Le cinéaste Níkos Koúndourosné en Crète en 1926, est mort mercredi 22 février 2017.

Diplômé de l’École des Beaux-arts d’Athènes, Koundouros fait partie des réalisateurs grecs du courant néoréaliste, qui a fleurit pendant les années 1950. Pourtant, son œuvre, couvrant presque cinq décennies, s’étend au-delà de ce mouvement et est caractérisée par une diversité de motifs, de thématiques et d’esthétique, qui lui attribue une place spéciale dans le panorama du cinéma grec.

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Du point de vue politique et social, Koúndouros était un cinéaste militant de gauche. Déporté de 1949 à 1952 sur l’île de Makronissos, lieu d’exil suivant la guerre civile, il considère que ce camp d’internement a été pour lui ‘la plus grande des écoles’. C’est lors de ce séjour qu’il choisit le cinéma comme vecteur de son expression artistique.

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Son premier film paraît en 1954. C’est la Ville magique (Magiki Poli – vidéo). Le film fait usage du thème habituel du mélodrame et développe l’éthique populaire opposée aux puissances corruptives de l’argent, à travers de l’histoire d’un jeune travailleur qui se mêle dans une aventure illégale avec un escroc pour gagner enfin le cœur de celle qu’il aime.
 
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L’Ogre d’Athènes (O Drakos – vidéo), paru en 1956, est l’un des classiques du cinéma grec pour sa façon révolutionnaire de présenter les classes populaires et les exclus. C’est aussi un film noir caractéristique, qui a, en outre, offert au rebetiko, le genre musical de la marge sociale, sa première restitution, grâce à la musique de Mános Hadjidákis.

 
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L’histoire est celle d’un homme seul, petit employé insignifiant, qui découvre tout d’un coup qu’il ressemble à l’‘ogre d’Athènes’, un malfaiteur recherché par la police. Bien que perdu au début, il s’adapte rapidement au rôle de l’‘ogre’ et se fait accepté au sein d’une bande de gangsters. Comme dans la Ville magique, là aussi, Koúndouros, influencé par le néoréalisme italien, montre l’aliénation montante de la société grecque de l’après-guerre. Lors du 1er festival du cinéma grec de Thessalonique (1960), le film a reçu le prix rétrospectif du meilleur film pour la période 1955-1959.
 
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Avec ses deux films suivants sortis en 1958, Les Hors-la-Loi (Oi Paranomoi – vidéo) et Le Fleuve (To Potami – vidéo), Koúndouros s’éloigne du néoréalisme et promeut une esthétique plus personnelle fondée sur l’allégorie. Il emploie les mythes grecs anciens en tant qu’archétypes, afin d’approcher les questions les plus grandes de l’existence humaine. Dans ce cadre, il explore le thème, commun dans les deux films, de l’homme visant à franchir une frontière en fait infranchissable, afin d’accomplir son destin, d’atteindre ‘l’autre rive’. Les films suivants de Koúndouros vont encore plus loin dans la recherche esthétique.
 
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Les Petites Aphrodites (Mikres Aphrodites, 1963 – vidéo), dont l’érotisme reflet les revendications sociales du début des années 1960, s’inspire des mythes de la Grèce antique dans une ambiance de paganisme primordial. Le film a remporté le prix de la mise en scène et le prix de la critique au festival de Berlin en 1963.
 
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Vers la fin des années 1970, Koúndouros renoue avec le néoréalisme qu’il utilise dans ses films inspirés de l’histoire contemporaine grecque : 1922 (1922 – vidéo) sur la Grande Catastrophe d’Asie mineure, Bordelo (1984 – vidéo) sur la révolte crétoise de 1897-1898, et Byron, ballade pour un démon (Bayron, Ballada gia ena Daimona,1992) sur la guerre d’indépendance grecque. Dans cette phase de sa carrière, Koúndouros a exprimé à nouveau la solitude de l’individu qui se retrouve sans espoir, impuissant, jouet des événements et de l’histoire.
 
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