Il est vrai que quand il est question d’un sport comme le rugby, la pensée de la plupart des gens irait plus vers un pays comme la France plutôt que la Grèce. Les Grecs sont plutôt tournés vers le foot comme cela arrive dans la majorité des pays européens. Mais quid d’un club alliant ces deux pays ? C’est le cas des Attica Springboks, club grec basé sur la banlieue athénienne de Glyka Nera, mais dont l’équipe dirigeante est presque entièrement française, et qui allie rugby et apprentissage de la langue française. Sous l’impulsion de sa présidente, Mme Anna Gounari, ainsi que d’autres membres pleinement investis dans leur rôle, par leur amour pour le ballon oval, le club des Attica Springboks compte apporter sa contribution à l’essor de ce sport, relativement inconnu pour l’instant, en Grèce, tout en facilitant l’apprentissage de la langue française à travers le rugby et tout cela dans le plus grand  respect des valeurs de ce « sport de voyous joué par des gentlemen », comme il est dit dans un vieil adage populaire anglais.
GrèceHebdo* est allé à la rencontre, dans les locaux du club, de sa présidente, Mme Anna Gounari, en rencontrant, par la même occasion, l’entraineur des Springboks, M. Nikolaos Petropoulos.
 
 
Le rugby étant un sport peu développé en Grèce qu’est-ce qui vous a poussée à vous y intéresser ?
Je suis née en France de parents Grecs ; mon père est né à Constantinople et ma mère est née en France de parents qui venaient de Smyrne. Mon père a toujours joué au rugby dès l’âge de 10-12 ans en France et il a élevé sa famille de 5 enfants avec les valeurs du rugby. Donc, les dimanches, au lieu d’aller dans des parcs pour enfants, on allait sur des terrains de rugby. Dès mon retour en Grèce pour des raisons professionnelles, en 1980 à peu près, et quand, en 2000, le rugby a démarré, tout doucement j’ai commencé à venir aider un petit peu, puisque j’ai été élevée avec les valeurs et les bases du rugby. […] On a participé à la création du club qui a surtout été faite par des Grecs qui revenaient d’Afrique du Sud ; c’est pour ça que le club s’appelle « Attica Springboks ». […] En 2000, donc, on a décidé de créer un club et de l’appeler « Attica », puisqu’on est en Attique, et « Springboks », qui était une petite touche de leur passé en Afrique du Sud. Tout doucement, je me suis investi à les aider, apporter tout ce qu’on pouvait avec ces gens-là et puis, ensuite, les années ont passé et je suis devenue présidente depuis à peu près 5 ou 6 années.
 
Anna Ambassade S A mikriQuel rôle joue le club des Attica Springboks au sein de la communauté française d’Athènes et de la région de l’Attique et quel est le niveau de présence de cette dernière au sein du club ?
On a une très forte population, surtout des expatriés Français qui viennent et qui aiment le rugby, donc, qui s’intéressent au rugby. La plupart des entraineurs de l’école de rugby sont Français ; des papas Français qui viennent, bénévolement, jouer et organiser l’école de rugby tous les samedis et notre intégration vis à vis de la France et la langue française, c’était un slogan qu’on lançait : « venez apprendre le français, en jouant au rugby ». C’était une méthode qui, en définitive, était qu’on enseigne, quand on fait quelques présentations à l’Ecole Française d’Athènes, on fait venir des joueurs Français qui enseignent le rugby dans la langue de Molière. […] Le rugby est ouvert à tout le monde, toute personne qui aime le rugby, mais aussi pour toute personne qui veut se développer dans la langue française, on donne un accent particulier là-dessus. […] On a beaucoup de Grecs qui viennent aussi et qui sont contents, parce que, justement, en plus du rugby, ils apprennent aussi un peu la langue française. Donc, c’est une initiation à la langue française et comme on défend un peu notre francophonie, on essaie de mettre un point particulier sur cet enseignement du rugby par la langue française.
 
