La région de Zagori, située au cœur de l’Épire, au nord-ouest de la Grèce, est célèbre pour ses villages en pierre, connus sous le nom de Zagorochoria. Les villages, qui présentent une architecture traditionnelle adaptée à la topographie de cette région montagneuse, ont été inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO  en septembre 2023.

Le paysage naturel de Zagori

Zagori fait partie du massif montagneux du Pinde. Cette région est d’une beauté naturelle saisissante et comprend le parc national de Vikos-Aoos (avec les gorges de Vikos), le parc national du Pinde (également connu sous le nom de « Valia Calda»), le massif de Tymphi (ou Tymfi), la rivière Voidomatis (un affluent de la rivière Aoos) et plusieurs lacs, tels que le « lac du dragon » (Drakolimni, en grec) de Tymphi.

Il s’agit donc d’une région d’importance exceptionnelle pour la conservation d’espèces de flore et de faune rares, menacées et en grande partie endémiques. La zone comprend de vastes forêts, des bosquets, des prairies alpines, mais aussi des étendues de végétation méditerranéenne, créant une mosaïque diversifiée d’habitats et de micro-paysages qui font partie d’un riche patrimoine bioculturel.

A gauche: Chemin pavé à Dilofo (© Service of Modern Monuments and Technical Works of Epirus, North Ionian and West Macedonia via l’UNESCO); à droite: Le monastère d’Agios Ioannis Rongovos. Tsepelovo (© Costas Zissis via l’ UNESCO)

L’histoire des villages de Zagori

La présence humaine dans la région de Zagori remonte au Paléolithique supérieur, comme il est indiqué dans le texte de la proposition d’inscription soumise à l’UNESCO  par le ministère grec de la Culture et des Sports. Les hommes se sont adaptés à cet environnement qui paraît rude et inaccessible, en formant une communauté centrée sur la culture à petite échelle, l’élevage d’animaux et l’exploitation forestière.

Au XVe siècle, la région est passée sous la domination ottomane, comme d’ ailleurs le reste de la région de l’Épire. Cependant, certains villages de Zagori ont conclu un accord favorable, qui prévoyait la conservation de leur autonomie et un gouvernement local. Plus important encore, les habitants ont été exemptés des taxes normalement prélevées sur les non-musulmans, en offrant en échange certains services.

Le village de Kipoi, à proximité des gorges Vikaki; à l’arrière-plan, les pics de Tymphi (©A. Vroikos /EPIRUS S.A. via l’ UNESCO)

D’autres villages se sont ajoutés plus tard à cet accord, tandis que vers la fin du XVIIe siècle, de nouveaux privilèges leur ont été accordés grâce à l’influence des Phanariotes, originaires de Zagori (une élite grecque, qui occupait des postes importants dans l’Empire ottoman), lorsque l’union des villages a été transformée en ligue (en grec, «Koinon» des habitants de Zagori). Les nouveaux privilèges comprenaient l’interdiction de la présence turque dans la ligue. Au milieu du XVIIIe siècle, la plupart des villages de Zagori appartenaient à la ligue et davantage de pouvoirs ont été accordés au chef du gouvernement local. La région a perdu son autonomie en 1868 et s’est incorporée à la Grèce à la suite des guerres des Balkans, dans les années 1912 et 1913.

Le village de Dilofo et, à l’arrière-plan, les forêts de chênes du centre de Zagori (© H. Papaioannou / EPIRUS S.A. via l’ UNESCO)

Zagorochoria: Les villages de Zagori

Le nom de Zagori est probablement d’origine slave et signifie «derrière les montagnes». Dans les 45 villages traditionnels de la région domine la pierre, que l’on retrouve dans les constructions en pierre sèche (terrasses, moulins, aires de battage, bergeries et enclos), mais aussi dans les bâtiments des villages et les infrastructures, comme les ponts à arches. 

Maison de la famille Ioannidis (intérieur) (© Dimitris Ioannidis via l’ UNESCO)

Le paysage de Zagori a pris sa forme actuelle aux XVIIIe et XIXe siècles, dotant ainsi la région d’une identité architecturale bien distincte. Grâce aux droits et privilèges accordés aux villages de Zagori au XVIIIe siècle, la région a connu un essor économique et culturel important, avec la création de grands bâtiments scolaires, bibliothèques, églises, monastères, ainsi que de luxueuses demeures.

Le paysage culturel de Zagori a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, selon le critère de sélection (v), c’est-à-dire en tant qu’ «exemple éminent d’établissement humain traditionnel, représentatif d’une culture». Parmi les villages les plus célèbres de la région figurent Aristi, Vitsa, Vovousa, Dilofo, Doliani, Elati, Itea, Karies, Leptokaria, Monodendri, Papingo (une des communautés les plus connues de Zagori, composée de deux villages : Megalo [Grand] et Mikro [Petit] Papingo), et Tsepelovo.

Monastère de Panagia Spilaiotissa (village d’Aristi), sur la berge ouest de la rivière Voidomatis (©A. Vroikos /EPIRUS S.A. via l’ UNESCO)

En Grèce, les Zagorochoria figurent parmi les destinations touristiques les plus populaires pour l’hiver, mais la beauté naturelle de la région, sa végétation et ses plans d’eau attirent également des visiteurs tout au long de l’année, en particulier ceux qui préfèrent le climat frais des montagnes pendant les mois les plus chauds de l’année.

Texte original: Greek News Agenda

Photo d’introduction: Le village de Papingo (© Costas Zissis via l’UNESCO)

S.G.

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