Au pied des montagnes de la Macédoine centrale, non loin de l’actuelle ville de Vergina dans le nord de la Grèce,  repose un site d’une importance majeure : Aigai, la première capitale du royaume de Macédoine. Le palais monumental à la somptueuse décoration de mosaïques, la nécropole avec plus de trois cents tumulus, ainsi que la tombe de roi Philippe II qui conquit l’ensemble des cités grecques, ouvrant la voie à son fils Alexandre le Grand, sont parmi les vestiges de ce site unique, classé patrimoine mondial de l’Unesco em 1996.

L’ancienne ville d’Aigai, première capitale du royaume de Macédoine depuis sa fondation au début du VIIe siècle av. J.-C. jusqu’au transfert du siège à Pella (IVe siècle av. J.-C) est un site impressionnant comprenant le palais royal et la nécropole, où se trouverait la tombe du roi Philippe II, père d’Alexandre le Grand. Le site archéologique d’Aigai, situé près de la petite ville de Vergina, est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996 en tant que « témoignage exceptionnel d’un développement significatif de la civilisation européenne, lors de la transition de la cité-État classique à la structure impériale des périodes hellénistique et romaine ».

La région s’Aigai était habitée depuis le IIIe millénaire av. J.-C., et a été densément peuplée depuis le XIe siècle. On pense que son nom, qui signifie « la terre aux nombreuses chèvres », tire son origine de l’activité de ses habitants.

Selon la mythologie, Perdiccas Ier, roi de Macédoine de la dynastie des Argéades et fondateur effectif du royaume qui règne de v.  673 à v.  651 av. J.-C., aurait fondé Aigai comme capitale.

Une légende évoquée par Hérodote fait descendre la dynastie des Argéades de Téménos, un descendant d’Héraclès originaire de la cité d’Argos. La ville connait son apogée aux VIe et Ve siècles av. J.-C., devenant la cité la plus importante de Macédoine, avec une population menant une vie luxueuse et raffinée, comme en témoignent les ustensiles, bijoux et armes richement ornés retrouvés de cette époque.

À l’époque d’Archélaos (413–399 av. J.-C.), Aigai devient le centre culturel du royaume, illuminée par la présence de certains des plus grands artistes et intellectuels de l’époque. Parmi eux figurent le peintre Zeuxis et les poètes Timothée et Agathon, ainsi que Euripide lui-même.

Dans la première moitié du IVe siècle av. J.-C., les évolutions politico-militaires générales mènent au déplacement du centre administratif vers la mer, à Pella. Toutefois, Aigai demeure le centre traditionnel, où se déroulent les cérémonies religieuses essentielles et les grandes fêtes, et où sont enterrés les rois.

Sous le règne de Philippe II (359–336 av. J.-C.), l’ancienne capitale sacrée connaît un nouvel âge d’or, perceptible en tous lieux, accompagné d’une intense activité de construction, qui se poursuit et s’achève avant la fin du siècle.

À l’été de 336 av. J.-C., le roi décide de célébrer sa toute-puissance. Désarmé, vêtu de blanc, une couronne festive sur la tête, il suit la procession sacrée. C’est dans le théâtre d’Aigai qu’il rencontre son destin. Frappé par le couteau de l’assassin, Philippe tombe mort sous les yeux des spectateurs, teignant de son sang le sol de l’orchestre.

Cette mort marque un tournant décisif : son fils Alexandre est immédiatement proclamé roi et c’est à partir de ce moment qu’allait commencer l’une des plus grandes épopées de l’histoire antique.

Pendant le règne d’Alexandre le Grand (336–323 av. J.-C.), même si Aigai n’était plus la capitale administrative de la Macédoine — ce rôle avait été transféré à Pella — mais la ville reste le cœur spirituel et religieux du royaume ; c’est là où les Macédoniens honorent leurs ancêtres, c’est là où où les rois sont inhumés et les Macédoniens honorent leurs ancêtres.

Ce n’est qu’à l’époque des Diadoques (les successeurs rivaux d’Alexandre) que la gloire d’Aigai prend fin ; avec la conquête romaine de la Macédoine, la ville est ravagée, ses murs ainsi que ses monuments importants sont détruits

Après la défaite du dernier roi macédonien, Persée, face aux Romains, en 168 av. J.-C., l’ancienne cité royale est ravagée, ses remparts, le palais, le théâtre et d’autres bâtiments publics sont incendiés et démolis. En plus, l’ancienne hiérarchie est abolie, et la ville est progressivement abandonnée au cours des premiers siècles après J.-C.

Entre-temps, le nom d’Aigai cesse d’exister et le berceau des Téménides est voué à l’oubli des siècles.

En 1922, à l’emplacement d’Aigai, la petite ville de Vergina est fondée par des réfugiés grecs venus d’Asie Mineure à la fin de la guerre gréco-turque de 1919-1922.

Les premières fouilles sur le site commencent dès 1861 (alors que la région faisait encore partie de l’Empire ottoman) sous la direction de l’archéologue français  Léon Heuzey, dans l’hypothèse qu’il s’agissait des ruines de l’ancienne ville de Balla (toujours non découverte) .

Le premier à suggérer que le site antique découvert près de Vergina était en réalité celui d’Aigai etait l’historien et philologue britannique N. G. L. Hammond, éminent spécialiste de l’histoire de la Macédoine antique.

En 1937 les fouilles recommencent sous la conduite de l’Université Aristote de Thessalonique et vers la fin des années 1970 l’identification définitive du site comme la première capitale macédonienne fut établie, grâce à la découverte du Tombe de Philippe II de Macédoine, par l’archéologue Manolis Andronikos.

Bien que le groupe funéraire de Philippe II soit le monument le plus célèbre de la nécropole d’Aigai, il est loin d’être le seul. La nécropole d’Aigai, cœur du site archéologique et du musée, compte plus de 500 tumuli, dont les plus anciens remontent au XIe siècle av. J.-C. ; la nécropole archaïque contient des tombes en fosse datées du début du VIe jusqu’au début du Ve siècle av. J.-C., tandis qu’une autre extension du site date de l’époque classique (Ve-IVe siècles av. J.-C.).

En 1987, le  Groupe des Reines  est découvert, comprenant quatre grandes fosses et trois tombes monumentales. Une autre tombe, que l’on pense appartenir à la reine Eurydice, mère de Philippe II, fut trouvée pillée, mais contenait un trône orné de décorations raffinées.

Les fouilles sur le site se poursuivent encore aujourd’hui, révélant de nouvelles découvertes ; ces dernières années, le  Groupe des Téménides  a été mis au jour, comprenant jusqu’à 20 tombes.

*Sources principales du texte: Greek News Agenda | The Archaeological Site and Polycentric Museum of Aigai, UNESCO, Ministère grec de la Culture

Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’UNESCO | Le site archéologique de Philippes (2016)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’UNESCO : Temple d’Apollon Épikourios à Bassae (1986)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco: Délos (1990)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’UNESCO | Météores: Les monastères suspendus au ciel (1998)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco: Pythagoreion et Heraion de Samos (1992)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco : Site archéologique d’Aigai (nom moderne Vergina) (1996)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco : sites archéologiques de Mycènes et de Tirynthe (1999)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco : le monastère de Saint Jean et la grotte de l’Apocalypse à Patmos (1999)
Les sites grecs classés patrimoine mondial de l’Unesco: la vieille ville de Corfou (2007)
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M.V.

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