Source de lumière précieuse pour les marins, pour un peuple maritime et pour un pays dont le littoral dépasse les 16000 km, les phares sont omniprésents en Grèce, aux entrées des ports, sur les îles, les îlots et les rochers au bord de la mer. Leur première apparition se perd dans le temps et les références sur les feux de signalisation maritimes, dans les textes anciens, comme dans les épopées d’Homère, sont multiples.
Pendant l’Antiquité, avec le développement de la marine et du commerce maritime les peuples de la Méditerranée, les Grecs et les Romains entre autres, ont dû établir un système de signalisation pour les zones dangereuses et les ports. Le phare le plus connu est celui d’Alexandrie, qui était considéré comme la septième des sept merveilles du monde antique. Il a été édifié pendant l’Époque hellénistique par Ptolémée Ier sur l’île de Pharos dans le port d’Alexandrie. D’où provient d’ailleurs le terme actuel « pharos » en grec et l’origine du terme chez les langues romanes, dont le français « phare ». Le phare d’Alexandrie fonctionne, et connait plusieurs rénovations, jusqu’au 14ème siècle où il s’effondre finalement à la suite de deux tremblements de terre importants.
Les phares maritimes grecs ont suivi les évolutions internationales dans le domaine architectural et technique en ce qui concerne leur construction et leur fonctionnement. Des mises au goût du jour même si les progrès technologiques et les nouveaux moyens de géolocalisation les rendent de plus en plus superflus. Construits, dans la plupart des cas, vers la fin du 19eme ou au début du 20eme siècle les phares en pierre de taille constituent aujourd’hui des monuments industriels vivants, avec une architecture singulière. Aujourd’hui il reste 144 phares traditionnels en pierre de taille dont 58 sont surveillés par des gardiens de phare, une profession en voie de disparition. En 1980 le Service des Phares, qui appartient à l’Etat-major de la Marine, emploie 320 gardiens, aujourd’hui seuls 62 sont présents.
Les phares grecs se composent d’habitude d’une tour qui sert de support au système optique et par un – et parfois plusieurs – édifice qui sert de maison aux gardiens. La hauteur de la tour est en relation avec la puissance du système optique, qui détermine sa portée géographique et sa visibilité par les navires qui traversent les mers. La tour est soit : cylindrique, une des constructions les plus difficiles et chères mais très résistante aux vents et lames de la mer, soit carrée, hexagonale ou octogonale. La hauteur des tours cylindriques en Grèce commence à quelques 4,5 mètres et monte jusqu’à 29 mètres comme c’est le cas des phares de l’ilot Vardianoi à Céphalonie et de Syros.
La forme octogonale est beaucoup plus courante et elle était utilisée pour la construction des phares de Gytheion et Sapientza, ainsi que ceux de Chania (La Canée) et d’Héraklion. La hauteur des tours octogonales est entre les 9,5 mètres et 23 mètres, taille respectives des phares de Sapienza et de Gytheion. Les tours de forme carrée ont été construites en des lieux plus abrités comme le phare de Tainaron (Ténare), d’une hauteur de 16 mètres, qui est protégé du côté Nord par une montagne. La hauteur des tours se situe entre 6,5 mètres, comme celle du phare de Monembasía, jusqu’à 16 mètres au phare de Tainaron.
La tour est parfois tangente à la demeure du gardien, parfois incrustée dans la demeure, parfois elle se dresse vers le haut du centre de la demeure, ou enfin elle en est complètement séparée.
La plupart des phares ont été détruits pendant la deuxième guerre mondiale par les Allemands et reconstruits après la libération. Aujourd’hui une grande campagne est en cours pour leur sauvetage, concernant surtout ceux qui ne sont plus à l’usage. La Fondation Laskaridis a par exemple financé la restauration de plusieurs phares traditionnels. Aujourd’hui classés monuments historiques par l’Etat, leur préservation est assurée et ils pourront à l’avenir être visités en tant qu’attractions touristiques. Pour visiter les phares qui continuent à fonctionner il faut actuellement être muni d’une licence spéciale. Attribuée par le Service des Phares après demande.
L’architecture des phares, bâtis dans des endroits magnifiques, comme la vie difficile des gardiens des phares, solitude agitée contre les forces de la nature, n’ont cessé de hanter l’esprit des artistes, écrivains, peintres, poètes, cinéastes entre autres. Avec des feux vivants ou éteints ces édifices continueront à nous inspirer pour longtemps.
Bien que chaque phare grec est digne de notre attention, nous vous proposons une courte sélection parmi cet ensemble merveilleux.
Le phare de Stroggili Megistis
Stroggili Megistis est une petite île inhabitée du Dodécanèse près de Castellorizo, et constitue le dernier territoire grec à l’Est de la Méditerranée. Son phare est situé sur la partie Sud de l’île et a brillé pour la première fois en 1910.
Le phare Tourlitis d’Andros
Le phare a été construit en 1887 et la hauteur de sa tour cylindrique atteint les 7 mètres. Il est situé juste en face du château de la capitale de l’île Andros et reste l’unique phare grec construit sur un rocher au milieu de la mer.
Le phare de Sapientza
Sapientza est une petite île dans l’archipel d’Inousses en face de Méthone, au Sud du Péloponnèse (à ne pas confondre avec l’archipel d’Inousses à l’Est de l’île de Chios). Son phare en pierre bâti en 1885 est situé sur le sommet le plus haut de l’île.
Le phare de Chania
Le phare dans le port de Chania, en Crète, est le plus ancien de Grèce et peut-être de toute la Méditerranée. Le premier phare a été érigé pendant l’occupation vénitienne de l’île, avant 1593, d’où elle tire sa base octogonale. Les autres parties du phare ont été reconstruites en 1839.
Le phare d’Apolytares à Anticythère
Le phare d’Apolytares à Anticythère a été érigé en 1926 sur la pointe Sud de l’île et sa tour est de 23 mètres. Le phare est exposé aux intempéries de la région, où dominent vents violents et vagues impressionnantes.
*Texte écrit par Lazaros Kozaris
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