Une Lettre de Palestine
 [Intervention divine]
Jérusalem, cité à la dérive
Depuis longtemps
je voulais t’écrire.
Mais ce n’était jamais le bon moment
pour que tu m’entendes.
Maintenant je pense que ma lettre
te trouvera
sur ce muret de ciment, assis
près de l’ombre de l’olivier,
écoutant midi qui approche.
Crois-moi, je ne savais pas
que les lignes jaunes,
les feux rouges
et les signaux
pouvaient annoncer
les séparations les époques
sans la voiture de la communication.
 
Ce qui me manque
c’est le T-shirt blanc
et le pyjama portant les mêmes dessins.
Un matin je crois tu m’avais dit :
«Toi tu dormiras sur mon épaule
et moi je voyagerai pour toi».
Nous allions conquérir ensemble le monde,
revêtir la lumière de l’orient
et nous cacher dans la fumée
dans les cigarettes
non pour s’autodétruire, mais
par simple besoin de comprendre.
 
Désormais il est trop tard :
j’ai éteint la lumière dans la cuisine
et le chien satisfait soupire,
il a pour compagnie ce soir nos souffles,
bien que nous sépare toujours
une Jérusalem,
alors que nul ne peut comprendre
comment tant de soldats peuvent nous tomber dessus.
 
(Je t’aime, bien que ce soit une folie.)
 
Traduction: © Michel Volkovitch
Peinture: “Jerusalem d’or”, Lithographie,  Naim Basson 
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