GrèceHebdo* a eu le plaisir d’interviewer l’un se ses préférés qui accompagne souvent nos articles avec ses peintures: le peintre Yiannis Adamakis
 
Il est né au Pirée en 1959 et il a presenté ses œuvres en trente expositions indivinduelles et plusieures expos collectives en Grèce, en Belgique, en France, en Allemagne, au Chypre, en Pologne, en Russie et en Turquie. Il a aussi participé aux expos internationales telles que: Art Athina (Athenes 1994, 1998) Art Jonction (Nice, France 1997), Lineart (Gande, Belgique 2000) et Art Paris (Paris, France, 2004).  Ses œuvres sont actuellement exposées dans deux expositions collectives à Athènes: la première intitulée «Trois générations dans la peinture et gravure grecque» (du 9 novembre au 10 janvier 2016, pinacothèque munucipale d’Athènes),  et la deuxième vouée à l anniversaire de 150 ans de l’Imprimerie Nationale de Grèce (jusqu’au 10 février 2016). De plus, le public athénien aura l’occasion de connaitre ses œuvres à l’expo collective «Petites peintures» qui sera inaugurée aujourd’hui, le 17 décembre 2015, dans la gallérie Zoumboulaki avec laquelle il collabore actuellement.
 
 
Le voyage et  la mer constituent des éléments omniprésents dans votre œuvre. Y-a-t-il un rapport avec le fait que vous avez grandi au Pirée ?
 
Je suis né et grandi dans un quartier populaire du Pirée. Mon père, mon grand-père, mes oncles étaient tous des marins, chose naturelle dans notre famille  dans la mesure où ma mère était originaire de l’ile de Chios. Donc, le port constitue ma maison, mon espace familier avec ses sons, ses gens, ses codes de conduite. D’autre part, ma mémoire est remplie de récits de voyages lointains,  de ports exotiques, d’histoires fabuleuses. J’ai grandi parmi les odeurs de cigarettes étrangères, de boissons importées et des jeux à batterie japonaises à une époque où la Grèce s’efforcait de créer un profil «moderne» en cherchant (en vain) de surmonter les épreuves de son histoire récente. C’est donc avec une grande difficulté que j’oserais  parler de ces décennies (’60 et ’70), sans pour autant céder à des facilités nostalgiques. Néanmoins, dans ce contexte, des défenses personnelles ont coexisté avec l’appropriation  d’émotions riches. Le voyage prenait finalement le schema  d’un récit plus que d’un vécu réel à l’instar de l’image du navire qui approche ou qui part du port. C’est le voyage dans le sens de rencontres ou de séparations et donc le sens propre de la perte dans la vie quotidienne.Parlons donc des couleurs de ma peinture: c’est le rouge du métal, les ombres et l’or de la rouille, et le bleu de la mer qui devient parfois vert lorsque le vent souffle du sud, de la part d’Egine.
                                                                  
Dans vos peintures, l’errance prend aussi une dimension immobile: on aperçoit le temps «gelé» d’un voyage à travers certains détails tels que visages,  mots,  instantanés, petits souvenirs. Est-ce que la peinture est un voyage dans les mémoires ?
 
Le thème de chaque œuvre est le point de départ pour une peinture mais aussi pour une narration. Les petites images insérées, sont des pensées automatiques qui enrichissent mais aussi minent la narration centrale. Elles ressemblent à  de petites photos collées sur les miroirs, épinglés sur les babillards, comme des histoires courtes, des offrandes, de petits papiers de souhaits ou de notes. Il s’agit des regards, des présences humaines qui ont joué un certain rôle dans une pièce imaginaire de la mémoire. Je pense que dans mon œuvre il y a aussi une référence à la “Pop Art”, à des images colorées des villes, à des images de la bande dessinée, mais aussi aux aspects populaires de l’art byzantin. A cette occasion, je tiens à exprimer mon regret pour  l’indifférence des artistes grecs vis-à-vis l’art byzantin, excepté une «iconographie» de style byzantin, morphologiquement stérile ou simplement décoratif. La Russie, au contraire, et certains pays balkaniques, ont réussi à mette en lumière une «couleur locale» avec un contenu plus substantiel pour ce qui est des arts visuels, de la littérature voire du cinéma. En Grèce, les efforts pour la création d’une «école nationale» (mis à part quelques exceptions notables), ont conduit  à une copie frivole de la scène française de l’entre-deux guerres, à un résultat plutôt superficiel.
 
Parlez-nous de l’exposition qui a été inaugurée le 9 novembre dans la pinacothèque d’Athènes. Comment peut-on  présenter trois générations de la peinture/gravure grecque ?
 
La taille d’une telle exposition présente à la fois des risques et des avantages. Les risques potentiels sont liés à la fragmentation du regard du visiteur dans son effort  de communiquer avec des œuvres de différentes périodes, avec des idées et des approches multiples. Mais en même temps, le public a l’opportunité d’apercevoir l’évolution des arts dans le temps historique et de s’engager dans le processus de comprendre ces approches différenciées. A travers ces trois générations d’artistes, on voit l’histoire de la Grèce moderne. Dans l’histoire de l’art, les règles sont toujours mises en question en ouvrant ainsi de nouvelles voies dans la narration de l’activité humaine.  L’Art sait cependant prendre ses propres distances pour fournir une documentation complète de la «réalité».
 
* Entretien accordé à Magdalini Varoucha
 
FotorCreated adamakis2
M.V.
 

TAGS: expo | Interview | musée | peinture