Le fleuve Achéloos, connu aussi sous le nom Aspropotamos, est un dieu-fleuve par excellence, considéré comme le plus ancien et le plus puissant des fleuves dans la mythologie grecque. Long d’environ 220 kilomètres, (deuxième du pays après Aliakmonas d’environ 297 km) , la route d’Achéloos donne vie au paysage naturel et aux villages traditionnels et ses mythes nourrissent l’imaginaire.

Le fleuve Achéloos prend sa source dans les montagnes Pindos, dans le nord-ouest de la Grèce,  et traverse plusieurs régions, notamment l’Épire, la Thessalie et l’Étolie-Acarnanie, avant de se jeter dans la mer Ionienne formant un vaste delta avec des zones humides protégées sur les iles Echinades. Selon le mythe, les Echimades étaient autrefois cinq nymphes. Un jour, elles sacrifient dix taureaux et invitent toutes les divinités des champs à leur fête. Révolté d’avoir été oublié, Achéloos les métamorphose en îles.

Dans l’Antiquité, Achéloos était glorifié comme un dieu-fleuve, ce qui montre l’importance qu’il revêtait pour les populations locales. Fils aîné du Titan Océan et de sa sœur Téthys, il est aussi le père (ou le frère) des Sirènes et de nombreuses nymphes, Achéloos apparait dans plusieurs mythes,  notamment dans les aventures d’Héraclès, qu’il affronte pour obtenir la main de Déjanire, fille d’Œnée (roi de Calydon, capitale de la région de l’Étolie). Au cours de ce combat, Achéloos prend plusieurs formes (serpent, taureau), avant d’être vaincu par le héros, qui lui arrache une corne et la jette dans le fleuve Toante qui prend ainsi le nom d’Achéloos. Achéloos se réfugie alors dans les roseaux, à l’abri des regards, tant la honte éprouvée est grande. Les naïades, ou les Hespérides, reçoivent la corne, la remplissent de fruits et de fleurs, et la consacrent à l’Abondance – ou à la Fortune. Selon un mythe, Achéloos offre à Héraclès la corne d’Amalthée en échange de la sienne.

Dans une majorité des textes antiques (dont la Théogonie d’Hésiode, Homère), Téthys et Océan sont les parents des cours d’eau. Evoqué aussi dans l’Iliade, Achéloos incarnerait le « père » de fleuves et son culte est répandu dans plusieurs régions de Grèce.

Également, plusieurs batailles historiques se sont déroulées à proximité du fleuve, notamment pendant les guerres entre les cités grecques ou durant la guerre du Péloponnèse. À l’époque classique, des temples et des sanctuaires dédiés à Achéloos existaient dans les régions environnantes.

Au-delà de son importance mythologique et géographique, le fleuve Achéloos,  appellé aussi Aspropotamos, signifiant Rivière Blanche en grec,  .est aussi lié avec la naissance de l’état grec.

Lorsque la Grèce est officiellement reconnue comme un État indépendant et souverain avec la signature du Protocole de Londres de 1830, le fleuve Achéloos(ou Aspropotamos) estalors fixé comme la frontière nord-ouest du nouvel État. Plus précisément, la ligne Achéloos –Spercheios est à l’époque la limite naturelle entre la Grèce libre et les territoires encore sous domination ottomane, comme l’Épire et la Thessalie. Cette frontière est maintenue jusqu’en 1881, quand la Thessalie et une partie de l’Épire sont unies avec la Grèce repoussant ainsi la frontière vers le nord.

Achéloos reste une ressource essentielle pour l’irrigation agricole dans l’ouest de la Grèce, notamment dans les plaines d’Étolie-Acarnanie, la production hydroélectrique, grâce à plusieurs barrages majeurs comme ceux de Kremasta, Kastraki, et Stratos et l’alimentation en eau potable pour certaines régions locales.

La route du fleuve offre une nature sauvage, des paysages impressionnants entre falaises, forêt et rivière, ainsi que des villages authentiques et des possibilités variées pour les amateurs d’écotourisme et de calme : des randonnées dans les gorges de l’Achéloos, des sentier uniques dans la chaîne du Pinde, notamment autour des villages traditionnels de Tzoumerka, des ponts de pierre, des monastères et églises byzantines, notamment le Monastère de Kipina (construit à flanc de falaise vers 1200).

Achéloos est navigable à certains endroits, pour les amateurs du canoë-kayak, et on y trouve aussi des petites plages de rivière avec des eaux claires et fraîches, notamment autour du Parc national de Tzoumerka et du lac Kremasta, le plus grand lac artificiel de Grèce.

Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr

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M.V.

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