On entend parfois dire que les grecs ne dansent pas… il suffit d’une soirée dans une taverne où l’on joue du Rebetiko pour rompre cette idée reçue. Lorsque l’ambiance bat son plein, que le bouzouki chauffe et que les convives tapent de plus en plus fort dans les mains, on peut alors s’attendre à voir l’une d’entre elles se lever et entamer les premiers pas de Zeibekiko
Le Zeibekiko est la danse traditionnelle qui accompagne le Rebetiko. Son étymologie fait débat. Certains lui octroient une origine guerrière en l’associant à Zeibek un héros d’Anatolie alors que d’autres y voient la contraction de ‘’ Zei ‘’ Zeus et de ‘’ bekos ‘’ pain en dialecte phrygien, ce qui symboliserait alors l’union du corps et de l’esprit. 
Selon la tradition, le Zeibekiko se danse seul et uniquement par un homme. L’assemblée doit se contenter de l’encercler, le genou à terre, en l’applaudissant. Rejoindre le danseur pour l’accompagner pouvait être perçu comme un terrible manque de respect voire un affront, ainsi cela conforte la première étymologie qui accorde au Zeibekiko un caractère viril. 
Le critère du danseur unique sacralisait beaucoup le rituel du Zeibekiko. Aujourd’hui la pratique du Zeibekiko a bien changé, plusieurs danseurs peuvent désormais s’accompagner et elle surtout elle n’est plus réservée exclusivement aux hommes. Cette réappropriation féminine a même donné un caractère sensuel à une danse qui était d’origine masculine et synonyme de virilité. 
Les mouvements ne sont pas strictement définis mais répondent plus ou moins à une attitude commune. Au début, le danseur fixe le sol intensément comme signe de respect des paroles du rebetiko. Ensuite il lève et écarte les bras, tournoie et finit par se laisser porter d’un côté puis de l’autre en claquant des doigts. En fonction de la musique, il gagne en intensité, lève la tête au ciel, tournoie à nouveau et frappe son talon d’une main, ou passe une jambe au-dessus de la tête de l’un des amis à genou autour de la piste.


Certains anciens disent que pour danser le Zeibekiko, il faut avoir la mastoura (l’ivresse de l’alcool ou du haschich), en tout cas ce qui est sûr c’est que ce rituel doit émaner d’une communion avec la musique, les musiciens et l’atmosphère ambiante. Ainsi le danseur est comme possédé par la musique offrant alors un spectacle fascinant qui amplifie aussi bien la profondeur de la mélodie du Rebetiko que la convivialité et la festivité de la soirée. C’est pour cela que je préfère la seconde étymologie qui associe cette danse à une union du corps et de l’esprit. En effet, j’ai l’impression qu’avec le Zeibekiko le danseur exprime toute les émotions que font naitre en lui la mélodie et les paroles du Rebetiko.

Joséphine Faisant, étudiante en journalisme à Paris, effectue un stage au sein de la rédaction de GrèceHebdo.

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