Une tête en marbre a été découverte au centre d’Athènes, en novembre 2020, à seulement 1,3 mètre sous le trottoir de la rue Aiolou, lors des travaux menés par la municipalité d’Athènes. Il s’agit d’une statue du dieu Hermès de l’époque classique, une “œuvre d’art originale datant de la fin du 4e siècle ou du début du 3e siècle av. J.-C. “, selon un communiqué du ministère de la Culture et des Sports.

L’oeuvre représente “le dieu à l’âge mur et fait manifestement partie d’un hermès”, précise-t-il. Un hermès (ou stèle hermaïque) est une sculpture, généralement représentant la tête du dieu Hermès et parfois un buste, posée sur une colonne quadrangulaire et qui étaient érigée dans la Grèce antique aux carrefours pour marquer les limites. L’autre particularité est qu’elles sont composées uniquement d’un buste représentant le dieu Hermès ainsi que des attributs masculins. Elles sont à l’origine d’un grand scandale politique à Athènes à l’époque antique, les Hermocopides.

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Rue Aiolou (date inconnue). Source: Wikimedia Commons

Aiolou: de l’antiquité à nos jours

Ce n’est pas la première fois que cette rue révèle des découvertes archéologiques importantes – Aiolou a en fait une histoire longue et intéressante à raconter.

Rue fréquentée et bruyante à fort trafic de nos jours, Aiolou a toujours été une route principale dans la période archaïque, et a joué un rôle majeur dans l’histoire de la ville, comme en témoignent les fouilles qui ont commencé à la fin du XIXe siècle. Quand une grande partie de l’ancienne rue a été mise au jour dans les années 1970 lors des fouilles effectuées par l’Éphorie des Antiquités d’Athènes, l’importance de la rue Aiolou a été confirmée. Après une dizaine d’années la porte acharnienne du mur de Thémistocle (le mur principal entourant la ville pendant l’Antiquité) a été découverte lors de la rénovation de la place Kotzià et l’agrandissement du bâtiment de la banque nationale de Grèce.

Tour des Vents
L’horloge d’Andronicus Cyrrhestès – Wikimedia Commons – Templar 52

La rue Aiolou commence de la “Tour des Vents”, appelée aussi site de l’horloge d’Andronicus Cyrrhestès à Plaka – une structure octogonale en marbre construite en 100–50 av. J.-C. dans le site archéologique actuel de l’Agora romaine. Ainsi, la rue Aiolou a tiré son nom du dieu Éole qui est le gardien des vents; la Tour fonctionnait comme un cadran solaire mais comportait également une girouette et représentait huit divinités du vent.

En face du site où la tête en marbre d’Hermès a été découverte et près de l’église d’Agia Eirini (Sainte-Irène), une trouvaille extraordinaire a été mise au jour en 1885: une statue nue d’un jeune Hercule, aujourd’hui exposée au musée archéologique national d’Athènes. Il est très probable que la statuette d’Hercule, datant de la fin du 4e siècle., ornait un passage du sanctuaire, dédié soit à Hercule, soit à une divinité inconnue.

Les fouilles de 1970 ont également révélé un fragment d’une pierre tombale de la période classique et une autre du début de la période romaine. Selon l’archéologue Eleni Banou, directrice de la troisième éphorie des antiquités préhistoriques et classiques, “un cimetière aurait été établi à la bordure à côté de l’ancienne route à partir de la fin du 5e siècle av. J.-C., pratique courante des peuples de l’Antiquité jusqu’à la première conquête romaine” .

Une autre pierre tombale trouvée un peu plus à l’ouest sous la rue Athinas, également exposée au musée archéologique d’Athènes, révèle la grande surface du cimetière classique. Il date de 350-325 av. J.-C. et représente en relief le défunt, une femme assise sur un tabouret, tendant la main à une autre femme, membre de la famille, qui lui tient tendrement le poignet se touchant par l’autre main le visage.

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Hermès attachant sa sandale, copie en marbre romain impérial du début d’un bronze du Lysippan (Musée du Louvre). Source: Wikimedia Commons

L’ancienne route durant les années a coexisté avec d’autres voies sacrées, comme le démontrent les deux autres églises chrétiennes, les églises de Panagia Chrysospiliotissa (Dormition de la Vierge Marie) et d’Agia Paraskevi qui se trouvent dans la rue Aiolou, au nord d’Agia Eirini.

Quand Athènes est devenue en 1834 la capitale du nouvel état grec établi en 1830, la rue Aiolou a commencé à retrouver son importance. La rue moderne a été conçue en 1833 par Gustav Eduard Schaubert et Stamatios Kleanthis – les architectes chargés par le gouvernement grec de créer le plan de ville – et en 1860 elle est devenue la première rue pavée d’Athènes. Plus tard, des bâtiments néoclassiques ont été construits, dont certains sont encore conservés. Après la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile grecque (1946-1949), des immeubles modernes de huit à dix étages ont été construits. La rue Aiolou était le centre commercial d’Athènes durant la plus grande partie des XIXe et XXe siècles.

* Photo d’introduction: A gauche:  la tête d’Hermès, à droite: statue d’un jeune Hercule © ministère de la Culture et des Sports

[Texte publié en anglais sur Greek News Agenda et en italien sur Punto Grecia]

 
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