Andréas Vourloumis (1910-1999) est l’un des représentants les plus caractéristiques de la peinture grecque de la seconde moitié du XXᵉ siècle. Peintre figuratif, formé sous l’influence de l’impressionnisme il s’intéressa presque exclusivement à Athènes et ses habitants, en se concentrant sur l’habitat urbain. Son œuvre, qu’on peut revisiter à travers l’exposition numérique « Andréas Vourloumis, le peintre de l’Attique » représente le Lycabette et l’Hymette, les quartiers de Pangrati et du centre de la ville, mais aussi Kifissia, la région de Cholargos et le paysage unique d’Égine. En d’autres termes, Vourloumis capture les lieux où il a vécu, ceux qui constituaient son quotidien, nous offrant en même temps la sensibilité de son regard.

Le peintre est né à Patras en 1910 et étudie la chimie à l’Université d’Athènes, mais s’intéresse dès son plus jeune âge à l’art, et prend plus tard des cours particuliers et étudie la peinture et la gravure à l’École des Beaux-Arts de Paris (1934-1935).

De la période parisienne, quelques vues de la ville ont survécu, révélant l’intérêt précoce et constant de Vourloumis pour le paysage, mais aussi son évolution vers un style plus proche de l’impressionnisme.

Vourloumis ne franchit jamais le pas de s’installer en France. De retours en Grèce, il suit les cours du célèbre « Atelier », l’école privée fondée par Périclès Byzantios et Aleka Stylou-Diamantopoulou.

À la fin des années 1930, à presque trente ans, Vourloumis ne pensait pas maîtriser les techniques de la peinture avec la profondeur souhaitée.

Pourtant, il participe à la deuxième exposition panhellénique d’art en 1939, avec une vue d’Hydra. Cet événement a marqué la transition du statut d’étudiant en peinture à celui d’artiste professionnel.

En 1949, il participe à la fondation du groupe artistique « Armos » et, en 1954, organise sa première exposition. Depuis, il a organisé de nombreuses expositions personnelles et participé à des expositions collectives en Grèce et à l’étranger. En 1990, la Galerie nationale de Grèce lui rendit hommage en lui offrant une importante exposition rétrospective. Vourloumis meurt à Athènes en août 1999, alors qu’il préparait sa deuxième exposition rétrospective au musée Benaki, qui a ouvert finalement ses portes au public en décembre de la même année. Selon ses propres mots, l’art s’occupe toujours de la même chose, c’est-à-dire du mystère qui entoure notre existence.

L’exposition numérique « Andréas Vourloumis, le peintre de l’Attique » et la suite de l’exposition tangible organisée par la Bibliothèque  en 2022 et se compose de neuf sections thématiques: ChronologieLes années d’apprentissageL’élaboration du stylePeinture durant l’Occupation, « L’étude de la tradition byzantinePeintre de la ville,  L’acquisition du style, L’Athènes de Vourloumis et  L’idée d’Égine.

L’ensemble des œuvres exposées (paysages, natures mortes, intérieurs, nus et portraits) dévoile pour la première fois, de façon linéaire, le parcours artistique de ce peintre majeur : depuis ses premiers pas dans les années 1920 et son adolescence, jusqu’aux années de jeunesse à Paris et à la dure période de l’Occupation, en passant par les premières décennies d’après-guerre et jusqu’aux créations subtiles de sa vieillesse. À travers la présentation chronologique des œuvres se déploient la trajectoire et le caractère d’un peintre délicat qui conserva au fil du temps, intacts, son style et ses thèmes.

La représentation du paysage urbain dans la peinture de Vourloumis a atteint son apogée au cours des années 1970-1980, tandis que, surtout dans les années 1990, l’image de l’Hymette, vue depuis sa résidence, rue Ypsilantou, a dominé. Travaillées à l’aquarelle, au pastel ou au crayon, les maisons, la ville, sont désormais représentées d’en haut, à distance, avec une tendance à une abstraction toujours plus grande.

D’une certaine manière, ces compositions, où la ville et ses habitants sont au centre, constituent les véritables « grandes » œuvres de Vourloumis. Dans une note autobiographique, il écrit : « J’ai toujours senti que ma peinture était liée à Athènes. » En fin de compte, le thème principal de l’art de Vourloumis était l’image de la ville : les toits, les passants, les rues, la solitude des habitants sur les balcons et à l’intérieur de la maison, dans les salons mélancoliques.

Égine constitue pour Andréas Vourloumis la source d’inspiration la plus importante pour la représentation de la campagne. Elle est aussi une étape majeure de sa création artistique, car le paysage de l’île revient dans un nombre significatif d’œuvres et d’études, l’artiste la considérant comme une extension de l’espace attique.

Cependant, Vourloumis s’intéressa plus largement au paysage, sans se concentrer particulièrement sur la mer. Comme le témoigne son fils, Panagís Vourloumis : « Mon père était un passionné de nature et de marche. Il aimait énormément la montagne, il l’adorait plus que la mer. Contrairement à ma mère, qui détestait la montagne et en était prise d’une grande mélancolie, mon père n’était pas un homme de la mer, mais de la montagne. » Cette passion pour la montagne, le peintre réussit à la transmettre à travers les images qu’il réalisa pour le calendrier de l’AGET en 1971, représentant alors des paysages d’Achaïe et d’Élide, régions d’origine de ses parents.

Vourloumis découvre Égine grâce à son épouse Hypatía Pappá et à son ami proche et frère d’Hypatia,  Yánnis Pappás. Dès la fin de la guerre et jusqu’à sa mort, le peintre passa la plupart de ses étés sur l’île.

A Egine, il esquissait les images qui l’impressionnaient dans l’un de ses carnets ou blocs qu’il avait toujours avec lui : les passagers sur le bateau, les caïques, les pistachiers, le jardin de la maison d’Égine, la vue depuis sa maison sont autant de thèmes caractéristiques auxquels il revenait sans cesse. Mais dans les paysages d’Égine, le véritable protagoniste était la lumière. Et c’est là que se révèle le long et profond rapport de Vourloumis avec l’impressionnisme : une peinture de l’impression, des relations entre la lumière, les volumes et les surfaces, une peinture qui cherchait à saisir la première impression.

*Photo d’intgroduction: Auto – portrait, 1950, et Lycabette 1994. Source: Exposition numérique « Andréas Vourloumis, le peintre de l’Attique

Andreas Vourloumis, un peintre athénien

M.V.

TAGS: arts | Culture | Grèce | peinture