« Pour la façade, il conviendrait de rechercher et d’adopter ce que l’art peut présenter de plus simple, mais aussi de plus correct, de plus caractéristique, autant pour les jeunes gens qui doivent se trouver heureux de l’habiter que pour les étrangers qui le visitent avec intérêt et y trouvent toujours un accueil bienveillant.  »
[Lettre du ministre des Affaires étrangères chargé par interim du département de l’Instruction publique et des cultes au directeur de l’EFA, 26 août 1872]

L’École française d’Athènes fête ses 175 ans et présente à cette occasion divers événements sur place et en ligne tout au long de cette année anniversaire,  célébrée du 11 septembre 2021 au 22 novembre 2022. Celle-ci met à l’honneur l’histoire de l’EFA à travers ses archives.

Fondée sur les archives de l’École ainsi que sur la contribution de fonds d’archives partenaires (Musée L, Louvain-la-Neuve, Direction de la Documentation de l’Université de Lorraine et Cinémathèque Centrale de l’enseignement public), l’exposition EFA 175, visible à l’École Française d’Athènes jusqu’au 22 novembre 2021, mais également visible en ligne, se veut une évocation de l’École dès ses débuts.

Cette exposition unique propose un parcours voué à la découverte de l’histoire de l’Ecole mais aussi à la vie quotidienne, la correspondence et les impressions de ces « Athéniens »  installés dans la ville au cours du 19ème siècle.

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Congrès archéologique d’Athènes, 1905.  Source: EFA

Histoire de l’Ecole (1846-2021)

Créée en septembre 1846 sous la Monarchie de Juillet, par une ordonnance de Louis-Philippe, l’’École Française d’Athènes (EFA) est le premier institut de recherche en sciences humaines étranger établi en Grèce.

Bien que sa mission, fortement influencée par le poids de l’archéologie, fut centrée initialement sur la période antique et plus tard byzantine, l’École inclut aussi de nos jours  une section d’Études sur les Époques Moderne et Contemporaine. La recherche effectuée au sein de ce pôle d’études présente un aspect pluridisciplinaire et innovant en conformité avec la tradition des recherches de l’EFA et couvre des thématiques diverses et souvent en relation avec les développements géopolitiques contemporains.

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Délos, anastylose du temple d’Isis, Sarapieion C, 1911. Source: EFA

Fondée dans le grand élan de  philhellénisme qui accompagna la libération de la Grèce du joug ottoman, l’école est un produit  de la volonté de la France de se rétablir en Orient.

D’abord installée à proximité de la Place Syntagma, elle se développe dès 1873 dans ces bâtiments qu’elle occupe encore aujourd’hui (Rue Didotou) et qui sont classés comme patrimoine national grec. Sous l’impulsion de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et aujourd’hui sous la tutelle du ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, l’EFA conduit dès ses débuts, avec ses directeurs successifs, une politique d’exploration des sites archéologiques et de collecte d’informations tant sur l’Antiquité que sur la Grèce moderne. La communauté de la rue Didotou, près de l’Institut Francais, de décennie en décennie, partage la vie des Athéniens et vit avec eux les faits divers comme les crises et les conflits nationaux ou internationaux.

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Ch. Picard avec P. Klonaris, départ de Limenas en juillet 1912.  Source: EFA

Au fil des recherches et des explorations archéologiques conduites sur des sites majeurs de la Grèce antique et byzantine, en Crète, en Béotie, à Délos, à Delphes, Thasos, à Argos ou encore Philippes, les membres de l’École française d’Athènes tissent des liens avec les Grecs, apprennent à connaître le pays voire à révéler sa richesse par leurs travaux scientifiques et leurs communications dans la presse. Ils arrivent aussi à transmettent leurs impressions de voyage dans leur correspondance:

