Michalis Cacoyannis, mort en juillet 2011, était un cinéaste internationalement connu (voir Grèce Hebdo, 28.07.11). Né en Chypre en 1921, Cacoyannis faisait des études de droit à Londres quand la seconde guerre mondiale éclata. Bloqué en Angleterre, il produit des émissions grecques pour la BBC. En même temps, il suit des cours d’art dramatique et des cours de mise en scène à l’Old Vic Theater. Il débute sa carrière en tant qu’acteur en 1947 mais il se consacre vite à la mise en scène.

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Au total, il a réalisé 15 films, 36 pièces théâtrales et 7 opéras. Sa phase néoréaliste démarre en 1954 avec le film Le Réveil du Dimanche, une comédie romantique bien originale, dont la ‘fraicheur’ dure jusqu’à nos jours. Ce film, présenté à Cannes en 1954, marque le début d’une brillante carrière internationale.

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En 1955, il réalise Stella, histoire d’une chanteuse qui défend sa liberté de vivre et d’aimer et dont le sort se révèle fatal. C’est le premier rôle de Mélina Mercouri qui joue Stella. Le film obtient en 1956 le Golden Globe du meilleur film étranger. En 1956, La fille en noir, tourné à l’île d’Hydra, donne à Cacoyannis l’occasion de dénoncer la pesanteur de la tradition dans la province grecque: oppression des femmes, poids du deuil, interdictions rigoureuses empêchant toute réelle relation homme-femme.

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En 1964, il filme Zorba le Grec, d’après le roman de Kazantzakis. Il met en scène un jeune écrivain britannique, qui retourne en Crète pour prendre possession de son héritagel. C’est le long-métrage le plus connu de Cacoyannis, qui dépeint une Grèce rurale, extrêmement pauvre et austère aux mœurs rigides où les femmes adultères sont victimes de crimes d’honneur. ‘‘Quand tout est foutu, quand on a envie de baisser les bras, quand les larmes coulent le long des joues, quand le chagrin nous étreint, il suffit de danser, de laisser la douleur quitter le corps par les pieds comme un courant électrique dans la terre et de retrouver les sensations de l’espace et de la vie’’. C’est la grande leçon de ce monument du cinéma qu’est Zorba le Grec, selon Le Soir.

 
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Au début des années 60, il renouvèle le genre de la tragédie antique grecque, en utilisant des décors naturels qui en faisaient des œuvres cinématographiques à part entière et non plus du théâtre filmé. Cacoyannis tournait à l’extérieur et les paysages étaient un élément essentiel de ses films, un protagoniste de la tragédie en quelque sorte.
 
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La vraie consécration de Cacoyannis se confirme avec Électre, Iphigénie et Les femmes de Troy, via lesquelles il réussit à évoquer les thèmes issus de la tragédie antique comme la famille, l’honneur, le destin, la vengeance et la mort, grâce aussi à la présence de sa muse, l’actrice Irène Papas. Si Zorba est son plus grand succès international, Electre est sans doute son plus grand succès d’estime.

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Cacoyannis réalisait des films parce qu’il avait de l’inspiration et non pas pour les ajouter à son CV. Tous les films qu’il avait dirigés ont comme élément de base la réalité. Selon Élie Castiel aux Sequences, ‘‘Qu’il s’agisse du Réveil du dimanche, de Stella, ou bien encore de La Fille en noir, le cinéaste montrait un savoir-faire indéniable, faisait preuve d’une direction d’acteurs impeccable et proposait un regard sur la vie et le cinéma d’un profond altruisme et d’un sens de l’observation percutant… Cacoyannis demeure l’un des grands humanistes du cinéma grec’’.
 
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