Au début du XIXème siècle, Adamance Coray, figure éminente des Lumières grecques qui a passé une grande partie de sa vie à Montpellier et à Paris parle des affinités entre la France et la Grèce, en affirmant que la Grèce et la France ne constituent qu’une seule nation. Nombreux sont les érudits et les intellectuels grecs qui quittent la Grèce et déploient leur travail intellectuel en France en nourrissant à leur propre manière leurs contacts avec le pays d’origine. GrèceHebdo va se limiter aux penseurs grecs de l’après guerre qui ont suivi l’exemple de Coray.
 
 La théorie de l’autonomie
 
Cornelius Castoriadis naît en 1922 à Constantinople. Très tôt à l’âge de 13 ans est attiré par le monde de la philosophie et la pensée marxiste. En 1941, il rejoint les rangs du Parti Communiste mais très vite s’éloigne de l’orthodoxie dogmatique stalinienne en choisissant la voie trotskiste.
 
Il effectue des études de droit et d’économie à Athènes et en 1946 se trouve co-passager dans le bateau Mataroa avec Axelos, Papaioanou, Makris et d’autres grecs qui à titre de boursier de l’Institut Français d Athènes se dirigent vers la France. A Paris il rompt ses liens avec le trotskysme et en 1949 il fonde avec Claude Lefort un groupe autonome nomme Socialisme ou Barbarie qui est proche du communisme de conseils. Une revue portant le même nom voit le jour en Mars 1949. Les événements de Hongrie en 1956 nourrissent son esprit contestataire et ses nouvelles orientations politiques. Suite à ses événements, il participe avec quelques membres de Socialisme où Barbarie à un Cercle des révolutionnaires où se retrouvent entre autres Georges Bataille, André Breton, Michel Leiris, Edgar Morin et Maurice Nadeau. 
 
L’univers de la psychanalyse ne lui échappe pas non plus. À partir de 1964, il devient membre de l’École freudienne de Paris (EFP), fondée par Jacques Lacan, auquel il s’opposera dès 1967. C’est à ce moment précis qu’un texte d’autodissolution met officiellement fin à la démarche Socialisme où Barbarie. En 1980, il est nommé directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales à Paris.
 
Pour ce qui est de l’essentiel de son parcours intellectuel, il se différencie de la pensée structuraliste en visant Louis Althusser, Roland Barthes mais aussi les poststructuralistes tels que Foucault, Deleuze et Guattari. Il s’éloigne également du déterminisme historique de Marx et de sa pensée «holistique» tout en adressant une critique féroce contre les régimes bureaucratiques du ‘’ socialisme existant ‘’ qui ont mis sur place un ‘’capitalisme d’Etat’’.
 
cornelius 1Théoricien de l’autonomie et de la démocratie directe, il affirme que les sociétés sont nécessairement historiques et résultent d’un processus d’autocréation à savoir d’auto-institution. Pour lui, la société athénienne au cours du Vème siècle avant notre ère et l’Europe à partir du XIIème siècle consitutent un véritable cas d’étude. Aux antipodes du concept de l’autonomie, l’ ‘’hétéronomie’’ aliénante individuelle et sociale qui a dominé au cours de l’histoire. Autre concept clé pour Cornelius: l’imaginaire qui différencie l’homme des animaux et plus particulièrement l’ imaginaire social comme imaginaire radical dans la mesure où c’est l’imaginaire social qui crée le langage et les institutions.
 
Castoriadis n’a cessé de visiter la Grèce au cours de dernières années de sa vie et de parler de son œuvre alors qu’il a reçu la reconnaissance de plusieurs établissements universitaires grecs.
 
Il meurt le 26 décembre 1997. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse.
 
A retenir parmi ses œuvres, L’institution imaginaire de la société, Les carrefours du labyrinthe, Ce qui fait la Grèce, 1. D’Homère à Héraclite. Ce qui fait la Grèce, 2. La cité et les lois. La création humaine… etc.

TAGS: livres | philosophie