GrèceHebdo* a pu rencontrer le poète, romancier, dramaturgue et dessinateur Nanos Valaoritis, à son domicile à Kolonaki. Α l’ âge de 95 ans, d’ une clarté exemplaire, il nous a parlé de ses amis surréalistes français et grecs.   Nanos est né à Lausanne en 1921. De 1944 à 1952, il habite Londres. Il participe au cercle moderniste autour de T. S. Eliot. Il traduit des poèmes de Seféris et d’Elytis en anglais. En 1954, il décide d’aller à Paris où il fait partie de l’équipe surréaliste (Troisième Génération) d’André Breton. En 1960, il revient en Grèce avec son épouse, l’Américaine Marie Wilson, peintre surréaliste. En 1963, il édite la revue Reprise (Pali). En 1968, il émigre aux États-Unis, où il enseigne l’Écriture Créative et la Littérature Comparée à l’Université de San Francisco jusqu’à sa retraite en 1992. Là, il a des contacts avec le modernisme anglo-américain, la Génération Beat et les Néo-surréalistes de Californie. En 1991, il organise une grande exposition sur les surréalistes grecs au centre Georges Pompidou. L’activité littéraire de Nanos Valaoritis comprend des œuvres en prose ou poétiques, des essais théoriques, des textes critiques, des monographies, des introductions dans des livres ou à des expositions ainsi que des traductions.

Nanos Valaoritis chez lui, juillet 2016 | Photo: Magdalini Varoucha (GreceHebdo)
 
Vous avez fait connaissance avec André Breton, que retenez-vous de lui ?
 
J’ai fait sa connaissance en 1954 dans un vernissage d’une petite galerie qui s’appelait «L’Etoile Céleste» près du boulevard Saint Germain. Je les ai tous connus, ce groupe de l’époque ainsi que deux anciens, à savoir Benjamin Peret et Toyen. Les autres étaient des jeunes que je ne connaissais pas et qui étaient parmi les disciples d’ André Breton les plus récents. La raison pour laquelle je les ai rencontrés est parce que j’ai connu ma femme à cette époque, Marie Wilson une américaine qui était amie avec la femme de Breton, Elisa.

Marie m’avait invité à un vernissage où elle avait un tableau. Je les ai connus comme ça. Pour nous les Grecs, les surréalistes étaient des personnages mythiques, imaginaires presque, parce que très peu les avait connus, comme par exemple Andréas Embirikos ou Nicolas Calas. Quant aux autres, ils les connaissaient par leurs écrits, pendant la guerre et juste avant il y avait une revue d’avant-garde en Grèce, qui s’appelait « Ta Nea Grammata », « les Lettres Nouvelles », dans laquelle j’ai publié pour la première fois en Grèce en 1939, lorsque j’avais 18 ans. Cette revue, je la lisais depuis l’âge de 15 ans, il y avait des poèmes d’Eluard, et d’autres poètes français modernes. Nous avons connu, à travers cette revue la poésie française de l’époque, ce qui était pour la Grèce quelque chose de très rare car nous étions très isolés comme pays, nous n’avions pas beaucoup de contacts avec les courants à l’étranger. Cette revue était exactement ce qu’il fallait pour que l’on soit au courant de ce qui s’écrivait en France, surtout en ce qui concerne la poésie parce que la plupart des poèmes étaient traduits par un autre poète qui adhérait au surréalisme à l’époque, Odysseas Elytis qui traduisait très bien. Alors on connaissait beaucoup de choses de ce mouvement parce qu’Elytis et son ami Gatsos achetaient des livres de poètes français dans une librairie qui avait ces livres, la librairie Kaufman. J’allais aussi là bas quand j’avais 14 ans et j’avais rencontré Calas. Alors comme nous avions Embirikos  qui avait pratiquement tous les livres, qui étaient disons les avant-coureurs du surréalisme dans sa bibliothèque, comme il avait eu accès à une époque très mauvaise pour nous qui était l’occupation allemande, on allait chaque semaine chez lui et il nous montrait soit des tableaux surréalistes soit des livres d’auteurs qu’on ne connaissait évidement pas ici en Grèce, mais qui étaient déjà très connus en France. Disons qu’ils étaient les précurseurs du surréalisme.

Comment était André Breton ?

