
La Fondation des Arts Telloglion à Thessalonique, un des plus actifs et des plus dynamiques centres culturels des arts plastiques en Grèce, fête cette année ses 25 ans. Fondée en 1972 grâce à la donation de la collection d’œuvres d’art de Nestor Telloglou, homme d’affaires, collectionneur d’art et philanthrope grec et de sa femme Aliki à l’Université Aristote de Thessalonique, la Fondation a ouvert ses portes plusieurs années plus tard, en décembre 1999.

Nestor Telloglou, né à Smyrne, était issu d’une famille grecque aisée, qui s’est installée à Thessalonique après la catastrophe d’Asie Mineure, alors que Aliki Telloglou est née à Thessalonique. Les deux collectionneurs Nestor et Aliki Telloglou ont voyagé dans de nombreux endroits du monde, à Milan, à Vienne, à Berlin, en Inde, en Chine, au Japon rapportant avec eux de chacun de ces endroits -outre des œuvres d’art- une lueur d’espoir : comment parvenir à créer un refuge culturel qui pourrait contenir toutes les beautés du monde.
L’objectif de la Fondation Telloglion est de familiariser le public, en particulier les jeunes, avec l’art, d’enregistrer et d’étudier le patrimoine culturel du pays ainsi que de développer la coopération entre artistes et chercheurs. Le cœur de la collection d’œuvres de la Fondation est le fruit d’une longue quête menée par le couple Telloglou avec passion, instinct et surtout amour pour l’être humain. Ce n’est pas un hasard si la forme humaine domine numériquement dans les œuvres.

La collection, qui compte plus de 14 000 œuvres, comprend des peintures, des sculptures et des gravures, couvrant principalement l’art grec moderne des XIXe et XXe siècles, l’art européen à partir du XVIIe siècle, mais il existe également des collections couvrant différentes périodes et thématiques, telles que l’Antiquité, les civilisations d’Extrême-Orient et l’art populaire.
La collection permanente rassemble des noms importants de la scène artistique grecque contemporaine, avec des œuvres de Gyzis, Lytras, Volanakis, Pantazis, Parthenis, Maleas, Kontoglou, Gounaropoulos, Diamantopoulos, Tsigos, Mytaras, Engonopoulos, Botsoglou, Spyropoulos, Papaloukas, Venetoulia, ainsi qu’un grand groupe d’artistes originaires du nord de la Grèce. Il s’agit d’une collection qui conserve son dynamisme grâce à des dons constants, tels que la collection « Techni » (Société artistique macédonienne) de Dimitris Tsami, Eleni Lazaridou et Periklis Sfyridis.

Sur la base de cette riche collection et de ces précieux archives, qui constituent le « cœur » de la Fondation, le Telloglion organise et présente chaque année de nombreuses expositions temporaires et des hommages sur des thèmes attrayants et originaux, qui voient le jour de différentes manières, telles que des dons, des collaborations et la présentation de nouveaux créateurs.
La collection et hébergée au campus universitaire dans un bâtiment qui est l’un des plus remarquables exemples architecturaux de conception muséale et l’un des bâtiments les mieux conçus de la ville. Cet espace important, d’une superficie de 6 500 m², est situé au point le plus élevé du campus de l’université Aristote de Thessalonique s’intégrant parfaitement dans le paysage, tout en respectant la morphologie du terrain. Après une entrée impressionnante, qui respire la sobriété, l’intérieur du bâtiment comprend un amphithéâtre, une bibliothèque ultramoderne de 22 000 volumes et deux salles qui servent de laboratoires pédagogiques. Une autre salle se trouve dans la cour, reliée par un escalier au bâtiment principal, et rappelle en miniature l’atelier de Miró à Majorque.

Parallèlement, depuis le début de son fonctionnement, le Telloglion ne s’est pas contenté d’exposer ses riches collections, mais a organisé d’importantes expositions pour attirer le public, avec des programmes éducatifs qui ont souvent déterminé le choix du thème de l’exposition, des événements parallèles de musique, de théâtre, de littérature, de danse, mais aussi de technologie, de gastronomie et de sensibilisation aux questions contemporaines concernant la société et l’environnement. Le pluralisme des thèmes et des événements exposés attire au Telloglion un large public, qui, dans certains cas, franchit pour la première fois le seuil de ses portes.
Depuis 2008 de grandes expositions en collaboration avec des partenaires internationaux (Picasso, Miro, Lautrec, Goya, Beethoven, Delacroix), ont été organisées réunissant plusieurs formes d’art (arts plastiques, musique, théâtre, littérature, poésie, architecture, gastronomie, jeux, mode). Des « ouvertures » audacieuses ont également eu lieu dans le cadre de collaborations internationales avec des pays tels que la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et les États-Unis, avec comme exemples brillants les expositions « Novello Finotti – Fine Notte » et « Calatrava – Point zéro ».

Dans le domaine de l’art néohellénique, des expositions monographiques d’artistes ont été organisées (Katrakis, Semertzidis, Tériade, Masoura, Sorogas, Tsalamata, Vaïtsis, Arfaras, Venetoulias, Loustas, Akritakis, Spiteri, Halepas, Katerina Halepas-Katsatou), ainsi que des expositions de couples d’artistes (Paris Prekas-Meropi Preka, Maria Ziaka-Angelos Vlassis, Édouard Sakagian-Anna Maria Tsakali).
Parallèlement, l’accent est mis sur le rôle social du musée avec une « ouverture » à des groupes et professions spécifiques et des expositions visant à sensibiliser le public aux problèmes contemporains, tels que la protection de l’environnement et de la nature (« Art excentrique », « Recyclage », « Dons de la Terre »).

