On a l’impression que tout est dit et écrit sur cette femme connue un peu partout dans le monde sous le nom de Mélina Mercouri. Toutefois, rendre hommage à elle constitue un devoir qui revient souvent à l’ordre du jour.

Figure extraordinaire, voire polyvalente, elle a laissé ses traces dans l’histoire grecque contemporaine, en tant qu’actrice, chanteuse, activiste et femme politique. Née à Athènes en 1920, issue d’une famille de la grande bourgeoisie, Mélina est la petite-fille d’un maire réussi et populaire d’Athènes. Dans ce foyer, si riche en rencontres, elle s’initie aux valeurs de la démocratie et à l’art du débat politique.
 
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Déterminée à devenir actrice malgré l’opposition de sa famille, elle étudie à l’Ecole Dramatique du Théâtre National et commence sa carrière sur scène à Athènes. Son premier succès vient en 1949 avec la pièce ‘Un tramway nommé Désir’ de Tennessee Williams. Ensuite, elle s’installe à Paris, où elle rencontre Marcel Achard et joue des pièces de boulevard.

C’est en 1955 que Michalis Cacoyannis lui confie son premier rôle au cinéma dans Stella, (version grecque de Carmen), film qui la rend célèbre. C’est la période de la rencontre avec son futur mari, le réalisateur américain, Jules Dassin, déjà connu pour son engagement politique et ses films d’une virtuosité rare (Les Forbans de la nuit,1950 et Du rififi chez les hommes, 1955).
Désormais, le couple (photo en haut) sera uni dans la vie et au cinéma et Mélina jouera dans huit de ses films, dont le premier est Celui qui doit mourir (1957), adaptation à l’écran du roman de Nikos Kazantzakis, “Le Christ recrucifié”.
 
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Le grand succès vient en 1960, avec Jamais le dimanche  (video) où Mélina incarne Ilya, une prostituée populaire, libre et indépendante des quartiers du Pirée, qui chante “Les Enfants du Pirée” de Manos Hadjidakis, une mélodie reconnue depuis dans le monde entier. Le film, nommé pour 5 Oscars, apporte au couple une grande renommée internationale. Pour ce rôle, Mélina remporte le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes. En 1967, l’adaptation théâtrale du film gagne Broadway, à New York.
Parmi les autres films réalisés par le couple, à noter également Phaedra (1962), transposition moderne de la tragédie d’Euripide, et Topkapi (1964) (vidéo) où Mélina joue à côté de Peter Ustinov.
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En 1967, la dictature des colonels est imposée en Grèce et Mélina exprime ouvertement son opposition au régime, ce que lui coûte la privation de ses droits civiques et son exil en France. Jusqu’à la restauration de la démocratie en 1974, elle milite contre la dictature. En 1973, elle publie son autobiographie, intitulée “Je suis née grecque”, dans laquelle elle exprime son amour profond pour son pays et son peuple.

Dès son retour en Grèce (1974), Mélina se consacre à la politique. Membre fondateur du Parti Socialiste (PASOK) et puis députée, elle devient ministre de la Culture du 1981 au 1989. Elle lie son nom notamment aux efforts effectués pour la restitution en Grèce des marbres du Parthénon, qui se trouvent au British Museum de Londres, une lutte poursuivie après sa mort par la Fondation Mélina Mercouri. En 1985, en tant que ministre, elle développe, dans le cadre du Conseil européen, l’idée de la “ville européenne de la culture” visant à contribuer au rapprochement des peuples d’Europe. Elle redevient ministre de la Culture du 1993 jusqu’à la fin de sa vie en 1994.
 
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En 1997, un prix international Mélina Mercouri a été prévu par l’UNESCO, en récompense des actions de sauvegarde et de mise en valeur des grands paysages culturels du monde.

D’un tempérament saisissant et surtout passionné de tant de choses différentes, Mélina a lutté avec zèle pour la promotion de la culture grecque. Son peuple garde toujours d’elle un souvenir vif, en lui reconnaissant son grand amour pour la vie, l’art et la Grèce et pour son ‘esprit grec’ authentique.