LA SPIAGGIA kessanlis 1957
 
Je suis tombé dans une fosse de blanc et je me suis brûlé 
 
Cependant le poème est un fleuve 
Et une humidité admirative 
Je pense adoucit le silence de sa colère 
Si je l’ai trahi. C’est pas ma faute, je le jure. 
On a dû oublier un vase de consonnes sur l’étagère 
Que j’ai atteint. Ensuite j’ai appris avec des peaux de syllabes 
A fabriquer des bateaux. Petits, comme le doigt d’un enfant 
Et je les jetais dans l’eau qui s’en allait- 
C’est alors que j’ai compris: seule la séparation 
unit les gens. Le reste 
Vous la connaissez par d’autres récits. Que ça « ne revient pas en arrière » 
Que « pas deux fois dans le même fleuve »* et tout ça. 
On nous l’a dit, on l’a redit, comme si l’évidence 
Nécessitait explication. Mais le poème 
Est un fleuve de larmes étrangères. Un enfant devenu homme 
Souvent je le vois qui revient vers sa source. 
Et quand il gonfle 
Par excès d’amour, 
 
Il noie. 
 
*phrase célèbre d’ Héraclite d’Ephèse
 
Antonis Fostieris, La pensée appartient au deuil, Athènes, 1996. 
 
Traduction © Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, in “Ce que signifient les Ithaques, 20 poètes grecs contemporains.” Anthologie bilingue, Éditions Biennale des Poètes en Val-de Marne, Diffusion Le Temps des Cerises, France.
Peinture: Nikos Kessanlis, “La spiaggia”, 1957. Source:nikias.gr 
 
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