Comme j’ai été présenté par Marie un jour, avec moi il était très amical. Il me demandait ce qu’était devenu Embirikos et pourquoi il ne venait pas lui rendre visite. A l’époque je ne savais pas quoi dire parce que c’était un malentendu, c’est à dire qu’Embirikos avait abandonné le marxisme assez tôt parce qu’il avait aussi eu des soucis avec la résistance en Grèce. Il ne savait pas que Breton aussi avait abandonné le marxisme pour le socialisme utopique de Fourrier découvert à New York,  qui avait un côté poétique et pour qui il a écrit un poème en son honneur. Alors je crois que c’était un malentendu parce qu’Embirikos aurait très bien été reçu par Breton, sans le marxisme. A cause de ce malentendu Embirikos, étant psychanalyste, prenait très au sérieux des divergences d’idéologie. Les français aussi étaient comme ça, les grecs moins. A ce moment là, cela a joué un rôle négatif. Ensuite j’ai eu l’occasion d’expliquer à Breton ce qu’il s’était passé et cette correspondance a été publiée par une revue ici, en Grèce, l’ «Utopie» qui paradoxalement est une revue communiste (rires).

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 Alan Ross (London Magazine), Andreas Empirikos, Nanos Valaoritis (1965)

Avait vous eut l’occasion de rencontrer également Paul Eluard ?

Non, je l’ai vu à une soirée en l’honneur de la résistance grecque, parce que pendant la guerre civile Paul Eluard était du côté des communistes, je l’ai entendu lire des poèmes à cette occasion dans une grande salle à Paris mais c’est tout ce que j’ai connu de lui, mis à part quelques amis qui le connaissaient  bien. Elytis a notamment eu des contacts avec Eluard mais  cela n’a guère plu à Breton qui était  en rupture avec lui (rires).

Il était sévère Breton ?

Dans la politique de l’époque, oui. Cela jouait un grand rôle, il était anti-stalinien. Il avait un côté gauchiste mais il n’avait pas d’espoir pour un socialisme comme nous l’avons vu dans l’Union Soviétique qui était une distorsion de l’idéologie de Marx ou d’autres socialistes.

Les surréalistes grecs étaient moins politisés n’est-ce pas ?

Oui, ils l’étaient beaucoup moins. Nous avons encore un poète qui était de culture française Engonopoulos éduqué dans un lycée à Paris, il était complètement bilingue et connaissait très bien les textes du surréalisme. Il n’était pas politique du tout, il avait l’attitude d’un artiste mais sans se déclarer. Il était quand même un très grand connaisseur de la littérature française et écrivait même des poèmes en français. C’était un homme très spirituel qui avait beaucoup d’humour et qu’on aimait beaucoup grâce à cela. Il était ludique, pointu. Alors qu’Embirikos il était généreux, il aidait tout le monde, il n’avait pas de parti politique pour les gens qu’il connaissait, il avait des amis de toute sorte et il les aidait tous. Il était  même  un peu trop ouvert selon moi mais c’était son caractère. Les surréalistes grecs c’était plutôt des individus, chacun très différent. Nicolas Calas était quant à lui très politisé, il a écrit un livre en français appelé « Foyer d’incendie » que Breton avait lu et qui l’avait intéressé. Calas était d’un côté de la culture française dès son plus jeune âge comme moi, il avait appris le français avec des gouvernantes, il s’accordait très bien avec Breton, il avait une attitude de révolté, très extrême mais après la guerre il est parti pour les Etats-Unis où il est devenu critique d’art. Il a toujours gardé son attitude paradoxale et son intérêt pour le surréalisme. Il voyait Breton à New York très souvent. Les Grecs n’ont jamais formé un groupe, c’était des pensées personnelles, c’est pour cela qu’il n’y a pas eu de collectif à l’époque. On avait une poésie conventionnelle dans les années ‘30 qui était très grave, qui a créé des remous même, beaucoup d’hostilité surtout de la part des journalistes. Comme Embirikos avait publié des textes automatiques qui n’étaient pas des textes compréhensibles du point de vue conventionnel. C’était des textes incompréhensibles pour les grecs éduqués avec Palamas et d’autres poètes traditionnels, alors nous avons fait du bruit avec cette nouvelle tendance. Il y  a tout un livre qui décrit les réactions du point de vue des journalistes également, contre le surréalisme. Cependant, nous étions un pays avec des adhérents très fervents. Il y avait les deux côtés. Nous avons eu des poètes de tendance surréaliste beaucoup plus importants que les autres pays des Balkans, peut être avec l’exception de la Roumanie et de la Bulgarie. Malgré tout, ils n’avaient pas de poètes aussi importants que les poètes grecs qui ont décroché deux prix Nobels comme Seferis et Elytis.

