À l’occasion du bicentenaire de la Révolution grecque de 1821, l’Institut français de Grèce, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BNF), et son site de presse RetroNews, présentent une unique exposition virtuelle et bilingue (grec/français) sur l’histoire de la Révolution ainsi que son écho européen.

En se plongeant dans leurs collections de livres, de théâtre, de musique ou encore de réclames commerciales, les organisateurs proposent au public une exposition innovante : des vidéos créées par un comité d’historiens grecs et français reviennent sur les différents aspects de la révolution, au même titre qu’un site internet créé pour l’occasion. Le site nous invite à examiner les relations franco-grecques sous tous les angles et, fidèle à la tradition interdisciplinaire de l’historiographie française, les souvenirs des batailles et de luttes cohabitent avec des champs nouveaux, tels que la place des femmes ou l’engagement du monde artistique au sein de la lutte anti-ottomane. Presse, littérature, chants, peinture, cartes, poésie, correspondances aussi, tant d’archives qui permettent encore aujourd’hui d’apprendre un bon nombre d’ éléments sur leurs vies offertes à la révolution grecque.

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Carte de l’empire de Turquie comprenant le nouveau théâtre de la guerre, 1821. Source : Gallica-BnF © https://1821.ifg.gr/fr

Comme indiqué dans le communiqué de l’expo, l’initiative « vise à restituer les engagements, les regards, l’émotion fédératrice suscités par la Révolution grecque en Europe » et nous plonge dans un voyage dans le temps, afin de redécouvrir au travers des archives de la BNF comment l’écho de la Révolution grecque se propagea partout en Europe et quel fut l’engagement, le grand mouvement philhellène qui s’exprima aux côtés des résistants grecs.

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Panagiotis Zographos, Bataille de Sphactérie et siège de Navarino, 1825. Source : Wikimedia Commons.

Dès 1821, partout en France, en Angleterre, en Allemagne, l’écho de la Révolution se propage et s’amplifie ; un mouvement philhellène se met en marche tant dans les opinions publiques que dans l’engagement, aux côtés des résistants grecs, de jeunes romantiques et d’anciens soldats qui viennent se battre pour la cause des Grecs.

Dévoilant les ressorts et l’ampleur de ce mouvement philhellène, l’exposition – la plus importante jamais réalisée sur le sujet – s’appuie sur plus de 100 visuels, dont plusieurs inédits, issus des archives de la Bibliothèque nationale de France, du Musée national d’Athènes, de la Bibliothèque du Parlement grec ou du musée du Louvre. Toutes ces archives exposées sur le site de l’expo sont autant de témoins du temps, témoins de ce “moment philhellène”.

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Drapeau de Psara portant le symbole de Filiki Eteria et l’inscription «ΨΑΡΡΑ – ΕΛΕΥΘΕΡΙΑ Η ΘΑΝΑΤΟΣ » (Psara – La liberté ou la mort). Source : Musée d’histoire nationale d’Athènes © https://1821.ifg.gr/fr
 
Les axes de l’exposition : Histoire de la Révolution, Mouvement philhellène, Opinion publique, Arts, Education

L’exposition est structurée autour de huit chapitres à commencer par les origines de la Révolution dès XVIIIe siècle quand la Grèce fut un laboratoire révolutionnaire, sœur de la Révolution française. (Chapitre 1 : Comment la révolution vient)

Le deuxième chapitre présente les comités et la mobilisation en France et en Europe et explique comment le mouvement philhellène structuré autour de la cause des Grecs, gagne les grandes capitales du monde, de Londres à Paris, de l’Allemagne à la côte Est des États-Unis.

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A gauche: lettre de Guillaume Favre-Bertrand, président du Comité grec de Genève, à Jean-Gabriel Eynard, 7 mars 1826 (source : Bibliothèque de Genève). A droite: “Dithyrambe sur la Liberté” par Dionysios Solomos: couverture, page de titre et quatre premières strophes de l’édition française de 1825, avec la traduction par Stanislas Julien (source : Gallica-BnF) © https://1821.ifg.gr/fr

