Pendant tout ce printemps sans fin
Tu entendras le grondement de la verdure,
Qui descend les pentes et déroule
Ruisseaux, bruyères et bêlements.
Lisse et fraîche elle passe comme une robe
Sur le corps d’une très jeune fille,
À l’heure où l’évadé lui plante
Le couteau dans la gorge.
Le sang coule jusqu’à l’été. Son soufre
Fait crever les herbes. Çà et là
Gisent des lambeaux de sa robe que traîne
Un soleil inconsolable.
Mais lorsque les premières pluies
Se mettront au balayage des feuilles,
Quand seront à point raisins et châtaignes,
Quand l’hiver, en quelques pelletées,
Couvrira les aiglons jusque dans leur nid,
La verdure emmitouflée sous la neige
Poussera de nouveau ses profonds soupirs.
Pour le passage d’une douleur chaude
Sur sa douce poitrine,
Pour un bras s’enroulant à sa taille,
Un plaisir éphémère.
Traduction: Michel Volkovitch, “Vingt-quatre battements et silence”, Ed. Le miel des anges, 2021
Peinture : Natsi Kleio (1929) “Jardin III”, 1972
Source:nationalgallery.gr
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