Est-ce que les surréalistes français voulaient exporter le surréalisme à l’étranger ?

Ils ne le faisaient pas comme campagne électorale mais comme influence, oui. Surtout en Amérique Latine où le surréalisme était presque naturel car ce sont des pays qui ont des contrastes extraordinaires, qui ont créé une littérature fantastique et un réalisme magique. Alors, les poètes surréalistes ont eu beaucoup d’adhérents en Amérique Latine mais pas du tout chez les anglosaxons. L’Angleterre et l’Amérique du Nord sont restés hostiles au surréalisme, tandis que nous, pour un pays  ayant aussi subi beaucoup de contrastes entre l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud, nous étions « surréalisés » d’une autre manière, pas toujours de manière poétique mais nous avions certainement des contrastes qui facilitaient la compréhension de cette poésie nouvelle.

Vous avez rencontré aussi des surréalistes belges, Magritte, Delvaux?

Personnellement non, mais je connais très bien leurs œuvres. Je connaissais un poète  un peu mineur, Messens, un surréaliste belge qui avait une galerie à Londres. Il faisait partie du groupe belge, c’était un ami de Magritte et des autres. Il avait beaucoup d’humour. J’ai eu une expérience très étrange avec Messens. J’ai rendu visite à Breton un soir pour lui remettre un message, il y avait Breton, sa femme, un professeur qui s’occupait du surréalisme et un personnage dont je ne me rappelais de son nom ni où je l’avais connu. Il me disait que l’on se voyait tous les jours mais je ne me souvenais de rien. Breton rigolait et Messens, sur un ton amusé, faisait des remarques très provocantes envers Breton en disant  que l’on avait là le plus grand fasciste. Breton se fâchait pour autre chose assez facilement mais il rigolait avec lui.  Finalement je me suis souvenu de qui était cette personne mais Messens était assez traumatisé par mon oubli ; finalement on est redevenu amis et puis on déjeunait plusieurs fois ensemble à Paris.

Vous avez fait la connaissance de gens de la génération des Beatniks aux Etats-Unis ?

Oui mais à Paris, Calas m’avait envoyé Alain Ginsberg de New York, qui était jeune poète à l’époque, il venait de publier son premier livre. J’ai déjeuné avec lui, Ginsberg était quelqu’un dont la renommée venait de ses scandales, il se déshabillait dans des soirées etc. Il voulait que je lui présente Breton, j’avais un peu peur des conséquences. Finalement,  je ne l’ai pas présenté et aujourd’hui je le regrette ; je ne pense pas qu’il aurait fait des choses trop extrêmes. Mais comme Ginsberg était ami de Duchamp aussi, il faisait des choses comme cela : il baisait ses souliers par exemple dans une réception à Paris (rires). Ce genre de plaisanterie de l’époque dada était terminé déjà, cela n’aurait pas convenu à Breton. Finalement nous avons passé un été avec Breton et ses amis à Saint Cire la Paupie, au Sud de la France, nous habitions à côté de sa demeure, dans une pension. Nous avons pu voir les différences idéologiques avec Péret qui était encore gauchiste. Il y a eu une discussion et Breton défendait l’anarchisme de Bakounine contre le marxisme et Péret l’inverse, ils avaient des petits conflits comme cela.

Joyce Mansour Ted Jones
Ted Joans, Joyce Mansour, Nanos Vlaoritis. Au fond Alain Jouffroy.

Breton devenait facilement colérique ?

Pour certains de ses disciples qui faisaient des faux pas, il était terrible. S’ils disaient quelque chose qu’il ne lui plaisait pas, il pouvait les renvoyer sur place. J’ai vu un cas.

Est-ce que vous avez la nostalgie de cette époque ?

