Nikos Nikolaïdis, constitue parmi les metteurs en scène de sa génération un cas atypique et singulier, tant par sa thématique provocante que par son style original. Il construit un univers propre à lui, tirant son matériel de bandes dessinées, de la mythologie du film noir, alors qu’il ne cache pas sa passion pour la musique rock roll. Ses personnages sont des marginaux qui vivent à leur propre manière, au delà de la normativité sociale. C’est pourquoi Nikolaïdis, metteur en scène mais aussi écrivain, a pu réunir autour de lui un grand nombre d’admirateurs fidèles jusqu’à sa mort, survenue en 2007. 

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Nikolaïdis, né à Athènes en 1939 a réalisé plus de 10 films tout au long de sa carrière, alors qu’il est l’auteur de 7 livres, dont le plus connu est L’homme balkanique enragé
 
Quant à sa carrière cinématographique, celle-ci commence en 1975 avec Evrydiki Numéro 2037, film déjà représentatif de l’esthétique de Nikolaïdis, dont l’intrigue se déroule dans un pays soumis à un régime militaire, où ses habitants restent enfermés dans des ‘’maisons-prisons’’. Le film, primé au Festival International du Cinéma de Thessalonique, reçoit le prix du Meilleur Nouveau Réalisateur.

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Par la suite, vient Les Chiffons chantent encore (1979), film culte qui cristallise de façon plus caractéristique la mythologie de Nikolaïdis autour des personnages maudits, menant une vie en marge de la société, centrée sur le sexe, l’alcool, le crime, mais aussi sur la tendresse, la nostalgie et la fidélité à l’amitié. Mais le film le plus connu et aimé par le public reste le film la Bande Douce (1983). Ceci raconte la vie d’un groupe d’amis, qui flirte encore une fois avec l’humour noir, l’amour désespéré, la délinquance, la nostalgie musicale autour de rock&roll, et dans tous les cas avec l’impasse existentielle, qui conduit à la mort. 
 
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Les films réalisés par la suite dans les années ’90 et 2000, accentuent les caractéristiques, d’une ambiance sombre et morbide, chère à Nikolaiïdis qui arrive aux limites de l’hermétisme. Singapore Sling (1990), en fait la preuve, se situant entre film noir et Grand Guignol
 
Ses deux derniers films Le Perdant ramasse tout (2002) et Les Années zéro (2005) ne suscitent plus le même enthousiasme avec les films de sa jeunesse. D’ailleurs, l’époque de la contestation et de l’expérimentation originale est déjà révolue. Mais la mort subite du ‘film-maker’ est à l’origine d’une émotion profonde au sein de son public, resté toujours fidèle au réalisateur iconoclaste.
 
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