Le Musée Alekos Fassianos, qui a ouvert ses portes à Athènes le 26 avril 2023, invite le public à découvrir l’étendue de l’œuvre d’un des plus grands artistes grecs du XXe siècle, dont les œuvres ont fait le tour du monde. Alekos Fassianos (1935-2022) a puisé dans ses souvenirs d’enfance et s’est inspiré de la mythologie et du folklore grecs pour ses créations. La collection du musée comprend des œuvres datant de 1956 jusqu’à la fin de la vie de l’artiste aux multiples talents,  qui  a partagé sa vie ente son pays natal et la France.

De la maison de famille à la création d’un musée

Le bâtiment qui abrite le musée appartenait à la famille du peintre et  était initialement -des années 1930 aux  années 1970- une petite maison néoclassique avec une cour intérieure et un toit de tuiles. C’est la maison où Fassianos a passé son enfance, le quartier où il a grandi et créé ses premiers souvenirs, ces souvenirs d’enfance que l’on retrouve dans ses  thèmes artistiques.

Dans les années 1970, le bâtiment néoclassique est démoli pour devenir, comme l’a voulu la mère de l’artiste, un immeuble pour tous les membres de la famille. Vers la fin des années 1980, Fassianos, qui vit alors à Paris, demande à son ami architecte Kyriakos Krokos de réaménager le bâtiment, en organisant au rez-de-chaussée un petit espace d’exposition pour accueillir ses œuvres. C’est ainsi qu’est née l’idée de la création du Musée Alekos Fassianos.

Le bâtiment du musée et son intérieur sont le fruit de la collaboration étroite entre Fassianos et Krokos. Ils reflètent leurs principes esthétiques communs et se caractérisent par des lignes pures et simples, en établissant un «dialogue» entre les œuvres et l’espace qui les abrite. La sensibilité artistique avec laquelle le musée a été créé est évidente si  on observe les détails, tels que le bel escalier en colimaçon, le sol décoré avec des mosaïques, les figures peintes sur les murs en utilisant la technique de la fresque et le dragon en métal suspendu au plafond du sous-sol pour dissimuler les câbles électriques.

Découvrir la collection du Musée Alekos Fassianos

Le musée expose des œuvres de jeunesse du peintre datant des années 1960 et des premières années à Paris, des œuvres influencées par l’art byzantin, des collages, des techniques mixtes, des peintures plus ou moins connues de Fassianos, qui représentent des images et des souvenirs d’enfance du quartier d’Agios Pavlos et de la ville d’ Athènes, où il a grandi. Les héros de son enfance se mêlent aux héros de la mythologie grecque, créant le héros éternel, à savoir l’homme.

Les visiteurs ont l’occasion de découvrir l’artiste polyvalent à travers des peintures, des objets fabriqués à la main, des meubles, ainsi que des textes qu’il a écrits, des livres qu’il a illustrés et des archives sur les décors et les costumes qu’il a conçus pour les comédies d’Aristophane et les pièces de théâtre d’Eugène Ionesco et de Jean-Paul Sartre.

Une vie partagée entre la Grèce et la France

Alekos Fassianos a étudié la peinture de 1956 à 1960 à l’École des Beaux-Arts d’Athènes, dans l’atelier de Yiannis Moralis. Il s’est familiarisé avec la céramique grecque et l’art byzantin, et il a suivi les cours de Yiannis Tsarouchis, qui a eu une grande influence sur son travail.

En 1960, grâce à une bourse du gouvernement français, il s’est  installé à Paris et étudié la lithographie à l’École des Beaux-Arts de Paris. En 1963, de retour à Athènes, il s’est installé avec d’autres artistes à «l’atelier de Kallithea », qui est devenu un lieu de rencontre pour des artistes et des poètes. C’est là que Fassianos a peint son premier «Cycliste qui  fume». À la même époque, il s’est lié d’amitié avec d’autres artistes et des intellectuels, tels que Odysseas Elytis, Miltos Sachtouris et Andreas Embirikos.

En 1967, avec la dictature des colonels en Grèce, Fassianos s’ est installé à Paris. Deux ans plus tard, il s’est lié d’amitié avec le légendaire marchand d’art Paul Facchetti, avec qui il a entamé une collaboration créative. Dans les années 1970, il a été représenté par la galerie d’Alexandre Iolas et il a exposé ses œuvres avec Max Ernst, René Magritte, Giorgio de Chirico et Martial Raysse, dans des galeries à Paris, New York, Milan et en Suisse.

En 1983, Blaise Gautier organise une exposition monographique des œuvres de Fassianos au Centre Pompidou, à Paris, dans le cadre de la  «Revue parlée», tandis qu’en 1985 est organisée sa première rétrospective au Château de Chenonceau, en France. Ses œuvres sont présentées dans une série d’expositions dans le monde entier, et en plus il participe à des événements artistiques majeurs tels que les Biennales de Venise et de São Paulo.

La France lui a remis la distinction d’Officier de la Légion d’Honneur en 2013 et de Commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres en 2021. 

Un artiste aux multiples talents

Alekos Fassianos, un artiste aux multiples talents, s’est aussi consacré à l’écriture, la poésie, la céramique, la scénographie, l’architecture et au design, créant des objets utilitaires tels que des meubles et des lampes pour son espace personnel. Il a créé des costumes et des décors pour de nombreuses pièces de théâtre, comme «Hélène» d’Euripide (1976), «Les Oiseaux» et «Lysistrata» d’Aristophane (1978, Théâtre national de Grèce), et en 1980, il a conçu les décors de la pièce «Huis Clos» de Jean-Paul Sartre. Il a également illustré de nombreuses publications pour des écrivains et des poètes tels qu’Odysseas Elytis, Constantin Cavafy, Yiannis Ritsos, Louis Aragon, Guillaume Apollinaire, Jacques Lacarrière et Paul Valéry, entre autres.

Source: Musée Alekos Fassianos

Photos: © Louisa Nikolaidou /Alekos Fassianos Estate (1), © Paris Tavitian / Alekos Fassianos Estate (2,3,4,5,6,8,9,10),  © Alekos Fassianos Estate (7)

S .G.

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