Yànnis Stìggas, né en 1977, est l’un des plus talentueux poètes grecs d’aujourd’hui. Il a fait des études de médecine. Ses poèmes sont traduits en français, anglais, allemand, suédois, espagnole, bulgare et serbe. 

Α retenir parmi  ses titres: Vagabondages du sang (2004), La vue recommencera (2006), Blessure ex æquo (2010), Le chemin vers le kiosque (2012), Je vois le cube Rubik devoré (2014).

Yànnis Stiggas a parlé à GrèceHebdo*.

Peut-on parler aujourd’hui en Grèce à propos des jeunes poètes d’une «génération de la crise»?

Je ne suis pas d’ accord avec le terme «génération». Oui, la crise est visible autour de nous, mais si quelqu’un veut parler du présent, c’est mieux d’utiliser une polaroid! La poésie avance autrement et ne cède pas aux regroupements faciles. Elle parle du présent avec les termes d’une éternité éclatée, elle parle de la nature de la douleur et c’est pour cela que la poésie c’est le feu lui-même. C’est pourquoi les poètes demeurent peu nombreux. D’ ailleurs chaque poète reste unique comme l’âme de chacun. La poésie est avant tout un phénomène psychique.

La réalité des «collectivités digitales» de masse (Ιnternet etc.) facilite les contacts du «grand nombre» avec la poésie?

Je ne crois pas. Les contacts dont vous parlez présupposent une certaine disponibilité intérieure. Ce n’est pas une question d’accès technologique. Les poèmes demandent un effort considèrable de la part du lecteur. Je vous rappelle les paroles de Jorge Luis Borges: «on trouve plus facilement un bon poète qu’un bon lecteur». Je partage son point de vue. Parfois la solitude des poèmes est  terrifiante et un “like” sur “facebook” ne parvient pas à faire face à cette solitude.

Εst-ce qu’il y a de la place pour l’humour au sein de l’univers énigmatique de la poésie?

Tsezare Pavese affirme dans son «métier de vivre», ce journal intime étonnant, que la grande poésie est de l’ordre ironique. Je partage cette approche. Je vous rappelle que Nikos Karouzos a intégré une blague entière dans l’un de ses poèmes. Α noter également l’ironie subtile d’ Engonopoulos ou l’autosarcasme désespéré de Livaditis. L’humour est la santé du regard, l’antidote à l’égotisme et au sentimentalisme nocif. L’humour est sans doute notre seul luxe dans ce monde.

* Entretien accordé à Costas Mavroidis 
 
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