Athènes se souvient du 12 octobre 1944 et commémore le jour de la Libération de l’Occupation allemande, avec une série d’événements culturels, qui se tiendront tout au long du mois d’octobre. La programmation, riche d’activités, comprend des expositions, des concerts et des projections de films, des débats et des promenades historiques, et aussi une course (6 novembre), avec point de départ le camp à Chaidari et point d’arrivée le champ de tir Kaisariani.

Plus en détails, les événements de la célébration ont démarré avec l’inauguration d’une exposition historique, intitulée ‘’ Athènes 1940-1944. La ville et ses gens. Guerre, Occupation, Résistance, Libération’’. L’exposition, accueillie au Centre culturel ‘’Mélina’’ à Thissio, sera ouverte jusqu’au 31 octobre. Dans le même endroit, le public pourra visiter jusqu’à la fin du mois une exposition de bandes dessinées pour Athènes occupée. 

Dans le cadre des événements organisés pour la célébration d’ ‘’Athènes Libre’’, le Secrétariat Général aux Médias et à la Communication organise, dans sa salle des conférences, jeudi 13 octobre 2016, à 12h, un colloque  intitulé ‘’Presse et Propagande pendant l’Occupation et la Libération’’. Le colloque sera précédé de la projection le documentaire de courte durée ‘’Mémoire et Témoignages, 1940-1944’’, produit par le Secrétariat Général. Le colloque fera mention spéciale à l’archive photographique du Secrétariat Général pour la deuxième guerre mondiale.

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En même temps, une exposition des photos intitulée ‘’Visages de la Guerre. Grèce 1940-1944: De l’Occupation à la Libération. ‘’ sera également organisée. L’exposition comprend du matériel photographique et des archives de la période 1940 – 1944. 

A propos de ces événements, le bulletin anglophone Greek News Agenda et GrèceHebdo se sont adressés à l”historien Yannis Skalidakis, qui nous a apporté les réponses suivantes. 

Un bon nombre de pays ont choisi à fêter le jour de la libération du joug nazi. Et la Grèce?

En Grèce, la fête nationale liée à la participation du pays à la Seconde Guerre Mondiale est le 28 octobre, quand, en 1940, le pays est rentré dans la guerre contre l’attaque de l’Italie fasciste. Donc, contrairement aux autres pays, la Grèce fête le début et pas la fin de la guerre. Ceci est lié au fait que la libération de la Grèce – sous un gouvernement d’unité nationale – a été suivie d’une guerre civile sanglante, qui trouve ses racines pendant la période de la Seconde Guerre Mondiale.

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Quelles sont les singularités des années ’40 pour la Grèce et l’Europe?

Pour la Grèce, les années 1940 renvoient, probablement, à la décennie la plus importante du dernier siècle, puisque, pendant l’Occupation, a été formé le EAM (ΕθνικόΕπαναστατικόΜέτωπο – Front de Libération Nationale), un mouvement de résistance sans précédent, en masse et en dynamisme, qui a pu obtenir le pouvoir dans la plus grande partie du pays pendant la Libération. Ensuite, dans la seconde moitié de la décennie, a eu lieu une guerre civile très violente, justement pour dissuader la prédominance de la Gauche au pays. Les conséquences des ces événements – au niveau politique, social voire économique – pèsent encore lourd, jusqu’à aujourd’hui.

De plus, sur le plan européen, le mouvement de résistance grec se trouve parmi les plus grands du continent, et la guerre civile grecque constitue  un événement spécifique, qui a déterminé mais qui a aussi été déterminé par l’imposition de la Guerre Froide en Europe.

Au moment de la libération quel est le soutien apporté par le peuple grec aux forces de la résistance?

La Grèce sort de la guerre et l’occupation avec une économie détruite et avec des énormes inégalités sociales entre la majorité du peuple qui a été extrêmement appauvri et une minorité – sûrement pas négligeable – qui a profité économiquement de la période d’occupation et laquelle se trouvait dans l’angoisse pour sa propre fortune ainsi que celle de ses biens. Le EAM, à la fin de l’Occupation était un énorme mouvement, avec des millions de membres et un Comité Politique de Libération Nationale, qui, dans la plus grande partie du pays, constitue le gouvernement de facto. L’espérance de tout ce monde pour un futur meilleur, après l’expérience de la dictature des années 1936-1941, et de l’occupation nazi qui l’a suivie, étaient très grandes, ainsi que la revendication de punition des collaborateurs des Allemands. En gros, tout cela montre que les inégalités sociales pendant cette période ont été très étendues. 

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Quel est le but des événements « Athènes 1940-1944. La ville et son peuple. Guerre, occupation, résistance, libération”

L’événement “Athènes Libre” vise, justement, à consacrer la libération d’Athènes, le 12 octobre 1944, en tant que jour de mémoire et de fête pour la ville, parallèlement à de nombreuses manifestations pour la célébration pendant tout le mois d’octobre dans toute la ville. La réponse vive du public au premier événement, l’année dernière, est un grand pas dans cette direction. Dans ce contexte, l’exposition des photographies et des archives de l’époque, constitue un axe très important, puisqu’ il s’étend dans tout le mois d’octobre.

Quel est le niveau d’information pour cette période? Α quel point l’ histoire publique a pu influencer la sphère publique et les politiques publiques en Grèce?

Comme j’ai déjà dit, les années 1940 sont un point nodal pour l’histoire grecque, et presque toutes les familles gardent toujours des souvenirs de cette période. Or, les connaissances sur cette période – même si elles sont subjectives – sont très élevées par rapport à d’autres périodes historiques. De plus, surtout pendant cette période politiquement instable de crise, on peut observer un renouveau de l’intérêt pour la période des années 1940. De même, le discours public recourt souvent à cette période, afin de structurer des nouvelles identités politiques et des nouvelles lignes de démarcation. Pourtant, les historiens continuent leurs recherches, en éclairant des nouveaux aspects et en approfondissant nos connaissances.  

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