Le musée du Louvre-Lens présente une exposition d’envergure internationale consacrée à Homère, le « prince des poètes », auteur de deux célèbres épopées, qui n’ont eu de cesse d’imprégner nos sociétés depuis l’Antiquité : l’Iliade et l’Odyssée. Cette grande exposition, qui sera inaugurée mercredi le 27 mars 2019, propose d’explorer les origines de cette influence fascinante d’Homère et de ses héros (Achille, Hector, Ulysse, Hélène, Cassandre, Pénélope, Nausica…) sur les artistes et sur la culture occidentale à travers les siècles.
 
250 œuvres – plongée dans le monde homérique
À travers près de 250 œuvres, allant de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, l’exposition, selon le communiqué de presse «  offre une plongée inédite dans la richesse du monde homérique ». Le parcours propose un panel d’œuvres aussi dense et varié que l’influence d’Homère, allant de peintures et objets de la Grèce antique, sculptures et moulages, tapisseries, jusqu’aux peintures de Rubens, Antoine Watteau, Gustave Moreau, André Derain, Marc Chagall et Cy Twombly  aussi qu’une série de caricatures d’Honoré Daumier ou un péplum ambitieux de Wolfgang Petersen. 
 
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 Marc Chagall, “Ulysse et les Sirènes”, 1974-75, Nice, Musée Chagall © musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes/ Photo Patrick Gérin 2006. Source
 
L’exposition
 
Le parcours de l’exposition est structuré autour de plusieurs introductions nécessaires à la compréhension du propos : l’assemblée des Dieux, évocation qui insiste sur le rôle de ces derniers, jouant avec les mortels comme avec autant de marionnettes ; la figure du poète aveugle, Homère étant un auteur à la biographie clairement recomposée ; le rôle de l’oralité dans la transmission des textes ; les étranges anachronismes créés par la sédimentation des textes, entre les premiers poèmes et leur transcription rédigée après des siècles de contes chantés dans les rues.
 
Ensuite, l’exposition se concentre sur les deux poèmes, l’Iliade et l’Odyssée, « le double fleuve », faisant l’objet d’un parcours indépendant, se structurant autour de quelques thèmes forts de chacun de ces récits : l’humanité des héros, la guerre, la mort pour l’Iliade, l’histoire d’un raccourci d’une quinzaine de jours pour une guerre ayant duré dix ans ; les femmes, les monstres, Ithaque pour l’Odyssée, un voyage initiatique de dix années. Ces deux parcours présentent ainsi un ensemble signifiant de peintures, de sculptures, de dessins, mais aussi de musiques et de films, qui ont illustré depuis l’Antiquité et jusqu’à nos jours parfois même les grandes scènes homériques.
 
L’exposition du Louvre Lens expose aussi un ensemble de céramiques et de sculptures grecques et romaines, prêtées par le musée du Louvre, le musée d’Athènes, le Metropolitan Museum de New York, la Bibliothèque Nationale de France.
 
En marge de ces deux sections qui constituent le cœur de l’exposition, un parcours secondaire nous explique ce que sont les « poèmes du Cycle », ces textes aux statuts étranges qui ne sont pas attribués à Homère mais racontent des épisodes célèbres de la guerre de Troie : le jugement de Pâris, l’enlèvement d’Hélène, le cheval de Troie, la destruction de Troie, la mort de Laocoon et la mort de Priam et d’Achille, etc.
 
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 Cy Twombly, “Achille pleurant la mort de Patrocle” © Philippe Migeat – Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Cy Twombly Foundation. Source
 
L’univers d’Homère : De l’Iliade à l’Odyssée
 
Depuis l’Antiquité, l’influence de l’Iliade et de l’Odyssée (d’abord des œuvres orales) est infinie, traversant les siècles et se répandant dans toute l’Europe : ces textes poétiques et héroïques, ont inspiré les écrivains et les poètes, aussi bien que les peintres et les sculpteurs.
 
L’Iliade, composée de seize mille vers répartis en vingt-quatre chants, concerne une année seulement de la guerre de Troie (Ilion étant l’autre nom de la ville) qui dura dix ans.
 
