Au cœur du quartier animé d’Exarchia, à Athènes en plein centre, l’association Zaatar a aménagé un lieu unique : l’Orange House ou « maison orange » accueillant jusqu’à vingt migrants pour une période plus ou moins longue. Grèce Hebdo a rencontré Antoine More, un des gérants du centre qui nous a expliqué la création et le fonctionnement de ce lieu si particulier.

Créée début 2016 dans le contexte bien connu de « crise migratoire », l’association Zaatar a eu l’idée de l’Orange House après la fermeture des frontières contraignant de nombreux migrants à rester en Grèce et entrainant une détérioration considérable des conditions de vie dans les camps de réfugiés surpeuplés.

Au départ destinée à n’héberger que des mineurs non accompagnés -ce qui nécessite une autorisation spéciale des autorités grecques- l’Orange House accueille aujourd’hui en priorité des « personnes vulnérables » souvent des mères avec enfants en bas âge après un processus d’admission spécifique.

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La maison, un ancien magasin d’informatique loué par l’association, a été réhabilitée et aménagée par des volontaires et des réfugiés en l’espace de 6 mois et s’étend sur 3 étages. Elle s’organise autour d’une vaste pièce colorée de vie commune, de cuisines partagées, de chambres avec lits superposés, d’une salle de classe, d’une salle informatique…

Les réseaux sociaux et notamment Facebook ont joué un rôle central dans le projet. La majorité des fonds collectés provient en effet de dons issus de la page Facebook du projet, très souvent alimentée, mais aussi par un système de financement participatif (crownfunding). De plus, c’est sur cette même page Facebook que les potentiels volontaires postulent afin de contribuer au projet.

Après plusieurs phases de recrutement, les volontaires acceptés mettent à profit leurs compétences, le plus souvent linguistiques, au sein de la maison. Provenant majoritairement d’Europe mais aussi des Etats-Unis, pour des périodes allant d’une semaine à plusieurs mois, cinq ou six volontaires sont chargés de veiller sur la maison, de faire respecter les règles pour préserver l’harmonie et l’ambiance propice au repos du lieu. Ils proposent également des activités sportives ou de relaxation, comme du basket ou yoga.

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Des cours de langues (anglais, grec, espagnol, français) sont aussi dispensés, non pas seulement pour les résidents mais aussi pour des réfugiés vivant dans des squats.

Un des objectifs est ici d’offrir un cadre de vie sécurisant avec une organisation permettant à chacun de se sentir chez soi. Les visites sont contrôlées, les règles de vie sont affichées à l’entrée, un tableau expose les horaires des activités de la semaine et chacun doit participer aux tâches ménagères ou se voit confier une responsabilité particulière. Chaque résident doit également prendre part à au moins 5 activités dans la semaine.

La maison orange est donc une véritable structure avec une organisation et un encadrement qui lui sont propres et permettant à tous de vivre ensemble malgré des cultures différentes. Les résidents y restent généralement le temps de la régularisation de leur situation. Plus qu’un simple lieu de résidence, la maison permet, par le biais des cours de langues, de la scolarisation des enfants dans les écoles grecques ou de conseils juridiques, un accompagnement dans l’intégration à plus ou moins long terme de ses résidents.

L’association pourrait, après avoir totalement terminé l’aménagement de l’Orange House, étendre le concept en ouvrant un autre centre.

 

Texte écrit par Elisa Rullaud

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