Matsi (Maria – Lucia) Hatzilazarou (Thessalonique, 17 janvier 1914 – Athènes, 16 juin 1987) est une poétesse grecque, considérée comme la première poétesse surréaliste du pays.

Née à Thessalonique, deux ans après son rattachement à la Grèce en 1912, Matsi Hatzilazarou est issue d’une famille de riches marchants. Son grand père,  Pericles Hadzilazaros, était banquier et aussi le vice-consul des États-Unis en Grèce  de 1870 à 1908. Il est à noter que  c’est après une visite à la maison Hatzilazarou, en mars 1913, que le roi grec Georges I sera assassiné près de l’hôtel actuel Makedonia Palace. Kleon, fils de Pericles et père de Matsi, a aussi été nommé vice consul des Etats-Unis. A noter aussi que le parrain de Matsi était le roi Constantin Ier (Christos Daniil, Interview, 2012)

Pendant la Première Guerre mondiale, elle partit avec sa famille pour le sud de la France, et puis pour Rome. Elle rentre à Thessalonique en 1919 et deux ans plus tard, la famille s’installe à Athènes.  Matsi commence à suivre des cours à domicil , interrompus suite au désastre financier de son père. En 1931, elle se marie avec Carl Schurman, d’origine bavaroise,  mariage dissous cinq ans plus tard. A cette époque, elle travaille dans la boutique d’art populaire de Karapanos. En 1934, ses parents sont morts et en 1937 elle se marie pour la deuxième fois avec l’agronome et architecte de jardin Spyros Tsaousis, dont elle divorça un an plus tard.

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Matsi Hatzilazarou avec des amis, années ’30 (archive historique du musée Benaki). Source

Mariage avec Andreas Embirikos et séjour a Paris

De 1939 à 1943, Matsi Hatzilazarou épouse le poète Andreas Embirikos qui était à l’époque son psychanalyste. Pendant leur mariage, tous les jeudis, des rassemblements poétiques ont lieu dans leur maison, en présence de poètes surréalistes tels que Nanos ValaoritisNikos GatsosMiltos ShaktourisNikos Engonopoulos et Andreas Cambas. Hadzilazarou aura une relation avec ce dernier et quittera finalement Embirikos en 1943. 

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Matsi avec Andreas Embirikos, Nauplie (circa 1940), photographiés l’un par l’autre. Source: Couverture du livre “Lettres de Paris à Andreas Embeirikos“, (Athènes, Agra, 2013).

En 1945, Matsi Hatzilazarou avec Andreas Cambas se trouvent sur le navire mythique Mataroa à destination de la France avec Cornelius Castoriadis, Adonis Kyrou, Ianis Xenakis, Emmanuel Kriaras etc., suite à l’octroi de bourses par le gouvernement français.

A Paris, elle participe aux cercles littéraires de surréalistes et entretient des relations amoureuses avec le peintre-graveur, neveu de Picasso, Javier Vilato (de 1946 à 1954) et Cornelius Castoriadis (1957-1958). A noter également que Pablo Picasso, en 1950,  dessine une amphore avec des vers de la poésie de Matsi. [Christos Daniil, Interview]

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 A gauche: Matsi avec Andreas Campas (Athènes, 1943) et à droite avec Cornelius Castoriadis (Paris, 1957-58).

En 1958, elle retourne à Athènes et en 1964, elle travaille pour l’Organisation grecque du tourisme. Au bout d’un bref séjour à Paris, où elle travaille dans la boutique de Varangis, elle s’installe définitivement à Athènes en 1973 et y sejourne jusqu’à la fin de sa vie.

livre villato collageCouverture du recueil “5 fois” avec des dessins de Javier Vilato (Paris, 1949). 

Empreinte littéraire

Matsi Hatzilazarou apparait dans la littérature en 1944 avec la collection poétique « Mai, juin et novembre », surnommé Matsi Andreou. Son travail écrit comprend quatre recueils de poésie, des publications dans des magazines littéraires, ainsi que des recueils parus en France.

En grec, tous ses poèmes sont publiés dans le volume collectif Poèmes, (Ποιήματα, éditions Ikaros) et sa biographie intitulée Ious, Manious, peut-être encore Aqua Marina  (Ιούς, Μανιούςί σως και Aqua Marina) par Christos Daniil est paru en 2011 aux éditions Topos.

Ses poèmes sont caractérisés par «une sensualité remarquablement audacieuse avec une volonté constante d’expérimentation poétique» (Surrealism in Greece, Stabakis, 2008).

Marguerit Yourcenar s’est intéressée aux vers de Matsi Hatzilazarou qui lui avait envoyé son recueil bilingue 7X3, paru en Grèce en 1984.

« Je considère Matsi Hatzilazarou comme la plus grand poétesse grecque » déclare Andreas Embirikos qui lui dédie son poème Terrain en 1945.

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La carte d’admisssion de Matsi hatzilazarou au restaurant de la Maison Internationale de Paris (date inconnue). Source

« Sans aucun doute, Matsi Hadzilazarou est la premiere poétesse grecque à composer des poèmes dans le climat moderne introduit en Grèce par la Génération des années trente […] toute en  adoptant  la liberté d’expression proclamée par le surréalisme » écrit son biographe Christoz Daniil. « Son premier témoignage poétique signale la première poésie écrite par une femme en grec moderne qui parle de ses amours et de sa vie avec tant de liberté et  d’immédiateté, sans culpabilité […] Une poésie lyrique, ultimement […] qui nécessite l’implication active de ses lecteurs, en mobilisant également leurs propres sens et invoquant des souvenirs similaires »

En français, ses livres sont parus en utilisant l’orthographie Matsie Hadjilazaros aux éditions GLM : 5 fois, Paris, 1949. Illustrations de Javier Vilato, La frange des mots. Paris, 1954.

Dans son dernière interview, accordée à Eleftherotypia, elle pose la question « qui se souviendra de moi dans 10-20 ans ? » Pourtant, même si Matsi Hatzilazarou reste relativement méconnue pour ce qui est de son œuvre littéraire, elle n’est pas du tout oubliée aujourd’hui. 

Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
 
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Matsi Hatzilazarou, Nauplie (circa 1940). Photo: Andreas Embirikos. Source
 
M.V.
 

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