Chez Joëlle Montech, le théâtre se joue à domicile. “Ce n’est pas moi qui ai choisi le lieu, c’est le lieu qui m’a choisi” Joëlle explique en souriant. Joëlle ne vit pas du théâtre, elle vit dans un théâtre. Professeur de français et du théâtre dans un lycée Franco- Hellénique à Athènes, elle décide de transformer son habitation en scène ouverte.  Est-ce un théâtre habillé en maison, ou une maison habillée en théâtre? Dans cette ambiance baroque, Joëlle aime mélanger les genres et les styles de représentation pour notre plus grand plaisir. Poésie, tango, pièce de théâtre contemporaine, chant, peinture…  Chaque représentation ou exposition sera différente d’un jour à l’autre. De petits artistes inconnus, à de grands noms de la poésie comme Dimosthenis Agrafiotis, tout le monde se rencontre au Théâtre Montech. Ici, la chambre à coucher de Joëlle fait office de loge, son salon de piste de danse, de récital de piano ou de scène théâtre et de danse contemporaine. Joëlle n’offre pas seulement ses locaux au théâtre, elle donne aussi de sa personne. D’une énergie débordante, elle accueille les visiteurs, prépare à manger et à boire aux artistes, prépare la scène et fait le ménage.
GrèceHebdo* a parlé avec Joëlle Montech chez elle à Metz
 
 
À mi-chemin entre un laboratoire d’expression et son lieu de vie, cette scène n’a pas pour vocation d’être lucrative.
Joëlle est française, originaire de Toulouse elle a parcouru le monde avant de s’installer en Grèce il y a cinq ans de cela. Elle a enseigné le français et le théâtre dans plusieurs pays et prodigue maintenant ses cours dans un lycée francophone, d’Athènes. D’un père metteur en scène et d’une mère psychanalyste pour acteur, elle aime à penser qu’elle fait partie d’une «famille artistique» où le «nous» prend tout son sens.
 
Parlez nous un peu de vous, comment tout cela a-t-il commencé?
Je m’appelle Joëlle Montech,  professeur de français et de théâtre au lycée franco- hellénique Delacroix. C’est ma seule profession. Je suis en Grèce depuis 5 ans. Je suis aussi coordinatrice de l’équipe de théâtre. On a la chance au lycée d’avoir une option théâtre, alors avec une collègue on forme des jeunes gens et on monte des pièces à l’école. Actuellement, avec les élèves, on travaille sur une création qui s’appelle «Démocratie» avec les auteurs de la bande dessinée d’Alekos Papadatos. «Democratie»  va voir le jour le 5 avril. Avec d’autres étudiants, on écrit une pièce sur les diverses formes de «Stress» (de la crise, des attentats, du racisme, du stress quotidien, etc.).
 
Alors pourquoi cet espace?
Cet espace, c’est un peu mon laboratoire en fait, j’en suis le locataire.  Au départ, je voulais redéménager dans le centre-ville de manière à avoir une vie un peu plus attachée au centre, je voulais aussi apprendre le grec. Donc je cherchais un appartement, je voulais cultiver une autre vie à Athènes, m’essayer moi-même à autre chose. Finalement, le lieu m’a trouvé. Le bâtiment était une taverne, après s’être transformé en théâtre puis s’est tombé à l’abandon, je pense. Quelques mois de travaux ont suffi à transformer le salon en scène de théâtre et le parquet en piste de danse de tango.  Je voulais créer un lieu d’échange pour ma famille artistique.  Il s’agit donc d’un lieu collectif, la porte est toujours ouverte. Que le succès de la représentation soit au rendez-vous ou non, nous sommes très libres, il n’y a ni de chiffre ni de programmation à faire. L’entrée est gratuite, il n’y a pas de tarif imposé. Ici les gens n’apportent pas d’argent, ils apportent autre chose, leurs énergies, leurs idées, leurs visions des choses. Ils ont toujours quelque chose de nouveau à nous apprendre.
 
Vous êtes arrivée en Grèce en pleine crise. Comment avez-vous trouvé votre place dans ce tumulte?
Pour vaincre la crise, ce grand absurde, il faut être tous ensemble. Dans ce moment de trouble, les gens inventent autre chose. La crise nous renvoie dans nos besoins vitaux, le besoin de manger, de vivre tout simplement. C’est dans le «nous» qu’on trouve la réponse.  
 
INFO
Théâtre Monthech
Markou Mousourou 3
 
 
* Entretien accordé à Magdalini Varoucha et Loic Bremme 
 

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