En Grèce, la navigation s’est développée depuis l’Antiquité et  les routes maritimes ont connu un essor considèrable par rapport à d’autres voies de transport. La formation de l’Etat grec fournit le pays avec une capitale située à Athènes qui maintient des rapports privilégiés avec les îles par rapport à la Grèce profonde montagnarde et difficilement accessible. Il est à noter qu’un Guide d’Athènes en 1860 nous informe qu’Athènes, via le Pirée, s’associe par des bateaux à vapeur avec la partie sud du pays, le reste de la Grèce Continentale, le Péloponnèse, les îles ioniennes, les îles du Golfe Saronique, l’île de Syros, l’île de Mytilène, les côtes de l’Asie Mineure mais aussi avec l’Italie. A mentionner aussi que des bateaux à vapeur français et autrichiens effectuaient parallèlement des trajets vers les mêmes destinations.
 
 A la gare de Valira Ithomis (Péloponnèse) en 1901. [Du voyage de Konrad Hustaedt dans le Péloponnèse]. Source

Une brochure publiée en 1868 nous apporte le témoignage suivant: «Ce pays est non seulement entouré par la mer, qui en fait une presqu’île, mais entrecoupé de nombreux golfes, plus ou moins profonds, dont un, celui de Corinthe, la traverse d’Occident en Orient presque de part en part. Pour les pays de cette configuration, tout en étant très utiles, les routes n’ont assurément pas ce caractère de nécessité absolue qu’elles ont ailleurs, où leur défaut frappe d’impuissance l’agriculture» [Pierre A. Moraitinis, La Grèce telle qu’elle est, Paris, 1877, Re-édition, Athènes, 1986, p.434.].

 
En réalité, la Grèce n’était reliée que par 150 km de routes carrossables jusqu’en 1862 et le rythme de construction des routes ne s’accélère effectivement qu’au moment du Gouvernement de Trikoupis (pendant la législature 1883 – 1892), au cours duquel 1.346 km de routes carrossables ont vu le jour.
 
Gare Thseio 1880 sansimera
La gare de Thissio en 1880. Source: sansimera.gr 
 
1869: les trains arrivent en Grèce 
 
En ce qui concerne le réseau ferroviaire grec, il faut noter que les travaux permettant la liaison entre la capitale et le reste du pays ont enregistré un certain retard. Le premier chemin de fer en Grèce fut la ligne privée Athènes-Le Piréede, 9 km de longueur, réalisée en 1869. Le tracé de la ligne de métro Athènes-Le Pirée de nos jours reprend d’ailleurs celui de cette première ligne passant en particulier par la partie nord de l’Agora d’Athènes.
 
Après 1883 et jusqu’en 1905, de nombreuses nouvelles voies ont  lié la capitale à des villes importantes comme Larissa, Corinthe, Patras et Chalcis. Des voies ont été créées pour relier par ailleurs certaines villes grecques entre elles. Des chercheurs (notamment Papagiannakis) ont conclu que le réseau ferroviaire grec n’a pas favorisé les grands trajets en train mais a plutôt aidé des régions voisines à s’ouvrir l’une vers l’autre et donc la plupart des habitants se servaient du réseau pour des petits trajets.

En 1882, la construction du réseau de Thessalie était rétrocédée à l’ingénieur italien Evaristo de Chirico (père du futur célèbre peintre Giorgio de Chirico) qui devrait apporter son concours au français M. Lescanne.  

Ce n’est qu’en1883que la première ligne est ouverte dans le Péloponnèse en voie métrique. En1884, la liaison entre Volos et Larissa est également ouverte en voie étroite. Plus précisement, les lignes les plus importantes qui ont été ouvertes au public à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle: en 1883 la ligne Pirgos – Katakolo (Péloponnèse), en 1884 Pirée-Corinthe – Eleusis (et   par correspondance vers Mégare), en 1885 Athènes (Place d’Attique)-Kifissia et Athènes-Laurion, en 1886 Volos – Larissa et Corinthe- Argos – Nauplie, en 1887 Pirée-Patras, en 1890 Lehena – Amaliada – Pirgos – Olympie (Péloponnèse), 1891 Messolongi – Agrinio – Krioneri, en 1900 Athènes – Larissa, en 1902 Pirgos – Kiparissia – Meligala, en 1904 Pirée – Thèbes – Chalcis et enfin en 1905 la ligne Pirée – Melouna.
 
Les Chemins de fer dans le Péloponnèse: une histoire compliquée
Le 19 avril 1882 un contrat a été signé entre des groupes étrangers et l’État grecpour la construction et l’exploitation de diverses lignes ferroviaires dans le Péloponnèse (entre elles se trouvait la ligne Le Pirée – Patras). 

La ligne serait unique, à écartement métrique, un choix qui avait provoqué de vifs débats dans l’Assemblée Nationale puisque  le projet ferroviaire a tout de suite agencé les différentes options concernant le développement du pays:  lepremier ministreCharílaos Trikoúpisétait pour la voie métrique (il pensait que la construction d’une ligne métrique aurait un coût moins élevé et aiderait au développement du Péloponnèse) tandis qu’Alexandros Koumoundouros était contre (il pensait que ce choix  limiterait la ligne dans le Péloponnèse). 

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Gares ferroviaires abandonnées dans le Péloponnèse (circa 2014).
 
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ligne de Péloponnèse subit des dégâts importants et vers la fin des années 1980, l’état grecdécide de construire une nouvelle ligne à grande vitesse entre Athènes et Patras. Cette ligne serait d’écartement normal et remplacerait la ligne métrique mais au fil des années, les différentes administrations de l’OSE ne pouvaient prendre une décision définitive concernant l’avenir de la ligne

Au bout de  quelques années marquées par des tensions relatives au fonctionnement, le 30 mars 2011, suite à la crise économique traversée par la Grèce, les chemins de fer nationaux OSE ont mis fin à l’exploitation du grand réseau à voie métrique du Péloponnèse, composé de 597 kilomètres de lignes, après 120 ans de vie.
 
 Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr