Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, le site des Météores est l’un des lieux les plus mystérieux de de la Grèce. Dans un paysage de pitons de grès presque inaccessibles, juchés sur la grande plaine de Thessalie, les Météores sont au départ d’importants blocs de grès qui se sont formés sous la mer il y a plusieurs millions d’années.  Le niveau de la mer ayant baissé, ils forment aujourd’hui d’imposantes falaises vertigineuses où au Moyen Âge, vingt-quatre monastères avaient été bâtis au prix d’incroyables difficultés.
 
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 Météores, 1908. Fred Boissonnas. “En Grece par Monts et par Vaux” 1910.

La région

La région des Météores est l’une des formations naturelles les plus époustouflantes qu’on puisse trouver en Grèce ; ce qui la rend encore plus impressionnante, c’est le complexe médiéval historique de monastères construits au sommet des imposants rochers qui dominent la région. 

Le site est une formation géologique au nord de la Grèce, en Thessalie, dans la vallée du Pénée à proximité de la chaîne de montagnes du Pinde, et  abrite des monastères chrétiens orthodoxes.

Le nom complet en grec moderne  (Μετέωρα Μοναστήρια), signifie « monastères suspendus au ciel» parce qu’ils sont perchés au sommet de falaises et pitons rocheux gris, sculptés par l’érosion. Probablement, le nom a été attribué à la région par les fondateurs des premiers monastères de la région, probablement Saint Athanase “le Météorite”.

Les flèches rocheuses doivent leur existence à dix épisodes géologiques étalés sur une période de près d’un milliard d’années. Les blocs sont presque entièrement constitués de grès caillouteux et de conglomérat de l’Oligocène et du Miocène et, dans une petite partie, de grès à gros grains. L’altitude moyenne est de 313 mètres, certains rochers atteignant une hauteur de plus de 400 mètres.

Les monastères sont perchés dans les falaises détritiques,  qui surplombent au nord la petite ville de Kalambaka, en Thessalie. Depuis 2018, la région est incluse au sein du parc national des Tzoumérka, de la vallée de l’Achelóos.

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Monastère Roussanou, photo par Vaggelis Vlachos / Wikimedia Commons
 

Les Météores, entre mythologie et histoire

D’après la mythologie locale, des roches furent envoyées du ciel sur la terre par la Providence (d’où leur nom de « météores ») pour permettre aux ascètes de se retirer et de prier.

Dans la mythologie grecque, la région était réputée avoir été une des patries du peuple des Lapithes. Au fil des vagues d’occupation (remontant jusqu’à l’Antiquité) le site a pu servir ponctuellement de refuge aux villageois et bergers des environs lors des invasions celtiques (iiie siècle av. J.-C.), gothiques (ive siècle), slaves (viie siècle), bulgares (ixe siècle) ou turques (xive siècle). En revanche, aucune trace de sanctuaire antique n’a été trouvée sur le site.

Le christianisme s’est implanté dans la région au Ve siècle mais les premiers moines à habiter les Météores ne sont attestés qu’au XIe siècle : comme les bergers ou les réfugiés avant eux, ils vivaient dans les grottes, en ermites.

Au XIVe siècle, le moine Athanase, chassé de la République monastique du Mont-Athos, fonda le Grand Météore avec plusieurs de ses fidèles, suivi par d’autres communautés (jusqu’à 24 lors de l’apogée au XVe siècle) qui occupèrent les sommets des rochers. 

À partir du XVIIe siècle, de nombreux monastères furent progressivement abandonnés (surtout les dépendances appelées skites).

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Monastère du Grand Météore, Météores. Source: Wikimedia Commons

Les monastères

Des bâtiments saisissants, abritant la deuxième communauté monastique la plus importante de Grèce (surclassée uniquement par celle du Mont Athos), ne font qu’ajouter à la majesté du site. Plus étonnant encore est le fait que ces monastères ont été construits au Moyen Âge, malgré les grandes difficultés posées par le terrain difficile.

Les premiers moines à s’installer sur les sommets rocheux éloignés étaient des ermites, probablement depuis le XIe siècle, bien qu’il y ait des rapports d’au moins un moine ascète, appelé Varnavas, y demeurant au Xe siècle. Chacun des ermites d’origine vivait isolé, dans des grottes autour de la région, et ne se réunissait que sporadiquement, pour des services liturgiques.

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Monastère Varlaam. Photo: Vaggelis Vlachos / Wikimedia Commons

Le plus ancien bâtiment connu dans la région était la chapelle de Doupiani ou “Stagon”, qui aurait été établie par un moine nommé Nilos vers le 12ème siècle, sur les contreforts d’un rocher bas, afin que les ermites puissent se rassembler  pour les prières du dimanche.

Le Saint Monastère de la Transfiguration de Jésus, plus connu sous le nom de “Grand Météore“, est le plus grand monastère, construit sur le plus haut rocher de la région à 535 mètres. Une première chapelle existait depuis XIVe siècle, fondée par saint Athanase des Météores, pourtant le monastère actuel a été fondé en 1536 et construit de 1545 à 1582 sur le type des églises du Mont Athos.

Dans les années suivantes, d’autres monastères ont été fondés  et, au XVIe siècle, le complexe comprenait 24 couvents et couvents, dont six sont encore en activité aujourd’hui. Le reste des monastères est maintenant inhabité et pour la plupart en ruines, bien que quelques-uns soient bien conservés, comme l’impressionnant monastère d’Ypapanti, dont l’emplacement rappelle le monastère historique de Sumela à Trabzon.

Pendant des siècles, la plupart des monastères n’étaient accessibles que grâce à un système de treuils et de poulies à cordes, qui offraient aux moines une sécurité contre les brigands et les pillards.

Au début du XXe siècle, des escaliers et des sentiers ont été creusés dans les formations rocheuses, les rendant plus facilement accessibles.

Sur les 24 monastères chrétiens orthodoxes construits historiquement, aujourd’hui, la plupart ne sont que ruines, et seuls 6 d’entre eux sont encore en activité et accessibles aux touristes venus s’y aventurer.

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Monastère Roussanou (Sainte Barbara). Source: Wikimedia Commons
 
A part de Megalo Meteoro (ou Grand Météore), les restes sont les suivants:
Varlaam : abrite un couvent et possède une église décorée par des fresques de Fango Castellano, maître de l’art post-byzantin.
Agios Nikolaos : petit mais très apprécié par des visiteurs, car sa terrasse offre un point de vue magnifique.
Roussanou : connu aussi sous le nom de Sainte Barbara. Ce monastère depuis lequel il est possible de contempler Agios Nikolaos et Varlaam, n’est autre qu’un couvent (qu’on ne peut pas intégralement visiter) au sein duquel il est possible d’observer de jolies fresques de l’école crétoise.
Sainte-Trinité : le plus difficile d’accès car il nécessite de gravir 147 marches. Il est toutefois sensationnel car ses jardins s’étendent jusqu’aux extrémités de la falaise sur laquelle il a été bâti.
Agios Stefanos : le plus accessible de tous car, malgré une petite promenade pour s’y rendre, il n’y a pas de marche à monter pour y accéder.

Le départ de la visite se fait depuis Kalambaka. Un circuit de 17 km environ permet de faire le tour des monastères.

 * Photo d’introduction: Météores, photo par Stathis Floros / Wikimedia Commons. Janvier, 2016

[Source principal du texte: Greek News Agenda

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M.V. 
 

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