L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a officiellement inscrit six centres palatiaux minoens de Crète sur sa prestigieuse Liste du patrimoine mondial reconnaissant ainsi l’importance universelle de la civilisation minoenne. Les sites concernés sont les palais de CnossosPhaistosMaliaZakros,Zominthos et Kydonia et cette inscription, annoncée en juillet 2025, confirme l’identité culturelle unique de la Crète, en soulignant que les palais sont non seulement des sites archéologiques d’une valeur exceptionnelle, mais aussi des monuments vivants du patrimoine culturel mondial. 

Les sites archéologiques de CnossosPhaistosMaliaZakros,Zominthos et Kydonia en Crète, datant de 1 900 à 1 100 avant notre ère, représentent l’apogée de la civilisation minoenne, l’une des premières sociétés avancées d’Europe, qui prospéra entre 2800 et 1100 av. J.-C. environ.  Selon UNESCO, les centres palatiaux remplissaient des fonctions administratives, économiques et religieuses, caractérisés par une architecture poussée, un urbanisme complexe et des fresques colorées. Ils révèlent des systèmes d’écriture précoces, des réseaux maritimes, des échanges culturels et mettent en évidence la sophistication de la société minoenne et son influence durable sur l’histoire méditerranéenne.

La civilisation minoenne est une civilisation brillante et originale qui doit son nom au légendaire roi Minos, qui, pense-t-on, a régné sur l’île. Le nom correspondait peut-être en réalité à une dynastie ou même simplement à une fonction royale. Selon une légende grecque, le dieu Zeus tomba amoureux d’une belle princesse nommée Europe. Il se transforma en taureau et nagea vers la Crète avec la princesse sur son dos. Elle enfanta Minos, le premier roi de Crète.

La plupart des Minoens sont des paysans qui élèvent des animaux, cultivent et pêchent. D’autres commercent sur place ou voyagent avec leur navires pour échanger ou vendre des marchandises. Les Minoens aiment les jeux tauromachiques comme la voltige à taureau. Celui-ci étant vénéré comme dieu de la Mer, la voltige faisait sans doute partie des cérémonies religieuses. Des paysans s’installent en Crète, une île de la mer méditerranée. Lentement leur mode de vie débouche sur la première grande civilisation d’Europe. Graduellement, les petits villages s’agrandissent et deviennent des villes qui se sont bâties autour d’un immense palais.  

Les palais minoens ont été reconnus par UNESCO pour leur valeur universelle exceptionnelle, leur authenticité et leur intégrité, ainsi que pour la robustesse de leurs structures de protection. Ils sont considérés comme l’expression la plus représentative de la société et de la culture minoennes florissantes. Ces merveilles architecturales servaient non seulement de centres administratifs et économiques, mais aussi de pôles religieux et artistiques essentiels.

Parmi les éléments clés ayant contribué à leur inscription, on peut citer :

• Architecture monumentale : Ces palais sont des créations d’architecture monumentale, aux formes architecturales complexes, influencées par l’Égypte et le Proche-Orient, développées spécifiquement en Crète pour répondre aux besoins variés d’une société hiérarchisée. Le légendaire Labyrinthe, conçu pour le roi Minos, symbolise la complexité structurelle et la monumentalité de ces palais.
• Développement urbain et structures sociopolitiques précoces : Ils témoignent d’un développement urbain précoce et révèlent des structures sociopolitiques complexes organisées autour d’un système administratif hiérarchique.
• Systèmes d’écriture pionniers : Les sites fournissent une documentation inestimable sur les deux plus anciens systèmes d’écriture d’Europe : le hiéroglyphe crétois et le linéaire A, tous deux conçus en Crète au début du IIe millénaire avant notre ère.
• Échanges économiques et culturels : Les palais offrent des preuves matérielles de systèmes économiques anciens et avancés, notamment l’agriculture, l’élevage et le commerce maritime intensif en Méditerranée orientale. L’art minoen, avec ses caractéristiques naturalistes, a influencé la création artistique du monde entier dans divers domaines tels que la philosophie, la peinture, la littérature, la musique, la poésie, le théâtre et le cinéma.

La ministre de la Culture, Lina Mendoni, a souligné que ces palais « n’étaient  pas seulement des centres administratifs, mais des centres d’art, d’innovation et d’écritures anciennes », et que leur reconnaissance « confirme leur importance mondiale ». Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a également souligné que cette reconnaissance confirme la civilisation minoenne, « l’une des plus brillantes de la préhistoire égéenne », comme « une des racines de la pensée et de l’esthétique européennes ».

Le chemin vers l’inscription à l’UNESCO a été un effort collectif long et acharné, s’étalant sur de nombreuses années. Une précédente tentative, en 2003, de proposer uniquement le palais de Cnossos avait été abandonnée en raison de problèmes importants liés à son environnement. En 2014, cinq de ces palais (à l’exception de Zominthos) ont été inscrits en tant qu’« inscription en série » sur la liste indicative nationale grecque, une étape préparatoire obligatoire. Le dossier de candidature complet pour l’UNESCO a été constitué en 2018, surmontant des « arythmies administratives » qui ont été corrigées en 2020, date à laquelle Zominthos, étudié en profondeur, a également été intégré à la candidature.

Le dossier final, de plus de 600 pages, devait documenter méticuleusement l’importance universelle et l’authenticité des six sites, ainsi que leur cadre de protection. Soumis en septembre 2024 et finalisé en janvier 2025, le projet a adopté une approche holistique, répondant aux exigences de l’UNESCO en matière de promotion des sites archéologiques et de protection contre le changement climatique. Il comprenait une stratégie d’« investissement spatial intégré » et un plan de gestion détaillé.

L’inscription réussie est le fruit d’efforts coordonnés menés par le ministère grec de la Culture, en collaboration avec la région de Crète, des équipes archéologiques locales et étrangères, des institutions universitaires comme l’Université d’Athènes, et de nombreux organismes publics, dont le ministère des Crises climatiques et de la Protection civile et le ministère des Affaires étrangères. Le Représentant permanent de la Grèce auprès de l’UNESCO, Giorgos Koumoutsakos, a salué « l’effort collectif, et non individuel », ainsi que « l’impeccable coopération de tous ».

La Grèce se tourne maintenant vers ses prochains objectifs auprès de l’UNESCO, avec une proposition conjointe pour le mont Olympe (en tant que bien à la fois naturel et culturel) soumise à l’évaluation lors de la 48e session de l’UNESCO, suivie de la candidature de l’ancienne Nicopolis.

L’inscription des palais minoens sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est comparable à un précieux manuscrit ancien enfin conservé dans une bibliothèque universelle. Elle préserve non seulement ces chapitres inestimables de l’histoire humaine pour les générations futures, mais les ouvre également à un public mondial, permettant à la sagesse, à l’art et aux structures sociétales d’une civilisation antique d’inspirer et d’éclairer le monde contemporain.

– Photo d’introduction: Centre palatial de Cnossos. Peintures murales. © Ministère de la Culture (Grèce)
– Source principale du texte: Greek News Agenda | Crete’s Minoan Palaces Achieve UNESCO World Heritage Status

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M.V.

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