Source : Archives de Toni P. Spiteris, Page FB de la Fondation Telloglion
Le programme d’expositions vraiment inépuisable et varié du Telloglion comprend, entre autres, de grandes expositions thématiques consacrées à la poésie (Elytis, Seferis), à l’œuvre de musiciens importants (Vasilis Kalafatis, Kostas Nikitas, Yannis Papaioannou, Ross Daly) et d’architectes (Santiago Calatrava, Dimitris Fatouros, Tasos Kotsopoulos, Alexandros Tombazis, Dimitris et Suzanna Antonakaki), ainsi que de grandes expositions commémoratives sur des thèmes historiques, telles que « Delacroix met en scène 1821 », « Léonidas, Napoléon, Botsaris : Le langage des symboles », « L’armée de l’Orient peint Thessalonique » et « Le Philippot et le panorama de la ville de Paris ».
En 2016, la maison Telloglou a ouvert ses portes dans la rue Aristotelous, un nouveau centre d’activités et de culture qui accueille des expositions consacrées à l’histoire des Telloglou, à leurs plus petites collections (antiques, chinoises, orientales), des cours spéciaux, du théâtre, de la mode, des soirées littéraires, ainsi que des visites guidées fréquentes pour le public sur l’histoire du lieu. La même année, le « Petit Telloglion » a été créé, une boutique d’art élégante située dans le centre-ville, rue Karolos Dil, où l’on peut trouver des livres, des objets décoratifs, des objets utilitaires et des bijoux liés aux expositions du Telloglion.

À l’occasion des 25 ans du Telloglion et du centenaire de l’Université Aristote de Thessalonique l’exposition « TECHNI (Art) – DIAGONIOS (Diagonale) et le musée qui n’a pas vu le jour » est organisée du 3/10 au 10/2/2026 marquant une rencontre unique entre deux parcours culturels importants de la ville de Thessalonique. Il s’agit d’une part de la collection d’œuvres d’art sous le nom « ART » de la Société artistique macédonienne, une organisation artistique qui a marqué les années 50 avec des personnalités importantes et un travail multiforme dans une multitude d’arts, et d’autre part, de la « Petite Pinacothèque – DIAGONIOS », une importante collection de peintures, de gravures et de photographies du grand poète de Thessalonique Dinos Christianopoulos.

L’exposition présentant deux phases représentatives de l’activité culturelle et intellectuelle de la Thessalonique d’après-guerre met en lumière, de la manière la plus éloquente qui soit, son passé récent à travers l’art plastique. Ces deux collections d’œuvres d’art qui constituent aujourd’hui un noyau culturel au cœur du campus universitaire comptent au total plus de 600 œuvres et documents provenant de plus de 200 créateurs.
« TECHNI » avait un caractère extraverti, avec des collaborations à Athènes et à l’étranger et elle a ainsi ouvert la voie sur de nombreux fronts depuis les années 1950 en matière de musique, de théâtre, de cinéma, de revendication de la création et du soutien d’institutions (Orchestre national de Grèce du Nord, Théâtre national de Grèce du Nord, Pinacothèque, École des beaux-arts et des arts appliqués, Festival du cinéma). « TECHNI » a mis en place un programme riche comprenant des publications, des concerts, des expositions, des conférences, des débats publics, des spectacles, des projections, etc., à Thessalonique et dans le nord de la Grèce. Le lien avec l’université a été un aspect déterminant du groupe « TECHNI », tout comme son caractère éducatif et la présence de créateurs grecs, chypriotes et étrangers avant-gardistes. D’autre part la « Petite Pinacothèque – DIAGONIOS » de Christianopoulos qui a vu le jour plus tard (1974-1993), s’est principalement concentrée sur les artistes locaux et a eu une action ciblée et importante dans la vie intellectuelle plus large de la ville.

Malgré leurs différences, les deux groupes partageaient des principes communs : l’amour pour la ville, les jeunes et l’éducation. Ces « croisements » sont présentés au deuxième étage de l’exposition, où se distingue également la section « Le musée qui n’a pas vu le jour » puisque les deux groupes aspiraient à la création d’un musée, idée qui n’a pas été réalisée.
Force est de constater qu’entre les années 1950 et 1990, TECHNI et DIAGONIOS, chacune à son échelle, n’étaient pas deux propositions opposées ou conflictuelles, mais leur action apparaît de plus en plus comme innovante, fructueuse et productive. Il s’agit en substance d’un riche héritage et d’un exemple, où la contribution à l’éducation et à la ville était leur principe fondamental et leur mission commune.
La Fondation des Arts Telloglion possède désormais les œuvres d’art de la collection « TECHNI » de la Société artistique macédonienne, alors que la bibliothèque centrale – Centre d’information de l’Université Aristote de Thessalonique abrite la collection de Dinos Christianopoulos.
La Fondation a développé des plateformes d’accès numérique à ses collections. Le public et les chercheurs ont la possibilité de naviguer virtuellement et d’utiliser la plateforme de recherche et de visualisation des données des trois importants dépôts de la Fondation. Ces dépôts conservent un contenu culturel documenté d’une grande valeur dans les domaines de l’histoire de l’art, de la culture et de la musique.
IE
TAGS: arts | Culture | Grèce | Thessalonique