Il est à noter que l’un des leviers les plus efficaces de la mobilisation en faveur de la cause grecque réside dans la constitution, à partir de l’été 1821, de nombreux comités philhellènes qui connaissent des trajectoires très variables : si les plus importants (Stuttgart, Francfort, Genève, Paris, Marseille, Londres, Liège) se distinguent par des envois d’argent, d’armes et de volontaires sur place, d’autres survivent quelques mois à peine et ne laissent qu’une documentation très mince, au moment où d’autres changent de nom ou se divisent en sous- comités. Mais que ce soit sur la scène internationale ou à l’échelle locale, tous participent d’une dynamique de mobilisation de l’opinion publique qui passe par la diffusion régulière des nouvelles de la guerre, ainsi que par l’organisation de nombreuses manifestations qui, de concerts « patriotiques » en levées de fonds et de bals de charité en publications d’ouvrages, affirment l’omniprésence de la Grèce dans l’actualité politique des années 1820.

Le rôle des femmes dans la Révolution grecque, minoré voire occulté par une histoire officielle avant tout soucieuse de célébrer la mémoire de ces « grands hommes » est aussi examiné par l’expo.

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A gauche: Adam Friedel, Madon, fille de l’hospodar Nicolas Mavroguenay, 1832(source: coll. Gennadius Library, American School of Classical Studies, Athènes). A droite: Les fameux Documents relatifs à l’état présent de la Grèce, publiés d’après les communications du Comité Philhellénique de Paris, dont il est question au paragraphe 4 et qui figurent parmi les ouvrages publiés par le comité parisien © https://1821.ifg.gr/fr

Le chapitre 3 examine le rôle de la presse  pendant la Révolution (la presse française et la presse grecque face à la révolution, ainsi que les perceptions ottomanes) et dans le chapitre suivant des portraits des dix volontaires philhellènes sont présentés (Santa Rosa à Sphactérie, Charles Fabvier, Maurice Persat, Marcos Botzaris, Lord Byron, Edward John Trelawny, Olivier Voutier, La duchesse de Plaisance, Arsenios Ianoukos et Chateaubriand)

Le chapitre 5 ayant comme titre : L’art au combat présente le grand mosaïque des arts du quotidien, ceux des papiers de bonbons, des étiquettes commerciales qui diffusent partout le message de la lutte, et à leurs côtés, les chants, les peintures (notamment d’Eugène Delacroix), le théâtre, les poèmes qui réclament comme Victor Hugo, « de la poudre et des balles ».

De plus, dans ce chapitre de l’expo, sous le titre Quand le philhellénisme fait vendre  on voit un aspect moins connu des représentations de la lutte grecque : à partir du milieu des années 1820, le thème grec se trouve décliné sur une grande variété de produits de consommation quotidienne. Les confiseurs ne sont pas en reste, eux qui consacrent à la révolte plusieurs assortiments d’enveloppes et de vignettes, tandis que moins d’un an après la mort du poète, un parfumeur commercialise une eau de Cologne sous le nom d’« Esprit de Byron ». Entre engagement et opportunisme, la publicité capitalise sur l’image très favorable de la cause grecque dans l’opinion publique européenne de l’époque.

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A gauche : Eugène Delacroix, Étude pour les massacres de Scio, date inconnue. Source  © RMN- Grand Palais (musée du Louvre). A droite : Liqueur des courageux Grecs, extrait de Recueil d’étiquettes, distillateur. Source © Bibliothèque nationale de France © https://1821.ifg.gr/fr

Par la suite on se tourne vers la dimension éducative du mouvement philhellène qui explique comment l’éducation de jeunes Grecs en Europe fut l’une des formes d’action des divers comités philhellènes britanniques, français, suisses ou allemands. Bien qu’elle n’ait concerné que quelques dizaines de jeunes garçons, cette action entrait en résonance avec l’un des grands ressorts du mouvement, la référence à la Grèce antique, et avec le fort intérêt de l’époque pour les questions pédagogiques.

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George Philipp Reinagle, The Battle of Navarino. 1828 . Source : Greenwich, National Maritime Museum © https://1821.ifg.gr/fr

Le chapitre 7,  Missolonghi, Navarin, l’expédition de Morée examine trois séquences importantes dans la guerre d’Indépendance et enfin le dernier chapitre Héritages et historiographie cherche les traces de l’héritage politique de la Révolution grecque et les étapes menant à la  reconnaissance internationale de l’indépendance de la Grèce en février 1830 et à l’établissement du nouvel État grec.

Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr 

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M.V.

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