Le récit porte tout entier sur la colère d’Achille, le plus illustre des guerriers grecs. Véritable chronique de guerre, ponctuée de nombreux détails et entrecoupée de scènes de débat, l‘Iliade n’a cessé d’inspirer les artistes de l’Antiquité à nos jours. Bien que le texte foisonne de descriptions précises, il n’a pas empêché les artistes de donner libre cours à leur imagination créatrice en interprétant le récit homérique au gré de leur propre personnalité et sensibilité.
 
Le premier chapitre invite à découvrir l’humanité complexe et exemplaire de ces héros, des émotions aussi variées que l’amour fidèle d’Andromaque pour Hector, la mélancolie d’Hélène sur les remparts de Troie (peinte par Gustave Moreau au 19e siècle), la colère d’Achille envers Agamemnon (que donne ici à voir Il Baciccio, au 17e siècle), ou encore le chagrin de Priam pour récupérer le corps de son fils.
 
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Légendes de gauche à droite : [1]  Gustave Moreau, “Hélène, étude en rapport avec le tableau du salon” de 1880,  Paris, Musée Gustave Moreau ©RMN/René-Gabriel Ojéda. [2] Gustave Moreau, “Hélène à la porte de Scée”, Musée Gustave Moreau  ©RMN/René-Gabriel Ojéda. [3]  Gustave Moreau, “Hélène sur les remparts de Troie”, Paris, Musée Gustave Moreau  ©RMN/René-Gabriel Ojéda.
 
Thème central de l’Iliade, la guerre, elle aussi, n’a cessé de nourrir l‘imagination au fil des siècles. L’équipement des guerriers est très présent dans le texte d’Homère. Le poète décrit précisément les armes des personnages – les cuirasses, les casques avec leurs cimiers, les épées –, leur fabrication et même leur usage : le bruit des armes qui frappent le métal, les blessures… Les épisodes de duels donnent lieu à des moments de grande virtuosité dans la représentation des différentes pièces des armures, en particulier le célèbre bouclier d’Achille, figure centrale du tableau de Pierre-Paul Rubens, Hector tué par Achille. La représentation de cet armement a évolué en fonction des époques et des artistes qui l’ont souvent adapté de façon contemporaine.
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Pierre Paul Rubens, “Hector tué par Achille”, 1630, huile sur bois. Musée des Beaux-Arts – Pau © RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier
 
Si l’Iliade est essentiellement un poème d’hommes, l’Odyssée, (laquelle Homère aurait composée après l’Iliade, vers la fin duviiie siècle av. J.-C.) consacre une place beaucoup plus importante aux figures féminines. Après avoir permis aux Grecs de piller la ville de Troie, Ulysse entreprend de regagner sa patrie, l’île d’Ithaque, où l’attendent son épouse, Pénélope, et leur fils, Télémaque.
 
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André Derain, “Retour d’Ulysse”, vers 1938 © Paris, Centre Pompidou.
 
Le voyage d’Ulysse est plein d’épreuves redoutables : la nymphe Calypso qui tente de le séduire et le retient sept ans sur son île, la magicienne Circé qui essaie de le charmer avec ses potions, ou encore la jeune Nausicaa, princesse du royaume des Phéaciens, qui lui est promise en mariage.
 
Au-delà des péripéties d’Ulysse, le thème fondamental du poème reste le retour du héros à Ithaque. Si ce retour revêt une dimension symbolique, celle de l’âme qui trouve la sagesse, il est aussi pour Ulysse le lieu des dernières aventures, l’étape finale d’un périple où la teneur de ses exploits atteint son sommet.
 
Magdalini Varoucha | Grecehebdo.gr
 
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[1] Honoré Daumier (1808-1879), “Le désespoir de Calypso”  Lithographie Paris, Bibliothèque nationale de France © BnF. [2] Honoré Daumier  Ménélas vainqueur Paris, 1842 © BnF
 
 
INFORMATIONS PRATIQUES
27 mars – 22 juillet 2019
Musée du Louvre-Lens, 99 rue Paul Bert – 62300 Lens, www.louvrelens.fr
Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi
Commissariat de l’exposition : Alexandre Farnoux, directeur de l’Ecole française d’Athènes, Alain Jaubert, écrivain et cinéaste, Luc Piralla, directeur-adjoint du Louvre-Lens et Vincent Pomarède, Administrateur général adjoint au Président-directeur du Musée du Louvre.
 
 M.V. 

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