Argos, située dans la région de l’Argolide au nord-est du Péloponnèse, est considérée comme l’une des plus anciennes villes habitées en continu d’Europe occidentale. Témoin vivant de plus de 7 000 ans d’histoire, la ville d’Argos est une destination idéale pour les passionnés de mythologie, d’histoire et de découvertes authentiques loin des foules touristiques.

Les origines d’Argos, comme celles de beaucoup de cités grecques, se perdent dans un enchevêtrement de mythes, issus de traditions diverses.

Durant l’époque mycénienne (1600–1100 av. J.-C.), Argos devient une cité importante, en lien étroit avec des sites comme Mycènes et Tirynthe. C’est à cette époque que naissent plusieurs des mythes fondateurs de la civilisation grecque, liés aux rois légendaires d’Argos.

Selon la légende, Argos est habitée dès une période très ancienne par des populations préhelléniques que les auteurs grecs anciens appelaient les Pélasges, dont le roi, Pélasgos est, dit-on, fils de Zeus et de Niobé.

D’après une version, le fondateur de la ville est le dieu-fleuve Inachos, fils d’Océan et de Téthys, et père d’Io (amant de Zeus, transformée en vache). Argos, appelé aussi Argos Panoptès, est  un géant aux cent yeux, qui  aurait été le gardien d’Io, au nom d’Héra, l’épouse méfiante de Zeus et déesse protectrice d’Argos.  

Le développement économique d’Argos serait dû à Danaos, fondateur d’une nouvelle dynastie et éponyme du peuple qui porte son nom – les Danaens, qui, également, aurait construit son acropole.

Le mythe de Danaos révèle qu’au début de la période mycénienne, vers 1600-1500 av. J.-C., un nouveau peuple prend le pouvoir à Argos, originaire d’Égypte et de Phénicie, tandis que selon une autre version, les nouveaux habitants étaient des Achéens. De toute façon, Argos devient un puissant centre de la période mycénienne. Vers 1300 av. J.-C., le roi d’Argos, Adraste, accompagné de six autres rois-citadelles, marche contre Thèbes, événement décrit dans la tragédie d’Eschyle, Les Sept contre Thèbes.

Argos serait aussi le royaume de nombreux héros légendaires, notamment Persée, le tueur de la Méduse, et Diomède, l’un des héros majeurs de l’Iliade d’Homère qui règne sur Argos à l’époque de la guerre de Troie.

Avec l’arrivée des Doriens vers 1100 av. J.-C., une hypothèse contestée pars les historiens, Argos devient l’une des premières cités du Péloponnèse à passer sous domination dorienne. Les Doriens d’Argos occupent un vaste territoire allant de Cynourie à Égine, puis, à partir de l’Argolide, ils colonisent Rhodes, fondant Lindos et les Cyclades du sud. Le premier roi d’Argos après l’arrivée des Doriens est mentionné sous le nom de Téménos, fondateur de la dynastie des Téménides. Le culte d’Héra semble également avoir débuté à Argos dans cette époque-là.

Le site d’Argos est dominé par deux collines : Larisa, haut de près de 300 mètres, et la colline du Prophète Élie appelée conventionnellement « Aspis »  à cause de sa forme qui évoque celle d’un bouclier (en grec, aspis) – d’une altitude d’environ  90 mètres.

Les premières traces d’occupation humaine à Argos remontent au néolithique, autour de 5000 av. J.-C. Grâce à sa position stratégique dans une plaine fertile et proche de la mer, Argos s’est rapidement développée comme un centre agricole et commercial.

Durant la période archaïque (VIIIe – VIe siècle av. J.-C.), Argos émerge comme l’une des plus puissantes cités du Péloponnèse, rivalisant même avec Sparte. C’est une époque d’expansion culturelle, politique et militaire pour la ville et l’un des personnages clés de cette période est le roi Pheidon (VIIe siècle av. J.-C.).  On lui attribue trois grandes réalisations : il reprend possession du « lot de Téménos » (il unifie l’Argolide), il standardise les poids et les mesures et il retire à Olympie l’organisation des Jeux olympiques.

Argos devient aussi un foyer artistique exceptionnel, surtout dans la sculpture. C’est dans cette cité que naissent ou se forment des artistes majeurs comme Polymèdes et Polyclète, dont les travaux influencent durablement l’art classique. L’école d’Argos développe un style réaliste, harmonieux et centré sur les proportions idéales du corps humain.

Progressivement, Argos connaît un déclin militaire progressif, notamment face à l’expansion de Sparte, tout en conservant son autonomie et son prestige culturel jusqu’à l’époque classique.

L’histoire d’Argos se confond par la suite avec celle de l’Empire romain devenu byzantin et de la Morée (nom médiéval du Péloponnèse). Les croisés de la principauté d’Achaïe la conquièrent vers 1212 formant avec sa voisine Nauplie la seigneurie d’Argos, avant de devenir vénitien et ottomane jusqu’à la guerre d’indépendance de la Grèce (1821-1829).

Argos aujourd’hui est une destination méconnue, idéale pour les passionnés de mythologie, d’histoire et de découvertes authentiques loin des foules touristiques. Proche de Nauplie, Mycènes et Épidaure, Argos forme un circuit archéologique incontournable avec notamment le théâtre antique, l’Héraion (sanctuaire dédié à Héra), le musée archéologique, les thermes romains, les vestiges de l’Agora antique ainsi que Larisa, l’acropole d’Argos, avec vue panoramique et fortifications médiévales.

Magdalini Varoucha | Grecehebdo.gr

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M.V.

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