Oui, parce que Paris était un paradis à cette époque. D’abord on vivait à très bon marché, le franc après la guerre permettait de vivre à moindre coût. On pouvait habiter dans un hôtel pour 500 francs anciens la nuit et on mangeait avec 500 francs dans les petits restaurants de Saint Germain, c’était incroyable. Et puis il y avait cette sorte d’ouverture, on rencontrait tout le monde dans les cafés, tout le monde était là. On pouvait voir Becket, on pouvait voir Sartre, tous les peintres, mais aussi des artistes de cinéma, des stars, il y avait pas de barrière.

Les situationnistes comme Guy Debord étaient également visibles ?

Non, les situationnistes étaient plutôt un groupe fermé qui se manifestait rarement dans les cafés, à cette époque en tout cas. Moi j’avais vu quelques-uns de leurs amis qui étaient plutôt « hérétiques » qui fréquentaient ces cafés. Des personnages intéressants mais pas forcément orthodoxes. Et puis il y avait également les lettristes. Tout ce mélange était intéressant, on avait des amis dans plusieurs groupes, et c’était l’époque où l’on faisait des « happenings » qui venaient d’Amérique. J’ai eu une pièce de théâtre montée, à Paris, qui s’appelait « L’Hôtel de la nuit qui tombe ». Elle a été jouée dans un théâtre du boulevard Raspaille, dans un club américain mais malheureusement, nous avons eu une malchance parce que nous avions choisi une actrice d’origine philippine qui jouait dans un film qui s’appelait « Orfeu Negro» et le quatrième jour de la pièce, ils ont eu un prix à Cannes et elle a dû abandonner la pièce. Mais il y avait déjà des articles et comme ma pièce était assez différente du théâtre de l’absurde par exemple, c’était plutôt inspiré directement du premier manifeste de Breton, des dialogues antithétiques qui se détruisaient l’un l’autre, à cause de versions contradictoires. C’était des dialogues qu’on ne connaissait pas à Paris, c’était plutôt Becket et Ionesco qui étaient très différents dans le style. De plus, le metteur en scène Marc’O qui était le premier à avoir monté en scène des pièces comme cela, et qui était très influencé par le « living theater », avait demandé aux acteurs de bouger tout le temps quand ils parlaient. C’était une pièce où un couple contestait sans cesse ce qui leur était arrivé, comment ils s’étaient connu, à quel endroit, pourquoi etc. Les critiques ont été aussi divisées. D’un côté ils avaient critiqué la pièce qui leur paraissait un peu étrange, ils ont appelé ça « un balai verbal » et de l’autre côté la mise en scène. Cela a créé un conflit entre le metteur en scène et moi et nous avons arrêté de travailler ensemble. Lui a continué et a eu beaucoup de succès mais pour moi, ma carrière de théâtre à Paris était terminée après cet échec (rires)

La pièce a été traduite en grec ?

Non, mais « L’Hôtel de la nuit qui tombe » est en train d’être traduite aux Etats-Unis, en anglais donc. Avec une couverture de ma fille, elle est peintre.  Elle vient de sortir un livre à Harvard,  un livre qui analyse mes pièces en connexion avec les manifestes et les prescriptions de Breton pour les dialogues. J’ai donc une renaissance tardive dans le théâtre (rires).

C’était la seule pièce que vous avez monté ?

Non,  j’ai écris plusieurs pièces en français. J’ai une autre pièce qui va être publiée aux Etats-Unis mais cette fois en Californie.  Une autre qui s’appelait « les tables rondes », une pièce beaucoup plus connectée avec les personnages grecs. Un petit groupe de Grecs qui faisaient une plaisanterie contre une victime de leur groupe, ce qu’on appelle une « plaka ». Des plaisanteries un peu désagréables en se moquant du personnage.

Si aujourd’hui quelqu’un vous posait la question, vous avez le choix entre choisir les Etats-Unis et la France, quel serait votre choix ?