« En arrivant, nous avons trouvé une charmante maison, mais parfaitement vide. […] Suppose-toi sur le toit de la terrasse de notre maison : elle est située au pied du Lycabette, du côté de l’ouest à peu près : le Lycabette est une petite montagne de neuf cent pieds de hauteur en pente [uniforme ?] de tous côtés, couverte de thym et de bruyères jaunes sur ses flancs, et surmontée de deux massifs de grands rochers gris et orangés ; le plus grand rocher est dominé par une petite chapelle de Agios Elias où l’on fait une fête chaque année. Je t’enverrai plus tard le croquis du Lycabette. Si tu le regardes, tu as à ta gauche le petit mont Anchesme, un peu moins haut que le précédent et formant un mamelon surmonté de rochers que l’on mine en ce moment pour bâtir la nouvelle Athènes, την νεάπολη. Entre les deux se montre à l’horizon le sommet bleu et violet du Pentélique transparent. A la gauche formant un angle droit avec les précédents s’élèvent les [croupes] du Parnès, qui laissent entre elles et le Pentélique un large passage pour la route de Marathon. » 
[Lettre de E. Burnouf à I. Vincent, 10 mai 1847. / Université de Lorraine fonds Burnouf]

delphes officielleVisite officielle à Delphes, début XXe s. Source: EFA 

Les membres, les échanges, la recherche

Depuis son origine, l’École française d’Athènes (E.F.A.) recrute par concours des membres, presque tous agrégés des lettres ou d’histoire, issus pour la plupart de l’École normale supérieure. Leur correspondence, mise en evidence dans l’expo de l’EFA, constitue une source intéressante de l’imaginaire autour d’un pays connu surtout a travers les classiques:

« Parle-moi de tes vieux pays de là-bas. Habites-tu toujours cette petite case à Délos au bord du golfe dont tu parlais l’an dernier ? C’est une vision qui s’est enracinée dans un coin de ma cervelle. Large horizon, liberté, solitude, de la grandeur, de la tristesse. Tout ce qui donne à la vie le sel amer dont parlait notre vieux maître […]. » 
[Lettre de H. Jacquelin à Ch. Picard, 21 avril 1911 / EFA FCP 32 6 (source)
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L’arrivée du directeur G. Fougères à l’École en avril 1913. Source: EFA

Historiquement, outre les fouilles archéologiques, l’EFA s’était toujours intéressée aux questions de la Grèce moderne, et des membres  tels que  AboutBurnoufDeschampsReinachRousselC. Picard s’étaient toujours impliqués dans des questions contemporaines.

Screen Shot 2021 10 21 at 22.22.46A. Bon, N. Svensson, membre suédois, A. Dhôtel, professeur de français à l’Institut français d’Athènes, Mme Mirambel, A. Mirambel, professeur de français à l’Institut français d’Athènes, A. Persson, membre suédois, Y. Béquignon, A. Séveryns, membre belge, Melle Van Leeuwen- Boomkamp, hollandaise, première femme membre à l’EFA, F. Chapouthier, Y. Dupuy, architecte, P. Collart, membre suisse, en décembre 1926. Source: EFA

De même les collaborations universitaires franco-grecques, que ce soit au niveau de l’anthropologie et la géographie dans les années 1960-1970 ou de l’histoire dans les années 1980-1990 étaient présentes et il restait à systématiser et agréger autour d’un pôle cet archipel d’initiatives.

Ils sont une dizaine de Français, auxquels s’ajoutent quatre étrangers, Belges, Suisse, Canadien, venus pour quatre ans afin de participer aux programmes de recherche de l’École, où chacun trouve selon son goût et ses compétences sujet de thèse et thèmes d’études.

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L’Escadre française à Athènes, 10-14 mars 1927. Source: EFA

Depuis les années 1980, l’École accueille chaque année plus de deux cent cinquante hôtes venus consulter la bibliothèque, les collections de photos, de plans et à noter aussi la création d’une section d’études modernes et contemporaines au sein de l’EFA qui date du milieu des années 1990.

* Image d’introduction: Dessin de la Façade de l’EFA, 1872. Source: EFA

INFOS PRATIQUES
Exposition “EFA 175”
Lieu : École française d’Athènes
L’exposition, visible à l’École Française d’Athènes jusqu’au 22 novembre 2021, est également visible en ligne.
 
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M.V. 

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