La poétesse et romancière Ersi Sotiropoulos a reçu le prix Méditerranée étranger pour Ce qui reste de la nuit (Stock), un récit qui part de trois jours de la vie du poète Constantin Cavafy dans le Paris de la fin du XIXesiècle.

Ersi Sotiropoulos [Foto: Paris Titivian/ lifo.gr]
 
Née à Patras en 1953, Ersi Sotiropoulos a fait des études de philosophie et d’anthropologie à Florence (Italie) et a travaillé auprès de l’ambassade grecque à Rome avant de s’installer définitivement à Athènes. Son premier roman The Trick a paru en 1982. Depuis, elle a publié cinq romans, trois recueils de nouvelles et un recueil de poésie. En France c’est l’éditeur Maurice Nadeau qui fait sa découverte en 2003 quand il publie Zigzags dans les orangers un roman qui a reçu le Prix d’Etat grec et le Prix de la revue Diavàzo en 2000.
 
Son roman Eva (Stock, 2015)a remporté le prix de l’Académie d’Athènes pour le meilleur roman en 2011, et son livre d’histoires Feel blue, dress in red a remporté le Prix National du Livre en 2012.
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GrèceHebdo* publie un extrait de l’entretien qu’Ersi Sotiropoulos a accordé à Greek News Agenda/ Reading Greece  par rapport à son dernier livre sur Cavafy. [L’entretien en anglais: Ersi Sotiropoulos on the Correlation between Art and Life and Literature as a Way to the Non-Existent and the Inevitably Potential]

Ce qui reste de la Nuit suit Cavafy pendant son bref séjour dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Comment avez-vous décidé  de se pencher sur l’une des moins connues périodes de la vie du poète? Paris était-il l’endroit où Cavafy a été transformé d’un poète symboliste et romantique mineur en un éminent écrivain?

Il est difficile de disséquer et d’analyser le processus créatif. Ce n’est pas moi qui décide de traiter tel ou tel sujet, c’est l’écriture qui me conduit. Des fois  tout commence par une image récurrente, peut-être encore floue, ou même d’une conversation éphémère – comme lorsqu’ on n’a pas entendu quelque chose correctement, mais ceci reste gravée dans notre mémoire et revient brusquement. Même si je dois écrire à propos de quelque chose de spécifique, le ton d’écriture sera toujours un peu au-delà du sujet, en offrant cette nuance particulière qui va se répandre dans le texte. Il s’agit d’un processus que j’apprécie profondément car il me fait découvrir de nouvelles choses en écrivant.

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Constantin Cavafy et carte de Paris.

Dans Ce qui reste de la Nuit, j’ai été plutôt motivé par des questions. Par ailleurs, on savait très peu pour ce qui est du séjour de Cavafy à Paris. Je pensais en particulier à ce jeune homme (dont l’avenir est connu d’avance) et à son voyage à Paris dans une période bien déterminée. J’étaisemmenée par sa passion pour l’écriture, son anxiété en cherchant sa propre voix, ainsi que par ses tourmentations suscitées par ses désirs sexuels, interdits à l’époque. Dans ce cadre je me suis mise à imaginer Cavafy dans ce carrefour unique entre Alexandrie –  d’un charme désuet et cosmopolite en même temps –  la Grèce – humiliée et une fois de plus détruite – et finalement Paris, illuminée, au sommet de sa gloire. Au cours de ce processus, Cavafy s’est progressivement transformé en un personnage fictif.

* Traduction de l’anglais : Magdalini Varoucha

Liens utiles: 
Ersi Sotiropoulos, les yeux ouverts  (Le Monde, 19.02.2015) 
@ En français, on peut trouver les livres suivants d’Ersi Sotiropoulos: Zigzags dans les orangers (Maurice Nadeau, 2003) Dompter la bête (Quidam, 2011), Eva (Stock, 2015) et Ce qui reste de la nuit (Stock).
 
M.V.
 

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