COMME ENDYMION
 
II 
 
 
 
Et cette nuit et l’autre nuit
Où l’on empoigne un homme par son âme et une main le sème sur les routes
Cette nuit et l’autre nuit compas et turbine
Ont un air de vie inversée
De fleur et d’étoile en la fracture d’un soir
Un air d’ultra-son dans une coupe où crient des chaînes chimiques
D’échelle de l’âme dans une montée blanche
 
Avec le cœur avec les yeux
Et la couleur de chacun des actes j’ai enjambé des questions
Car je viens d’oublier rossignols et coups d’épée aux douces promenades
Et nul ne m’a vu cette nuit l’autre nuit
Tous m’ont pris pour un agent de change
D’autres m’ont cru conspirateur la dynamite entre les dents sous les semelles
Mais moi j’étais fil d’acier d’une pendule sonnant l’imprévu au-dessus du voile d’un théorème ou d’un
Mouvement qui joue prenant toutes précautions l’univers et son meurtre aux dés
Ou selon le rythme de l’erreur
 
Tel que j’étais à quarante-sept ans anéanti par un amour qui pourrissait dans d’inconnues cavités de baisers
Je suis parti d’une fenêtre à la lumière en mille miettes et dans l’asphalte humide j’ai vendangé tout mon être
Et l’ayant digéré en hydroxyles en inconcevables trajectoires de feu
En hormone en herbe marine au goût de sel
Je me suis lancé seul sur les routes plein d’une soif renfermée de chansons d’aurores sur des rivages
 
Tel que j’étais plein de mes propriétés de minéraux ambrés doucement phosphorescents
J’ai recherché partout — même dans les restes d’une vision
La faible probabilité pour moi (l’impossibilité au moins) de prononcer la première lettre de toute chose
 
Le M
 
Traduction: Michel Volkovitch
Peinture: Johann Michael Rottmayr, Diana and Endymion

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