Quelle serait l’équivalence, selon vous, du niveau du championnat grec avec les différentes divisions du rugby français ?
[Réponse de l’entraineur du club, M. Nikolaos Petropoulos] Je dirais qu’il s’agit de l’équivalent de la quatrième ou cinquième division de France. Le meilleur ou les deux meilleurs clubs grecs pourraient jouer en troisième division française, en terminant la saison au milieu du classement, avec des performances dignes. […] Après, il y a certains joueurs qui sont capables de jouer en tant que titulaires en troisième division française, voire jouer au niveau d’au-dessus.
 
Comment vous est-elle venue l’idée d’associer le rugby à l’enseignement de la langue française ? Est-ce que cela semble fonctionner tant sur le plan éducatif que sportif ?
On avait une grande majorité de Français expatriés qui étaient ici, surtout avant la crise, et qui, soit étaient jeunes et voulaient y jouer, soit c’était des parents qui voulaient enseigner le rugby à leurs enfants. C’était des gens qui restaient 4 ou 8 ans, selon leur contrat professionnel, et c’était une majorité ; à la création du club on avait une majorité de Français. Tout doucement, on s’est lancé dans cette méthode d’association du français et du rugby. Aujourd’hui, notre club a beaucoup évolué, on a des personnes de différentes nationalités (ndlr. Français, Anglais, Italiens, Espagnols), donc on essaye de continuer à garder la langue française, mais c’est sûr qu’il y a des moments quand vous allez sur le terrain et qu’il y a l’école de rugby, il y a plusieurs langues qui sont parlées, parce qu’il faut répondre à tout le monde.
 
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Est-ce que cette association entre le sport et l’apprentissage de la langue française inclut des partenariats avec les différentes écoles françaises ou francophones de la région de l’Attique ?
On a fait beaucoup de présentations, surtout avec l’Institut Français de Grèce. On a fait des échanges avec le Lycée Franco-hellénique d’Athènes, et en commun on a organisé le 1er Tournois Méditerranéen des Ecoles Françaises en recevant des équipes venant d’Israël et d’Italie. L’Ecole Française d’Athènes a, également, participé à cette compétition en gagnant d’ailleurs la première position ; ce qui  fut, justement, notre introduction dans cette école. Cette année, il n’y pas eu de 2ème Tournois, du fait d’un changement de proviseur, mais on espère pouvoir, tout doucement, se développer dans les écoles qui enseignent le français. On a eu beaucoup d’échanges, surtout avec l’Institut Français de Grèce, qui fait, d’ailleurs, beaucoup d’efforts et cherche à introduire le rugby même dans des écoles grecques ou le français est enseigné.
 
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En parcourant le site de votre club j’ai remarqué que la grande majorité des sponsors de ce dernier sont soit des entreprises françaises, soit des filiales de celles-ci basées en Grèce. Est-ce qu’on peut voir ici un intérêt de leur part pour le développement d’un sport comme le rugby dans un pays où il est relativement inconnu  ou cela s’explique par le manque d’intérêt de la part d’entreprises grecques pour ce sport ?
Certains partenaires sont des partenaires du rugby, en général, dans le monde entier, donc, automatiquement, dès que ce sport s’est développé en Grèce, ils ont tout de suite accepté d’être partenaires. D’autres partenaires, sont des Français qui veulent, justement, aider au développement du rugby en Grèce, puisqu’ils sont positionnés ici avec leurs sociétés. Certains ne sont pas sponsors ou partenaires en France, mais veulent être partenaires ici pour développer le rugby et, tout doucement, on commence à avoir des partenaires ou sponsors grecs, mais qui, à ce jour, ne demandent pas de figurer en échange de leur soutien, d’avoir une visibilité sur le site ou sur le terrain. C’est une aide au club pour le développement du rugby, un soutien au club, parce que, après la crise, il ne reçoit rien du gouvernement grec et on ne le fait tourner qu’avec nos partenaires et les inscriptions des membres.   

* Article écrit par Thodoris Rizopoulos

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