La France, sans aucun doute. Paris comme ville d’abord mais aussi toute la France, c’est un pays charmant. Selon moi les Français sont les personnes  les plus civilisées dans le monde entier. Il y a toujours une sympathie avec les belges, surtout francophones évidement. Avec les Italiens, c’est comme çi comme ça. Nous sommes des rivaux politiques, idéologiques etc. Avec les espagnols cela va mieux. Il y a des hommes très sympathiques et très intelligents  en Italie bien évidement, je ne veux pas généraliser. On avait des amis avec qui on faisait beaucoup de séance de poésie en Italie. J’ai été invité dans des célébrations, “Milano Poésie” etc. Il y avait une grande sympathie mais qui n’avait pas de suite, tandis que les amitiés françaises étaient pour la vie, c’était très différent. Il y a eu des amis français que j’ai gardé pendant toute ma vie et puis ensuite ils m’ont publié beaucoup en France tandis qu’en Italie très peu, dans quelques revues contrairement à la France ou il y a eu 5 livres de traduction et beaucoup de revues, une vingtaine. Il y avait une attitude beaucoup plus amicale de la part des français, culturellement mais aussi personnellement. L’Europe de l’Est est en ce moment assez hostile, ils ne nous aiment pas du tout. Ils suivent l’Allemagne. Les très peu de Russes, eux, étaient très sympathiques mais je ne les connais pas plus profondément. Empirikos était un quart Russe, sa mère était russe et il les connaissait très bien. Il avait un côté slave avec son émotionalité, son enthousiasme. Il était très passionné tandis que Breton n’aimait pas du tout les Russes. Les russes, d’ailleurs, n’ont pas du tout eu de surréalisme, ils avaient leur poésie à eux, le futurisme.

Le surréalisme c’est quoi avant tout pour vous ?

Pour nous les grecs, ils nous ont délivrés de cette sorte de prison rationnelle et un peu stérile dans laquelle on était élevés depuis notre enfance. Ils ne voyaient le côté politique ni du pays ni des idées et des attitudes humaines. Pour l’écriture, c’était une sorte de libération des formules classiques qui étaient encore très conservatrices du point de vue poétique. Il y avait un nouveau vent de liberté et c’est pour cela que les Grecs ont très bien reçus certains Grecs qui avaient beaucoup de sensibilité. Ils ont reçu le surréalisme presque comme un sauveur de l’ambiance préexistante qu’il y avait en Grèce à l’époque, qui était très étriquée. Je pense qu’il y a aussi une question de langue, le grec est très ouvert à de nouvelles expressions poétiques et les inventions de nouvelles images. Les poètes surréalistes en France ont beaucoup aidé les poètes grecs à réaliser leur potentiel de langue et de style. L’idée de cette liberté était aussi une liberté de l’amour, de l’expression, et dans la dimension politique les choses qui allaient ensemble avec la révolte, pour changer la société mais surtout la vie, comme disait Rimbaud.

Et qu’est ce que l’on devient aujourd’hui ?

Aujourd’hui cette expérience est une expérience qui est devenue historique. Moi, maintenant, j’écris des poèmes qui ont plus à faire avec ce qui se passe en ce moment dans le pays et dans toute l’Europe en fait, mais l’expérience que j’ai eu avec le surréalisme m’a beaucoup aidé a formé mon style actuel qui n’est pas un style surréaliste mais beaucoup plus personnel qui veut donner une émotion du connu et de l’inconnu en même temps. Cc’est à dire que les poèmes sont difficiles à comprendre mais faciles à lire parce que la langue est simple et elle n’est pas alourdie par beaucoup d’images et est facilement reconnaissable. En même temps, il y a un côté étrange qui est que le poème en lui même me dicte ce qu’il faut faire. Ce n’est pas moi qui dicte le poème, c’est le poème qui me dicte. Ce n’est pas la même chose qu’avec l’écriture automatique. Le poème commence par une phrase banale peut être et fini quelque part quand il ne veut plus continuer. Le poème est une entité ontologique qui me dicte, c’est cela la différence. Tout cela arrive d’une façon complètement informelle mais aussi avec des pensées. Il faut lire mes deux derniers livres de poèmes qui ont eu beaucoup de succès, “Le carnaval amer” et “l’oeil bleu profond du Cyclope” qui sont mes derniers poèmes et qui ont eu beaucoup de succès avec le public. Cela a beaucoup étonné mon éditeur car “Le carnaval amer” a fait une deuxième édition presqu’ immédiatement, deux-trois mois après.

* Entretien accordé à Costas Mavroidis et Magdalini Varoucha

M.V.

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