La musique cinématographique constitue un support d’images mais aussi une composante essentielle des représentations articulées autour de ce qu’on appelle « image nationale ».
Il ne fait aucun doute que l’épanouissement culturel dans la Grèce d’après guerre est lié à deux grands compositeurs, à savoir Manos Chatzidakis et Mikis Theodorakis. Ceux-ci ont aussi marqué par leurs contributions musicales l’art du cinéma. Repérons deux exemples connus à l’échelle mondiale : Zorba le Grec, (Theodorakis) tourné par Michel Cacoyannis avec Anthony Quinn et Jamais le dimanche(Les enfants du Pirée de Hatzidakis primés avec oscar) tourné par Jules Dassin avec Mélina Merkouri. On reconnait tous les mélodies qui font toujours le tour du monde mais par delà la musique douce, le sirtaki et le bouzouki, un nouveau récit voit le jour sur les qualités d’un peuple accueillant, extraverti, gai, fêtard, estival, aux antipodes de l’ Européen Nordique fermé et trop mélancolique qui descend pourtant à son tour pendant ses vacances vers la Méditerranée pour trouver une « âme » différente et un paysage quasi paradisiaque.
Le succès de la musique nourrit les stéréotypes mais les compositeurs mènent leur propre parcours. Hatzidakis est présent dans les films de qualité des années ’50 tels que
L’ Orgue de
Koundouros avec Iliopoulos et
Stella de
Cacoyannis, encore une fois avec
Merkouri. Hatzidakis signe aussi la musique qui accompagne les succès de la ‘’star nationale’’
Aliki Vougiouklaki. Mais Hatzidakis recherche aussi à developper une carrière internationale et par delà les
Enfants du Pirée fait avec
Elie Kazan America-America, avec
Dassin Top kapi et avec Dusan Makavegief
Sweet Movie.
Quant à Theodorakis, des films comme Serpiko (Lumet), Fedra (Dassin), Etat de Siège et Z (Gavras) empruntent sa musique et restent à la mémoire du spectateur pour les morceaux du grand compositeur grec.
D’autres compositeurs apportent leur propre contribution. Citons à titre indicatif les morceaux lyriques de Nikos Mamangakis pour les films de
Takis Kanelopoulos et le fameux zeimpekikon d’Evdokia de Manos Loizos écrit pour le film d’
Alexis Damianos. Mention particulière doit être faite à Heleni Karaindrou. Les scènes contemplatives et poétiques de
Theo Angelopoulos se nourrissent de façon unique de sa splendide musique.
Mais le cinéma peut aussi a son tour parler de la musique. C’est le cas de
Rebeticon de
Kostas Feris en 1984 qui obtient le lion d’argent à Berlin, évoquant la musique populaire dans les quartiers glauques des grandes villes, la musique des marginaux dits « rebetes ». Stavros Xarxakos refait ici leur musique contribuant à la jeunesse permanente de ce genre musical typiquement grec.