes, et permettent aux personnes sans-abris de manger, se couvrir, et accéder à des produits d’hygiène. Ce ne sont pourtant pas sur les biens matériels que la fondation insiste mais sur la « confiance en soi », la « dignité perdue en chemin » et les moyens de la retrouver. Son équipe d’une centaine de volontaires, composée de spécialistes des sciences sociales permet d’offrir une assistance psychologique,  un accompagnement légal pour s’orienter vers des structures pouvant aider la personne dans son parcours. Le but étant avant tout d’aller de l’avant avec la personne  sur le long terme,  et, selon les mots de la fondatrice, « Le voisinage de la capitale est la pierre angulaire et nous demandons la contribution de tous pour lui redonner sa chaleur humaine ».
 
Des projets novateurs
Les ambitions de l’association, après seulement trois ans d’existence, laissent transparaître une véritable dynamique. A l’heure d’aujourd’hui environ 6 grands programmes ont été lancés par Emfasis, et un est à venir. Entre autres il y a un programme de restauration dentaire pour les personnes ayant achevé avec succès des programmes de désintoxication, pour effacer les traces d’une époque passée. D’autre part, depuis décembre 2014, l’équipe tourne dans la capitale mais aussi dans l’Attique avec une unité d’urgence mobile qui peut être contactée via une application de smartphone mise en place par Emfasis. Enfin, un projet en recherche de financement est à la fois ambitieux et pionnier : il s’agit d’une forme de logement temporaire (« Temporary Housing for Homeless Youth ») testée notamment aux Etats-Unis. Il permettra aux populations fragiles, à nos voisins de la rue, d’accéder à un lieu sûr et sain pour quelques nuits par semaine.

Léa Rollin

[Copyright photos : Andreas Kamoutsis et Emfasis foundation]

emfasis 1

 

TAGS: Athènes | Droits | Grèce | migration